1944 fut une année décisive pour le Limousin, marquée par des massacres (Tulle, Oradour-sur-Glane...) et par la libération de son territoire. Quatre-vingt ans après, alors que des commémorations se préparent, retour sur ceux qui ont permis à de nombreux juifs persécutés d'échapper à la barbarie nazie : les Justes parmi les Nations.

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Parmi ceux qui rendent hommage aux Justes, il y a les élèves de 3ᵉ du collège Arsène-d’Arsonval de Saint-Germain-les Belles. Ils viennent de remporter la mention spéciale du jury au prix national Annie et Charles Corrin pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah avec leur documentaire-slamé intitulé "Jacqueline et les enfants de Montintin". Ils sont allés chercher leur récompense avec l'équipe d’encadrement au lycée Louis-le-Grand à Paris, le 1ᵉʳ février dernier.

C'est avec leurs professeurs d’histoire-géographie, Anne-Sophie Jarry, et de musique, Sèverine Meslier, qu'ils ont rendu hommage, par ce projet, à Jacqueline Bayle, lingère au Château de Montintin durant la Seconde Guerre Mondiale et qui a participé à la sauvegarde de centaines d’enfants juifs cachés là-bas. Ils ont réalisé ce documentaire-slamé avec le réalisateur et slameur Fabrice Garcia-Carpintero. 

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Huit collégiens du collège d’Arsonval de Saint-Germain les Belles ont décroché le 1er février 2024 une mention spéciale au prix Annie et Charles Corrin pour l’enseignement de l’histoire de la shoah grâce au documentaire "Jacqueline et les enfants de Montintin" réalisé avec le slameur Fabrice Garcia-Carpintero qu’ils ont écrit en slam sur l’histoire de Jacqueline Bayle, reconnue Juste Parmi les Nations. Alors qu’elle avait 17 ans, elle était lingère au château de Montintin à Château-Chervix, elle a protégé, choyé et sauvé des enfants juifs. Intervenants dans le reportage : Soline Floreanceau, collégienne en 3ème ♦ Marie-France Bayle, belle-fille de Jacqueline Bayle ♦ Anne-Sophie Jarry, enseignante en histoire ♦ Extraits "Jacqueline et les enfants de Montintin" de Fabrice Garcia-Carpintero ©France Télévisions

Jacqueline Bayle, est l'une des rares Justes qui a reçu ce titre de son vivant, le 11 mai 2023, à l'âge de 99 ans. Si le Limousin est connu pour être une Terre de Résistance, il fut aussi un territoire protecteur pour les Juifs en danger. Plus de 200 personnes y ont été reconnues comme Justes.

Yad Vashem, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah est en charge de la reconnaissance des Justes parmi les Nations. Depuis 1963, l’État hébreu décerne ce titre à des personnes non juives qui ont aidé des Juifs persécutés par l’occupant nazi. Les personnes ainsi distinguées doivent avoir procuré, au risque conscient de leur vie, de celle de leurs proches, et sans demande de contrepartie, une aide véritable à une ou plusieurs personnes juives en situation de danger.

Des héros du quotidien

En Creuse, 3000 juifs ont été accueillis pendant la Seconde Guerre Mondiale dont un millier d’enfants. Dans ce département, le taux de déportation fut très nettement inférieur à la moyenne nationale : 8% des juifs réfugiés en Creuse ont été déportés, ils étaient 25% au niveau national. Les enfants abrités en Creuse ont été mieux protégés qu’ailleurs. Grâce notamment à l’action de héros du quotidien.

Sans être exhaustif, citons certains Justes Limousins : Suzanne Boyer, la première Haut-Viennoise à avoir été honorée, employée à la mairie de Limoges. Yvonne et Joseph Labussière, exploitant de ferme, Pauline Gaudefroy, une infirmière de 27 ans en 1943, la famille Jouanet et Henri Delage, le couple de paysans André et Marie Grangeon. Ils ont caché une famille juive dans leur ferme d'Espartignac, en Corrèze, pendant la guerre, pendant 18 mois.

Il y a aussi l’ancienne directrice de l’école de Bourganeuf. En 1944, Marcelle Porte-Bonnamour a caché des jeunes filles juives, leur permettant d’échapper aux nazis. La plus haute distinction délivrée par l’Etat d’Israël lui a été remise à titre posthume en novembre 2016. Grâce à elle, une dizaine de jeunes filles juives pensionnaires de son établissement ont échappé aux rafles et aux persécutions.

      Rares sont aujourd’hui les Justes qui reçoivent ce prix de leur vivant. Ce sont souvent leurs proches qui reçoivent la médaille où est gravée cette phrase, extraite du Talmud - l'un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique : "Quiconque sauve une vie sauve l’Univers tout entier."

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