Les syndicats pénitentiaires ont rencontré ce mercredi le Ministre de la justice Eric Dupont-Moretti à Paris. Ils ont discuté de mesures supplémentaires après la mort en service de deux agents, tués par un commando dans l'Eure. Malgré des échanges positifs, l'intersyndicale attend des engagements écrits et appelle au maintien des blocages des prisons.
La réunion avec le Ministre de la Justice était très attendue par l'intersyndicale de l'administration pénitentiaire, au lendemain de l'attaque mortelle d'un fourgon à Incarville par un commando armé, qui a coûté la vie à deux agents.
Reçus à 13h à Paris par le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti, les représentants des agents pénitentiaires espéraient des mesures et des moyens supplémentaires pour assurer leur sécurité lors de leurs missions quotidiennes.
Dans un climat lourd, entre deuil et inquiétudes, ils revendiquaient notamment "la réduction drastique des extractions en favorisant l'utilisation de la visioconférence ou le déplacement des magistrats en établissements", "des équipements et du matériel mieux adaptés" et "le déploiement accéléré des brouilleurs de téléphones portables et du contrôle des drones".
"On a été entendus"
Au terme d'un temps d'échanges de plus de trois heures, les représentants des agents pénitentiaires ont estimé avoir eu des discussions positives avec le Ministre de la Justice.
Parmi les sujets abordés : l'équipement en armes de tous les agents pour les extractions judiciaires et médicales, un meilleur équipement des véhicules, une multiplication des auditions en visioconférence par les magistrats.
On va réduire les extractions judiciaires et pouvoir augmenter les visioconférences et les déplacements des magistrats. Le sujet est lancé et on va y travailler
Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO Justice, interrogé par l'AFP
Mais l'intersyndicale (FO Justice, l'Ufap-Unsa Justice, la CGT Pénitentiaire et le Syndicat pénitentiaire des surveillants) reste dans l'attente d'engagements écrits concrets. Dans ce contexte, elle appelle au maintien des blocages des établissements pénitentiaires ce jeudi en France.
Depuis ce mercredi 15 mai 2024, aucun parloir, transfert ni mouvement vers l'intérieur ou l'extérieur des centres de détention n'était autorisé, avant que des mesures concrètes soient prises par le gouvernement.
Cette opération "prison morte", orchestrée un peu partout en France à l'appel de l'intersyndicale, est donc amenée à perdurer.
"Des propositions sur le transfèrement" d'ici un mois
Encore sous le choc du drame qui a coûté la vie à deux de leurs collègues, les personnels pénitentiaires étaient mobilisés devant toutes les prisons de France ce mercredi pour exprimer leur tristesse, mais aussi leur colère face à un manque de moyens.
Face aux agresseurs, les agents n'avaient qu'"un simple Sig Sauer (une arme de poing, NDLR) contre des armes de guerre", a accusé Frédéric Liakhoff, secrétaire FO-Justice au centre pénitentiaire de Caen.
L'émotion était particulièrement forte ce mercredi matin au centre de détention de Caen, où travaillaient Fabrice et Arnaud, les deux agents tués par des hommes armés venus libérer Mohamed Amra.
Sacha Houlié, le Président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale a annoncé la création d'une mission chargée de faire d'ici un mois "des propositions sur le transférement et les extractions de d'administration pénitentiaire. La sécurité de nos agents pénitentiaires est essentielle à la sécurité des détenus et de nos concitoyens".