Colette Fossier vit en fauteuil roulant depuis dix ans. Autant d'années qu'elle cherche un logement adapté à son handicap et ses faibles revenus. Désormais menacée d'être expulsée de son appartement actuel, trouver un toit décent devient urgent.
"Je vis, mais je ne vis pas, je survis, je sens que ça va m'arriver un de ces jours que l'huissier vienne frapper à ma porte". Colette Fossier, 68 ans, habite dans un appartement situé à côté du stade de rugby de Montpellier.
Elle occupe ce deux pièces depuis dix ans. Après avoir été amputée de la jambe à cause de la poliomyélite, l'ancienne parisienne s'est rapprochée de son fils dans le Sud pour avoir de l'aide au quotidien.
Un appartement décent mais non adapté
Colette Fossier a emménagé dans son appartement alors qu'elle était en pré-retraite. "Quand je touchais les Assédics, je pouvais me procurer un logement privé. Mes ressources étaient correctes, je suis bien dans ce logement", raconte-t-elle.
Pourtant ce logement ne correspond pas tout à fait aux critères d'un appartement adapté pour les personnes à mobilité réduite.
Quand mes enfants et petits-enfants viennent, si je vais aux toilettes, je ne peux pas fermer la porte. Je ne peux pas rentrer dans la salle de bain avec mon fauteuil et faire le tour de la pièce.
Colette Fossier, retraitée PMR
Colette a aussi dû aménager sa douche et disposer une chaise et des barrières pour utiliser ses toilettes. Ce logement privé, bien que décent, ne dispose pas des aménagements nécessaires à son handicap. Pourtant, elle ne pourrait aujourd'hui plus prétendre à ce type d'appartement.
"Je suis dans une situation délicate"
Depuis 2013, avant d'occuper cet appartement, Colette entreprend des démarches pour obtenir un logement social. Un loyer qui serait bien plus en phase avec ses revenus. Elle renouvelle sa demande chaque année depuis dix ans. Or aucune solution ne lui est apportée de la part des bailleurs sociaux, FDI, ACM, Hérault Habitat, affirme-t-elle.
Chaque année, Colette réitère sa demande de logement social : "On m'en a proposé, mais ils ne correspondaient pas à mon handicap". Et aujourd'hui, elle doit impérativement quitter le logement privé qu'elle occupe : sa propriétaire veut vendre.
Je suis dans une situation délicate, j’ai fait des agences, des agences... mais il faut avoir trois fois le montant du loyer. Je touche 1 000 euros par mois, un F2 c’est au moins 600 euros et si on n'a pas le montant du loyer, il faut trouver deux garants. Et aujourd'hui, on ne trouve pas...
Colette Fossier, retraitée PMR
"On ne mettrait pas un cochon là-dedans"
Les bailleurs sociaux ont proposé des appartements loin d'être décents pour reloger la sexagénaire.
J'ai visité un appartement, mais on ne mettrait pas un cochon là-dedans ! Il y avait des cafards et la chambre, si on peut appeler ça une chambre, était une pièce de trois mètres carrés avec un ballon d'eau chaude dedans.
Colette Fossier, retraitée PMR
Colette Fossier dispose de quelques mois de répit pour trouver une solution. Elle aurait dû quitter son logement en février 2023, sa propriétaire actuelle a repoussé la date d'expulsion à la fin de l'été. Or une chose est certaine, son bail ne sera pas reconduit et elle devra trouver rapidement un toît.
"J'ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mon avocat fera valoir mon statut de handicap mais il ne va pas pouvoir repousser ma date d'expulsion pendant dix ans. Je vais finir dans la rue si ma propriétaire m'expulse", s'inquiète la retraitée.
Face à cette problématique de trouver un logement décent et adapté, l'association Handi Cap Sud 34 se mobilise. Sa présidente, Ghislaine Soves a même sollicité l'aide des députés de l'Hérault. Au total dans le département, 300 familles en situation de handicap sont en attente d'un logement social.