Terre de Sommières et punaises de lit : "une perception exagérément optimiste", pourquoi la poudre détachante n'est peut-être pas vraiment la "solution miracle"

Les principaux acteurs de l’hygiène antiparasitaire alertent le grand public sur l’utilisation de la terre de Sommières pour se débarrasser des punaises de lit. Ils redoutent son usage intensif et rappellent que cette solution, présentée comme miracle, n’est pas encore autorisée sur le marché en tant qu’insecticide.

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La terre de Sommières, un produit ménager couramment vendu, aurait prouvé son efficacité contre les punaises de lit, selon une étude du CHU de Nice et de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille. "Elle permet d’éliminer les punaises en 24 heures", ont affirmé les chercheurs à l'Agence France Presse.

Bien que fortement relayée par les médias, cette "solution miracle" suscite aujourd’hui des inquiétudes parmi les acteurs du secteur, regroupés au sein de PROSANE.

Quels risques pour la santé ?

La terre de Sommières, une poudre argileuse fluide découverte au XIXe siècle à Sommières dans le Gard, est réputée pour son efficacité comme détachant naturel. Vantée comme étant non toxique, elle est largement accessible au grand public et peu coûteuse.

Depuis 15 ans, l’unité de parasitologie et mycologie du CHU de Nice, en partenariat avec l’IHU Méditerranée Infection de Marseille, évalue des poudres déshydratantes pour éradiquer les punaises de lit tout en limitant les risques pour la santé humaine. Le parasitologue Pascal Delaunay a expliqué à nos confrères de France 3 Côte d’Azur que : "La terre de Sommières est un produit naturel, respectueux de l’environnement, avec un très faible risque pour la santé humaine car non abrasive pour les voies respiratoires, et peu coûteuse". Cependant, les chercheurs précisent que des précautions doivent être prises lors de son utilisation.

"C'est un outil de lutte à utiliser uniquement si l’on en a chez soi, mais elle est inadaptée à un usage préventif et peut rendre le logement inhospitalier", souligne Pascal Delaunay.

Pascal Delaunay

Parasitologue à France 3 Côte d'Azur

Les professionnels du secteur de l’hygiène antiparasitaire rappellent aussi que l’usage de la terre de Sommières n’est pas sans risques et souhaitent mettre en garde le grand public. Ils déconseillent une utilisation excessive, car cela pourrait avoir des conséquences sur la santé.

Ce n’est pas parce que la poudre est naturelle qu’elle est totalement inoffensive ! Une application excessive pourrait provoquer la dispersion de fines particules dans l’air, augmentant ainsi les risques d’inhalation.

Stéphane BRAS

Vice président PROSAN

Comme pour les huiles essentielles, l’utilisation doit être modérée. Il est recommandé de ne pas recouvrir les surfaces de grandes quantités de terre de Sommières.

Efficacité encore à démontrer

La terre de Sommières agit sur les punaises de lit en les tuant par déshydratation. "Lorsqu’elles marchent dessus, elles se dessèchent et meurent en 24 heures. Elles peuvent ensuite contaminer leurs congénères, grâce à un effet rémanent", précise Pascal Delaunay, parasitologue du CHU de Nice.

Cependant, les acteurs de l’hygiène antiparasitaire mettent en garde contre une "perception exagérément optimiste de cette solution, qui pourrait induire le public en erreur". Ces insectes seraient capables de survivre jusqu’à deux ans sans se nourrir.

Autorisation de mise sur le marché

À ce jour, la terre de Sommières, est utilisée pour détacher, elle n’a pas reçu d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en tant qu’insecticide. En l’absence de cette autorisation, son usage comme biocide est illégal.

Si un établissement l’utilise aujourd'hui pour se débarrasser des punaises de lit, il le fait à ses risques et périls.

Stéphane Bras

Vice-président de PROSANE.

En France, selon une étude de l'Anses, un foyer sur dix a été infesté par des punaises de lit entre 2017 et 2022. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail estime que le coût de la lutte contre ces infestations pour les ménages français a atteint 1,4 milliard d’euros sur cette même période.

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