Sylvain Dhugues, 22 ans, se mobilise contre le harcèlement scolaire dans les écoles de Montpellier. Aujourd'hui triathlète, il raconte son parcours et comment il s'est sauvé grâce au sport de haut niveau pour aider les jeunes à lutter contre le harcèlement et l'obésité.
C'est un grand gaillard affûté avec une bouille d'enfant aux yeux bleus. Sylvain Dhugues n'a que 22 ans mais il a déjà vécu plusieurs vies. Celle d'un enfant maltraité qui s'est réfugié dans la solitude et la nourriture. Celle ensuite d'un adolescent obèse, harcelé au collège, celle enfin d'un triathlète qui vise les championnat du monde d'Iron man.
J'étais Fat man (l'homme gros), je suis devenu Iron man (l'homme de fer).
Sylvain Dhugues.Triathlète
De l'âge de 10 ans jusqu'à ses 16 ans, Sylvain Dhugues comble son mal-être et sa solitude par la nourriture. Tous les jours, "le gros" essuie les moqueries, les bousculades, les coups sans rien dire à personne.
Le harcèlement. On n'ose pas parler parce qu'on a honte.
Sylvain Dhugues
La honte, la solitude, les envies de suicide. Son calvaire va durer six ans. Un jour il finit par se confier au CPE (Conseiller principal d'Education) de son lycée. La machine est lancée. Ses agresseurs seront exclus du lycée. "Pour s'en sortir, il faut en parler. Ne pas rester seul", assure Sylvain Dhugues face aux élèves l'école Winston Churchill à Montpellier, où il a lui même effectué toute sa scolarité.
"C’est une revanche personnelle d’avoir traversé le harcèlement scolaire, les violences physiques et familiales. C’est une vraie revanche d’aller toucher des enfants en commençant par ceux de mon ancienne école primaire", sourit le jeune homme.
Harcèlement : sables mouvants
Etre victime de harcèlement, c'est comme être dans des sables mouvants. On s'enfonce encore plus si on se débat seul.
Guillaume LahouzeDirecteur de l'école Winston Churchill ( Montpellier)
On ne peut s'en sortir que grâce à une aide extérieure, une main tendue", ajoute Guillaume Lahouze, le directeur de l'école.
Un enfant sur 10 est victime de harcèlement scolaire.
Effet de groupe
Impliqué dans la prévention contre le harcèlement scolaire, il a connu Sylvain lorsqu'il était enfant. Il l'a naturellement invité pour évoquer son parcours devant les élèves de l'école. "Il faut aussi casser l'effet de groupe", ajoute l'enseignant. "Une personne harcelée est seule contre un groupe. Il faut faire prendre conscience aux élèves de ce phénomène. Casser cette situation en amont pour ne pas avoir de résultats dramatiques".
Son histoire, Sylvain Dhugues, il la raconte aux enfants pour lutter contre le harcèlement scolaire et l'obésité. S'il s'en est sorti, il veut à présent aider les autres. "Si je peux en sauver un ou deux, je serai content".
Le déclic
Un jour devant sa télé, Sylvain Dhugues tombe sur l'Iron man. Une épreuve sportive de très haut niveau. D'une distance totale de 226 kilomètres, c'est une course multidisciplinaire consistant à enchaîner 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme puis un marathon de 42,195 km. Ce jour-là, il a le déclic. Le lendemain, dans la cour de récréation, je réponds à une énième moquerie : "Vous verrez, celui qu'on a longtemps appelé FATMAN deviendra IRONMAN".
"J'avais 16 ans, 1m67 et 98,8 kilos. Un copain m'a proposé d'aller courir avec lui.
J'ai couru un, puis deux puis trois kilomètres. Je suis entré dans un cercle vertueux. Je me suis dit que j'étais capable. Que je pouvais tout accomplir.
Sylvain DhuguesTriathlète
Fat man va devenir Iron man. "Deux ans plus tard, le 22 Mai 2022, "je termine l'Ironman d'Aix en Provence après 13h36 de sueur et de larmes".
Courir contre le harcèlement
Sylvain Dhugues se livre et raconte son parcours aux enfants. Il a créé une association : Agir pour devenir". Ce mercredi 30 mars, il a organisé un cross "contre le harcèlement", avec le centre de loisirs Alain Savary à Montpellier. Objectif : toucher 1000 jeunes en quatre jours.
Championnats du monde d'Ironman
En parallèle, il s'entraîne sans relâche en espérant se qualifier pour les championnats du monde Ironman (l'épreuve reine des triathlons longue distance) l'an prochain à Hawaï. Au delà du défi sportif, il veut délivrer un message : "se dépasser pour se reconstruire et toujours croire en soi".
Les mots d'encouragement des enfants rencontrés qu'il fera graver sur son maillot, vont certainement lui donner des ailes pour vaincre. Une fois plus.