Les agriculteurs d’Occitanie ont entamé une mobilisation, depuis plusieurs semaines, pour dénoncer l’augmentation du prix de certaines matières premières indispensables à l’exercice de leur métier. Ils jugent en outre insuffisantes les annonces du plan de résilience accordé par le gouvernement.
Agriculteur à Saussenac (Tarn), Sébastien Rey est arrivé tôt ce matin à Albi pour faire entendre sa colère. Lui n’est pas représentant syndical, mais membre d’un collectif d’une quinzaine d’exploitants agricoles. Une dizaine de tracteurs occupent aujourd’hui sa propre parcelle, normalement ensemencée : "on va péter une récolte pour essayer de gagner quelque chose", résume l’exploitant.
"L’agriculture ne peut plus faire face"
Le GNR (gazole non-routier) peut aujourd’hui atteindre deux euros le litre alors qu’il stagnait à 80 centimes le 31 mars 2021. D’autres produits, comme les engrais, l’acier ou les céréales, suivent la même tendance. Le prix des engrais a, par exemple, quasi triplé depuis un an.
Sébastien Rey dénonce aujourd’hui le plan de résilience adopté par le gouvernement, largement insuffisant pour pallier les pertes des agriculteurs : "vu l’enveloppe débloquée [400 millions d’euros à l’échelle nationale, ndlr], ramenée au nombre d’agriculteurs et d’exploitations, on aura peut-être 1000 euros d’aide… Alors que sur une exploitation de 80 vaches on va perdre 40 000 euros."
"On se demande comment on va faire, l’agriculture ne peut plus faire face", s’inquiète-t-il. "Surtout au niveau de l’élevage. La dépense supplémentaire nécessaire pour nourrir les bêtes n’arrivera pas à suivre le coût de la viande."
Opération escargot à Auch
Du côté d’Auch, le premier convoi de tracteurs des Jeunes Agriculteurs du Gers est parti de Gimont dans la matinée depuis le rond-point de Lafourcade, qu’ils bloquent depuis ce vendredi 18 mars. Deux convois d’une trentaine de camions se sont rejoints pour mener, de concert, une opération escargot. L’autre, parti de Vic-Fezensac, à l’Ouest du département.
"On nous parle de souveraineté alimentaire depuis un moment, mais personne ne met des moyens là-dedans", justifie Dorian Massaglia, président du syndicat des Jeunes Agriculteurs du canton Gimont-Saramon (Gers). Lui aussi estime le plan de résilience inefficace : "on est à bout. L’enveloppe paraît énorme, mais ramenée au nombre d’exploitations, elle est dérisoire."
L’exploitation de Dorian Massaglia nécessite 20 000 litres de GNR par an. "Ça fait 20 000 euros de plus, c’est mon salaire qui saute", assure-t-il. "On n’en peut plus. Dans le Gers, ça met un paquet d’exploitations en péril, ça va devenir compliqué pour tout le monde."
Les Jeunes Agriculteurs seront reçus dans la journée par la préfecture d'Auch. Mais ignorent si la situation sera amenée à évoluer. "Les négociations n’avancent pas, le gouvernement ne veut rien lâcher sur le GNR. Quant à la proposition d’exonération des cotisations, elle n’est pas encore validée."
"Ce qu’on demande, c’est un GNR à 1 euro le litre, et un prix plafonné", plaide-t-il. "On va voir cet après-midi à la préfecture ce qu’il en sort."