Des étudiants grévistes ont été violemment chassés de la fac de droit, le 22 mars 2018. Six personnes, dont le doyen et un professeur de l'université, ont finalement été condamnées par la justice. Mais certains membres du commando, possiblement des étudiants, n'ont jamais été inquiétés.
Une dizaine d'hommes cagoulés, dont un professeur, pénètrent dans la fac de droit de Montpellier. Armés de tasers et de planches cloutées, ils viennent chasser les grévistes de l'intersyndicale universitaire, mobilisés à l'époque contre la loi ORE, une réforme de l'accès à l'université. Une dizaine d'étudiants sont blessés, d'autres traumatisés.
Ces faits remontent au 22 mars 2018. Alors qu'ils devraient bientôt être prescrits, trois victimes de l'affaire dite du "commando de la fac de droit" ont de nouveau déposé plainte pour "violences commises en réunion" auprès du parquet de Montpellier. Leur souhait : que l'intégralité des agresseurs soient retrouvés et jugés, certains n'ayant jamais été inquiétés.
Le Collectif 22 mars, composé de la Ligue des droits de l'homme (LDH) et de syndicats universitaires (Sud et FSU) a tenu une conférence de presse dans la foulée, mercredi 6 février, pour demander l'ouverture d'une nouvelle enquête préliminaire.
Le doyen et un professeur condamnés
Sept personnes avaient été condamnées en première instance, en mai 2021. Parmi eux : le doyen de la faculté Philippe Pétel, désigné comme instigateur de l'agression, aujourd'hui réintégré à l'université en tant que professeur de droit commercial après une suspension disciplinaire de cinq ans.
Mais aussi le professeur de droit Jean-Luc Coronel de Boissezon. Membre de Reconquête, le parti d'Eric Zemmour, il a lui-même participé à l'agression aux côtés de sympathisants d'extrême droite.
Seulement une partie des agresseurs n'a jamais été poursuivie, possiblement des étudiants à l'époque des faits. Lors du procès en appel, en décembre 2022, le militant d'extrême droite Martial Roudier, fils du fondateur du mouvement identitaire la Ligue du midi, l'avait sous-entendu : "il y a forcément les étudiants" au sein du commando.
Jean-Luc Coronel possiblement réintégré
Parmi les huit victimes qui s'étaient constituées parties civiles, trois ont donc de nouveau porté plainte en espérant relancer la machine judiciaire avant la prescription des faits. "C'est tout d'abord une question de justice", commente l'avocat honoraire et membre de la LDH Jean-Jacques Gandini. "Il n'est pas normal que des personnes impliquées continuent leur vie comme si de rien n'était".
Mais pour le militant, il s'agit aussi de "marquer le coup" dans un contexte de "montée de l'extrême droite". Et ce, alors que Jean-Luc Coronel de Boissezon pourrait de nouveau enseigner en septembre prochain, en dépit des protestations de certains étudiants.
Le professeur de droit a effectivement été réintégré à la faculté après une suspension de quatre ans. Jugée "trop faible au regard des fautes commises" par le Conseil d'État, cette sanction a tout de même été maintenue par le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (Cneser).
Si aucun poste n'est pour l'instant attribué à Jean-Luc Coronel de Boissezon, cela pourrait être le cas à la rentrée scolaire prochaine. Jean-Jacques Gandini s'y oppose fermement : "Il est impensable qu'une personne enseigne le droit quand ses propres actions sont contraires aux principes républicains".