De la baie du Mont-Saint-Michel aux falaises de la Côte d'Albâtre, la Normandie compte 600 kilomètres de littoral, avec des profils très différents. Terrain de jeu pour les uns, source d'énergie et parfois d'inquiétude pour d'autres, la mer en cinq états.
La mer des vétérans : un patrimoine !
Les cérémonies ont l'art de nous rappeler l'essentiel. La liberté, si fragile en Europe, s'est gagnée grâce au courage d'hommes, venus du monde entier par la mer.
Cette année encore, pour les 80 ans du Débarquement, tous les projecteurs étaient braqués sur les vétérans, devenus fragiles mais dont l'humilité nous oblige à ne rien oublier.
Devant vingt-cinq chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que 250 vétérans de la Seconde guerre mondiale, le Président de la République a donné des accents politiques à la cérémonie internationale, en conviant Volodymyr Zelensky, le président ukrainien.
Face au retour de la guerre sur notre continent, face à la remise en cause de tout ce pour quoi ils se sont battus, face à ceux qui prétendent changer les frontières par la force ou réécrire l’histoire, soyons dignes de ceux qui débarquèrent ici. Votre présence ici, en ce jour, monsieur le Président d’Ukraine, dit tout cela.
Emmanuel Macroncommémoration des 80 ans du Débarquement
Le poids des mots et des images aussi. Après une chaude embrassade avec le Président ukrainien, l'ancien militaire de la 8e Airborne Melvin Hurwitz lui a glissé : "Vous êtes le sauveur du peuple, j'en ai les larmes aux yeux, je prie pour vous". Gêné, Volodymyr Zelensky a répondu : "Non, c'est vous notre héros".
80 ans du Débarquement. Le président Volodymyr Zelensky échange quelques mots avec les vétérans présents à la cérémonie internationale d'Omaha Beach
— France 3 Normandie (@f3normandie) June 6, 2024
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Les plages du Débarquement seront-elles un jour classées au patrimoine mondial de l'Unesco ? Après cinq années "en suspens", la Région Normandie, les services de l’Etat et les collectivités relancent le dossier.
La mer qui grignote
En avril, l'effondrement de falaise à Veules-les-Roses rappelle la fragilité de la terre, face à la mer. Le dérèglement climatique s'accélère, provoquant des tempêtes de plus en plus fortes.
Dans le Cotentin, à Barneville-Carteret, les barrières végétales, dressées pour retenir le sable, ont même cédé. Les premiers "déplacés climatiques de la Manche" sont des agriculteurs, qui ont dû quitter, en novembre, leur ferme menacée par la montée des eaux.
La mer nourricière, avec les pêcheurs
La Normandie peut s'enorgueillir de conserver un vivier assez riche, et mieux préservé qu'en Méditerrannée. Résultat d'une bonne gestion des ressources, de la part des pêcheurs, avec des quotas et une surveillance qui permettent de reconstituer les peuplements de poissons, de coquillages et de crustacés.
Pour la coquille Saint-Jacques, 40 000 tonnes ont été débarquées, avec une qualité remarquable. En revanche, alerte pour le bulot, la Normandie est la première région française de pêche et sa ressource diminue fortement à cause du réchauffement climatique.
La coquille Saint-Jacques est le produit emblématique de la pêche en Normandie : 7 coquilles françaises sur 10 sont produites sur le territoire.
La mer, source d'énergie
La mer, combinée au vent, fait tourner le moteur. Le premier parc d'éoliennes de la région a été mis en service à Fécamp, en mai et fournit de l'électricité à 770 000 foyers.
D'autres projets vont fleurir, Courseulles-sur-Mer en 2025, puis Dieppe-Le Tréport en 2026.
Le vent semble décidément très porteur, à Fécamp, puisqu'en octobre, le ministre délégué de la Mer et de la Pêche, Fabrice Loher, et Olga Givernet, ministre déléguée de l'Énergie, ont présenté une cartographie nationale des zones propices pour accueillir de futurs parcs éoliens.
Parmi les projets les plus avancés, deux nouveaux parcs éoliens pourraient voir le jour au large de Fécamp d'ici 2035, avec une montée en puissance jusqu’à 4 gigawatts.
"C'est huit fois la capacité de la zone actuelle", explique Damien Levallois, le directeur de projet de parc éolien en mer à la DREAL Normandie.
La mer, une aventure humaine pour les marins du Vendée Globe
La dixième édition du Vendée Globe s'est élancée le 10 novembre des Sables-d'Olonne. Trois Normands figurent parmi les 40 skippers à prendre le départ de la mythique course à la voile en solitaire autour du monde : Charlie Dalin, Manuel Cousin et Louis Duc.
Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) veut prendre sa revanche. Lors de la dernière édition, en 2020, il avait été le premier skipper à couper la ligne d'arrivée du Vendée Globe mais la victoire était revenue à Yannick Bestaven (Maître coq IV), en raison de compensations dont il bénéficiait pour avoir secouru Kévin Escoffier.
Au coude-à-coude avec Yoann Richomme, il pourrait arriver dans trois semaines, d'après les premières estimations, en battant le record détenu depuis 2017 par Armel Le Cléach.
Louis Duc vit son premier Vendée Globe. Le Manchois, audacieux et adepte de la débrouille, fait partie des 15 bizuts de l'édition 2024. Il s'est forgé de l'expérience petit à petit en Mini, puis en Class40, jusqu'à changer de dimension et enfin réaliser son rêve de participer à la plus iconique des courses à la voile autour du monde.
Dans le classement non officiel des bateaux à dérives, Louis Duc s'en sort bien, en figurant derrière le ténor, Jean Le Cam.
C'est la deuxième participation de Manuel Cousin. Basé aux Sables d'Olonne, le Rouennais de 55 ans s'aligne sur toutes les courses IMOCA depuis 2017.
Finisher de la Rolex Fastnet Race (23e), de la Transat Jacques Vabre (25e) et de la New York Vendée - Les Sables d'Olonne, le navigateur aime cet esprit d'aventure. Il avait bouclé le Vendée Globe 2020 à la 23e place, en 103 jours, avec un vérin de quille cassé.
Pour suivre en direct les marins normands, consultez la cartographie du Vendée Globe.