Témoignages. Quatre normandes en équipe nationale de futsal : "je n'y croyais pas"

Publié le Écrit par Anne Dufort Cornilliet

Terreau du football féminin, la Normandie peut désormais se targuer d'avoir plusieurs joueuses en équipe nationale de futsal. Ce sport déjà bien développé chez les hommes a franchi un nouveau cap chez les femmes. Trois Normandes ont disputé le premier match de l'équipe de France et une autre se prépare à représenter la sélection marocaine.

"C'est une sensation indescriptible !" Début novembre, quatre joueuses normandes de futsal ont été appelées pour représenter leur nation respective. Léna Jouan, Gaëlle Bisson et Fanny Gosseye ont disputé le premier match de l'équipe de France, mardi 7 novembre. Dounia Baghit s'est envolée pour rejoindre la sélection du Maroc, lundi 13 novembre.

Devenues les pionnières de ce sport né au Brésil dans les années 1930, qui se joue à cinq contre cinq sur un terrain équivalent à celui du handball, en gymnase ou en extérieur, elles nous livrent leurs expériences et leurs nouvelles ambitions.

"Avant ça n'existait pas, on ne pouvait donc pas en rêver"

"C’est difficile de mettre des mots sur cette première sélection, raconte la gardienne, Gaëlle Bisson, 27 ans, originaire de Grossœuvre (Eure). Franchement, c’est une sensation indescriptible !" Comme elle, la native d'Aunay-sur-Odon (Calvados), Léna Jouan, la Rouennaise Fanny Gosseye et la Caennaise Dounia Baghit sont issues du football sur herbe.

Seule Léna Jouan, 27 ans, a évolué au plus haut niveau français en tant que défenseure, en D1 Arkema avec le FC Fleury. Les autres ont connu la Deuxième Division ou la Régionale 1 avec Quevilly - Rouen Métropole (QRM) et l'Avant-Garde Caen Football (AG Caen).

Mais toutes ont vécu de fortes émotions à l'appel de leur nom. "Le sélectionneur a contacté ma mère, quand elle me l'a annoncé, je ne la croyais pas, se souvient Dounia Baghit, l'attaquante de 23 ans et capitaine de l'AG Caen. Et pourtant, aujourd'hui, je pars pour un stage de présélection de cinq jours à l'Académie Mohammed VI."

Un rêve éveillé qu'elles n'auraient jamais imaginé auparavant. "On ne pouvait pas en rêver puisque ça n’existait pas", affirment les trois joueuses de l'équipe de France.

Cinq ans d'attente avant d'obtenir d'excellentes conditions

Le futsal est arrivé en France dans les années 70. En 1997, l'équipe nationale masculine a été créée et le championnat de France a été lancé en 2007. Chez les femmes, il a fallu attendre 2023 pour qu'une équipe de France voie le jour.

"Gaëlle et moi, nous avons remporté deux fois les championnats d'Europe universitaires avec l'Université de Rouen et disputé les championnats du monde en 2018, relate Fanny Gosseye, défenseure gauche de 30 ans et capitaine de QRM. Après ces bons résultats, on nous avait promis une équipe A mais ça a pris un peu de temps."

Désormais, en France comme au Maroc, ces sportives de haut niveau sont traitées comme la sélection de football à 11, avec "les mêmes infrastructures et équipements", témoigne Léna Jouan, la première buteuse de l'histoire du futsal français.

Un jeu rapide, tactique et très technique

Le Challenge national organisé en 2022 par la Fédération française de football (FFF) et la Ligue du Football Amateur, a permis de donner un coup de projecteur au futsal féminin. "C’est un sport à part entière avec beaucoup de tactique, tout est réfléchi, analyse Léna Jouan, qui ne se consacre plus qu'à ce football. Il faut voir les choses plus rapidement qu'au foot à 11, parce que l’adversaire arrive plus rapidement sur nous."

Une discipline agréable à regarder, "on est toujours surpris par un geste technique", complète la gauchère et excellente technicienne, Dounia Baghit. "L'exigence au niveau du cardio est beaucoup plus élevée, on ne s'arrête jamais contrairement au foot à 11, ajoutent les deux Rouennaises. Avec seulement quatre joueuses de champ, on touche davantage le ballon, tout comme la gardienne qui est plus sollicitée."

Les occasions de pousser le ballon au fond des filets sont plus nombreuses et pourtant, les scores ressemblent à ceux du football à 11. "Les buts sont moins larges, l'espace est plus facile à couvrir pour nous les gardiennes, mais pour les attaquantes, c’est plus difficile de marquer, explique Gaëlle Bisson, gardienne du Hercules Futsal Club de Bueil et salariée du District de l'Eure. C'est aussi l'intérêt de ce sport."

Un spectacle très dynamique qui a rassemblé 500 personnes à la Chapelle-sur-Erdre pour le match aller de la France contre la Finlande (1-1), mardi 7 novembre, et presque 600 fans au Pôle Maxime Bossis de Montaigu pour le match retour (2-1), mercredi 8 novembre.

Un championnat de France et l'Euro 2025 en ligne de mire

Comme la sélection masculine française, les femmes visent désormais les sommets, avec un premier objectif prévu en mai 2024 : le tour préliminaire de qualification à l'Euro 2025 de l'UEFA. "Depuis 10 ans on essaye de faire grandir le futsal en Normandie, exprime Fanny Gosseye. Si on peut devenir les pionnières au niveau national et international, je suis partante !"

Pour espérer s'imposer sur la scène continentale, la FFF réfléchit à la création d'une Division 1, comme en foot à 11 avec la D1 Arkema. "C'est un projet à court terme, on a hâte !", s'impatientent les quatre compétitrices. En attendant que ce projet prenne forme, les Normandes vont continuer à représenter fièrement les couleurs de leurs pays.

Ainsi, la Franco-marocaine, Dounia Baghit, partie avec 22 autres joueuses, espère passer le cap de la présélection. Gaëlle Bisson, Fanny Gosseye et Léna Jouan préparent quant à elles leurs prochaines confrontations contre la Slovénie les 20 et 21 février prochains.

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