Pollution du bassin d'Arcachon : le syndicat des eaux dénonce des plaintes "injustes" et dévoile son plan de gestion à 119 millions d'euros

Accusé par les associations et les ostréiculteurs de “polluer” le bassin d’Arcachon, le syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon a annoncé prendre des mesures pour endiguer le problème et dénonce “des accusations injustes”.

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Ils n'avaient pas pris la parole depuis de longs mois. Ce mercredi 16 octobre, à Biganos, en Gironde, les douze maires du syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon, ont réagi aux accusations des associations et ostréiculteurs et exposé leur plan de gestion des eaux. Il y a près d’un an, entre Noël et le Nouvel An, les ostréiculteurs écopaient d’une interdiction de vendre leur production. En cause : la présence d’un norovirus, véhiculé par les eaux usées, dans l’eau du bassin d’Arcachon.

"Profondément injustes"

Dès le préambule, les douze maires ont tenu à exprimer leur colère, face aux accusations portées depuis plusieurs mois par des associations, des élus et certains professionnels du bassin d'Arcachon. “Nous voulons exposer notre colère et notre indignation face aux attaques proférées par les élus, les associations et certaines corporations. Ils ne font que constater les mêmes choses que nous sans apporter de solution”, lance Yves Foulon, maire d’Arcachon et président du Siba, qui fustige également les plaintes déposées par les associations.

Ces plaintes sont profondément injustes, car nous sommes les seuls sachants et compétents pour apporter une solution et ceux qui disaient du bien de nous avant, nous stigmatisent.

Yves Foulon 

Président du Siba

Compréhensif face à la situation des ostréiculteurs “avec lesquelles ils vont échanger pour mieux protéger leur profession”, le syndicat réfute les accusations de manque de transparence, lors de la contamination au norovirus l’année dernière. “Tout le monde avait été alerté dès novembre", a insisté Yves Foulon.

Plus récemment, si plusieurs associations et ostréiculteurs s’étaient insurgés de la fuite d’un document, évoquant la demande du Siba d’un “droit à polluer”, le syndicat est clair. “Non, il n’y a pas de droit à polluer parce que la pollution est un délit et nous ne demandons pas ça”, affirme son président.

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Nouvelle station d’épuration

Après les débordements des eaux usées dans le bassin d’Arcachon qui ont provoqué l'arrêt des ventes d'huîtres ainsi que l’émergence d’une épidémie de norovirus, le Siba a indiqué avoir pris des mesures, qui représenteront, à terme, 119 millions d’euros d’investissement. “Il s’agit à la fois de protéger la population des inondations et de permettre aux professionnels de poursuivre leur activité en contrôlant les rejets", avance le président du Siba.

Parmi elles, les douze maires ont annoncé la création “dans le nord bassin”, d’une nouvelle station d’épuration, la sixième du secteur. “C’est un mastodonte qui coûte cher et qui vient alléger le réseau déjà existant”, indique Sabine Jeandenand, directrice générale des services du Siba. Un investissement qui s’ajoute à celui, annuel, de 15 millions d’euros pour entretenir le réseau existant. Une fois traitées par cette station, les eaux usées seront déversées “par infiltration dans les sols” des zones spécifiques telles que des forêts.

Malgré la création de ce nouvel équipement, les maires réfutent toute implication de l’urbanisme dans “l’accident qui s’est produit en novembre dernier”. “Il n’y a pas d’incident l’été malgré les 400 000 habitants. Ce n’est pas le nombre d’individus qui génère le trouble, c’est l’intensité des eaux de pluie”, martèle le président du Siba. 

Objectif zéro rejet

D’ici à cinq ans, le syndicat promet même un “zéro rejet dans le bassin” après la mise en place à la fois de cette station, mais également des déversoirs d’orages, ordonnés par la justice en avril dernier. “La justice a ordonné de limiter les débordements via des déversoirs d’orages afin d’éviter les inondations des habitations alentours”, indique Sabine Jeandenand.

En avril, une ordonnance, rendue par la juge des libertés contraignait en effet le syndicat à stopper les pompages dans le bassin d’Audenge, réaliser des analyses hebdomadaires et construire un déversoir d’orage sur les bassins de sécurité du réseau. 

Pour autant, ces déversoirs d’orage cristallisent encore les tensions. Si certains y voient le moyen de déverser les eaux usées dans la nature, le Siba s’en défend. “Ces bassins servent à contrôler pour que la situation ne dégénère pas”, assure la directrice générale des services. Si le Siba assure que les déversements seront exceptionnels et contrôlés, les craintes des opposants au syndicat persistent. Ils les ont exprimées, jeudi 10 octobre, devant les locaux du syndicat.

"On se mobilise parce que 70 mm de pluie sur sept jours, cela ne relève pas de l'exceptionnel, posait alors Olivier Laban, le président du Comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA). Depuis 300 jours qu'on a été fermés, j'osais espérer qu'on puisse avoir des discussions en confiance pour regarder ensemble les solutions et partager priorités d'investissement, mais ce n'est pas le cas aujourd'hui", regrettait l'ostréiculteur.

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Pas que sur le bassin d'Arcachon

En parallèle, le Siba explique “amplifier et accélérer” le volet pluvial. Face à l’intensité de pluies “centennales, mais qui ne le sont plus”, le syndicat annonce avoir investi 3 millions d’euros pour redimensionner les canalisations, notamment à Gujan-Mestras ou encore Lège-Cap-Ferret, des zones sinistrées.  Notre effort va se poursuivre avec le déblocage d’un fonds de 11 millions d’euros. Nous devions les investir en dix ans, nous les investirons en cinq ans”, avance Yves Foulon qui chiffre les investissements globaux côté pluvial, à 36 millions d’euros sur cinq ans.

Pour autant, les douze maires refusent de prendre seuls des mesures face aux problématiques climatiques de fortes pluies. En effet, le bassin d’Arcachon reçoit l’équivalent de 4 000 km² d’eau de ruissèlement, en provenance des bassins du Médoc, du Val de Leyre et du nord des Landes. “Nous demandons au préfet de région d’imposer de travaux nécessaires pour contenir ces eaux de ruissellement, pour que le bassin ne reçoive pas toutes ces eaux”, requiert Yves Foulon.

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