Le glacier du Mont-Perdu se fend irréversiblement : un cri d'alarme sur la disparition imminente des glaciers des Pyrénées

Les glaciers seront au cœur des débats ce 8 et 9 novembre à l’occasion du sommet One Planet Polar Summit. Des scientifiques, montagnards et associations de protection français alertent sur la crise aiguë que vivent les glaciers, symboles visibles en avant-première du changement climatique.

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La rupture est actée. Le glacier du Mont-Perdu (Espagne) s’est définitivement fendu en deux, sans retour possible. Les dernières observations des scientifiques sont dramatiques : une perte d’épaisseur moyenne de 3,8 mètres a été observée sur l’ensemble de la zone et jusqu’à 8,1 mètres dans le corps oriental du glacier. Après des étés particulièrement chauds, le glacier situé dans le parc national d’Ordesa a été divisé en deux parties distinctes. Signe visible du réchauffement climatique, la fonte spectaculaire de ce glacier est loin d’être une exception.  

On est en train de vivre la disparition totale des glaciers des Pyrénées”, alerte Pierre René, glaciologue spécialiste des Pyrénées. Avec Moraine, l’association d’études des Pyrénées françaises qu’il a fondée en 2001, il assiste à la fonte rapide des glaciers montagnards.  

“En moyenne, un glacier disparaît tous les ans. En 1850, on comptait une centaine de glaciers dans les Pyrénées. Aujourd’hui, nous n’en avons plus qu’une vingtaine.”

Pierre René, glaciologue spécialiste des Pyrénées 

L’année dernière encore, le glacier de Boum et celui du Portillon ont été déclarés “morts”. Leur superficie, devenue trop faible, ne leur permet plus de les définir comme des glaciers. Depuis 1950, la surface d'englacement des Pyrénées a été réduite à peau de chagrin : 90% de la superficie des glaciers ont été perdus.

Chaque année, l’isotherme 0°C s’élève, et la limite de la neige persistante fait de même. Concrètement, la neige fond de plus en plus haut en altitude. Aussi, on assiste à des redécouvertes parfois insolites, comme un piolet de plus de cent ans, un sac à dos des années 80 et des restes humains qui ont refait surface.

Surtout que la glace ne se régénère pas. Avec des hivers et automnes généralement plus doux qu'auparavant, ce qui tombait sous forme de neige tombe désormais sous forme de pluie, dégradant d'autant plus vite les glaciers.

Même si les accords de Paris étaient respectés, les glaciers pyrénéens n'auraient pas vraiment de chances de survie. "Le climat s'est réchauffé de façon beaucoup trop rapide, explique Etienne Berthier, glaciologue au CNRS. Les glaciers sont en déséquilibre complet par rapport au climat." 

"Il est plus que temps d'inscrire les glaciers dans le droit environnemental"

Face à cette situation désespérée, des scientifiques qui alertent sur le phénomène depuis des décennies ont lancé, en novembre 2023, une pétition pour demander au président de la République français de prendre des actions concrètes.

Parmi elles, un renforcement de l'éducation sur l'importance des glaciers et de leurs écosystèmes et la création d'un statut de "personnalité juridique" pour les glaciers. Cette dernière offrirait une protection plus importante selon Frédi Meignan, le vice-président de Mountain Wilderness qui co-signe la pétition. "Aujourd'hui, lorsqu'on s'oppose à un projet, on peut y opposer la destruction de plantes par exemple, mais pas de la destruction d'un glacier. Il est plus que temps d'inscrire les glaciers dans le droit environnemental.

Des écosystèmes à protéger avant la fonte, mais aussi après

Pour eux, il faut aussi stopper tout aménagement sur les glaciers qui accélèrent la fonte des glaciers et leur dégradation. Si dans les Pyrénées, les glaciers, de petite taille, sont relativement épargnés par les gros aménagements, ce n'est pas le cas pour l'autre grande chaîne de montagnes française. Dans les Alpes, plusieurs projets sur les glaciers ou à leur périphérie ont vu le jour. Ils sont parfois contestés, à l'image du projet de téléphérique de La Grave ou encore le rabotage d'une partie d'un glacier suisse pour une compétition sportive.

Le groupe de scientifiques et de personnalités envisage même l'après-glacier. "Ce n'est pas parce que les glaciers fondent qu'on peut y faire n'importe quoi, dénonce Pierre René. Dans ces zones post-glacières se développent des nouveaux écosystèmes qui sont particulièrement fragiles. Il faut les protéger."

Le timing n’est pas anodin. Ce 8 et 9 novembre, le septième sommet One Planet, est dédié à la protection de la cryosphère (ensemble des masses de glace, de neige, de sols gelés et le pergélisol). Pour le premier sommet de ce type, Frédi Meignan de Mountain Wilderness veut y croire. En revanche, il sera intransigeant : il faut des résultats concrets. "On ne peut pas se permettre de simplement faire de grands discours. Si on ne prend pas des mesures, au prochain sommet qu'on fera d'ici à dix ans, on ne parlera plus de sauver les glaciers, mais simplement de leurs enterrements."

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