Depuis 2001, Jean-Paul Roland est le directeur du festival des Eurockéennes de Belfort. Un métier peu commun où le travail d’une année doit préparer quatre journées de festival qui accueillent plus de 120 000 personnes. Enfance, rapport à la musique, argent, stars, organisation, joies, stress et peurs…L’homme de culture se livre et répond à nos questions.
Ah, les Eurockéennes de Belfort. Depuis sa première édition en 1989, le festival est un rendez-vous incontournable quand arrive le premier week-end de juillet. Chaque année, des centaines de milliers de festivaliers convergent de toute l’Europe vers la presqu’île du Malsaucy, petit coin du Territoire de Belfort qui devient l’espace de quelques jours le centre du monde musical.
Daft Punk, Booba, David Bowie, Coldplay, Kanye West, Oasis, Jay-Z, Bob Dylan, Lou Reed, Radiohead, Stromae, Metallica, Amy Winehouse, James Brown… La liste des légendes étant passées par les Eurocks est longue. Et continue de s’agrandir puisque Iron Maiden viendra performer lors de la 35e édition du festival, en juin prochain. Derrière la venue de ces noms, toute une équipe, chapeautée par un seul homme depuis 2001 : Jean-Paul Roland.
Né à Besançon, élevé en Côte d'Ivoire
JPR et les Eurocks, c’est une histoire d’amour émaillée de stress, de doutes, de décisions fortes, de tempêtes et surtout, de beaucoup de joies. C’est en 1996 que la trajectoire de Jean-Paul Roland, alors designer sur Paris, rencontre celle des Eurockéennes. Avec, en toile de fond, la musique, toujours.
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Jean-Paul Roland, c’est d’abord un amoureux du son. Né à Besançon en 1963, élevé en Côte d’Ivoire “au gré des pérégrinations de mon papa, médecin de brousse”, l’enfant d’alors se souvient de ses premières expériences culturelles, les westerns spaghettis et les films de kung-fu. Puis à 12 ans, retour en France, dans un internat de Haute-Saône.
La musique fait office d’espace de liberté, de résistance, d’échappatoire. C’est l’époque du rock, écouté sous l’oreiller. D’un premier CD acheté dans un bric-à-brac de Vesoul. Cette fibre musicale ne le quittera plus. Monté à Paris, Jean-Paul Roland peut enfin subvenir à ses besoins de culture. Un concert des Clash, au théâtre Mogador, le marquera à vie.
Je traînais beaucoup dans les concerts, mais je n'ai jamais eu l’envie d’en organiser. J'étais bien devant la scène, je voulais pas aller traîner derrière. Je sacralisais la scène et les artistes.
Jean-Paul Roland,Directeur des Eurockéennes de Belfort
Designer à la capitale, c’est avec “hasard et passion” qu’il recrée son lien avec la Franche-Comté. “En 1996, un pote m’appelle pour un poste de directeur artistique à Belfort. Pour m’attirer, il m’a dit qu’il y avait un festival qui venait de naître” se souvient-il. “C’était une mission limitée dans le temps, j’y suis toujours”.
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Ça y est, la réunion a eu lieu. Jean-Paul Roland travaille alors pour le Conseil départemental du Territoire, qui gère à l'époque le festival. Il travaillera sur la communication des Eurocks, puis y deviendra conseiller artistique avant de gravir les échelons jusqu’à en devenir le directeur, en 2001, lorsque l’événement traverse une période de crise.
Découverte d'Amy Winehouse ou Arctic Monkeys
À 38 ans, Jean-Paul Roland s’emploie à revivifier le festival. Avec un gros travail sur “l’expérience” hors scène ou l’emploi de programmateurs locaux. JPR se fait aussi manager, construit autour de lui une équipe, apprend à gérer les budgets et voyage pour dénicher les pépites.
On a beaucoup voyagé. On a été chercher des groupes là où il se produisait pour la première fois. Amy Winehouse, Arctic Monkeys, Franz Ferdinand.
Jean-Paul RolandDirecteur des Eurockéennes de Belfort
Petit à petit, les Eurocks retrouvent une place majeure sur l’échiquier mondial des festivals de musique. Toute l’année, Jean-Paul Roland s’attache donc à tout faire pour “essayer de construire une ville qui accueille 100 000 personnes”. Et cela prend du temps. “On doit organiser leur déplacement, la vie sur le site, gérer les flux interne et externe, avoir les autorisations de sécurité, trouver l’argent, monter des partenariats, négocier avec les artistes, et toujours se renseigner sur l’évolution de la scène musicale”.
Daft Punk, dealer et tempêtes
Des missions multiples, menées en équipe sous la pression de “ne pas être en retard et respecter les échéances”. Après 23 ans de direction, Jean-Paul Roland ne manque bien sûr pas d’anecdotes. Celle des Daft Punk présents incognito, sans leur masque, parmi la foule. D’un grand DJ, aussi, qui l’avait pris pour son dealer. Où de la peur ressentie lors des tempêtes, où des tensions provoquées par les émeutes de juillet 2022.
Tous ces moments, tous ces souvenirs, Jean-Paul Roland nous les confie lors d’une interview en longueur, dans le cadre exceptionnel de la Grande Halle des Eurockéennes. Pendant plus de 35 minutes, JPR nous a expliqué avec passion son métier si particulier de directeur de festival, se livre sur son enfance, la place des arts et de la musique dans sa vie personnelle ou encore la fonction sociale que peuvent avoir selon lui les festivals dans notre société. Un cocktail des moments forts de sa vie et de son "aventure eurockéenne". À déguster.
Une interview préparée par Antoine Comte, avec la complicité de Jean-Michel Bohé, Joé Gutleben, Romuald Piniac, Jean-Philippe Perret, Mathieu Hullar et Léa Gutleben.
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