L’agence Régionale de Santé a annoncé ce lundi 3 juillet la fermeture définitive de la maternité de Decazeville en Aveyron. Elle sera transformée en centre périnatal.
L’ARS a donc annoncé ce que les habitants du bassin de Decazeville redoutaient depuis des années : la fermeture pure et simple de la maternité. L’Agence Régionale de Santé a suivi l’avis de la Commission spécialisée pour l'organisation des soins (CSOS) qui s’était majoritairement prononcée pour l'arrêt de l'activité obstétrique à Decazeville. Par 18 voix pour, 5 contre et 3 abstentions, la CSOS préconisait l'arrêt définitif des accouchements à Decazeville et plaidait pour sa mutation en centre de périnatalité.
Dans un communiqué, l'ARS explique que les services de la maternité de Decazeville continueront à assurer le suivi des futures mamans avant et après chaque naissance, mais les accouchements seront pris en charge dans l’une des maternités voisines. Et d'ajouter : malgré l’ensemble des démarches entreprises, l’ARS fait le constat, après une période de suspension, que les conditions réglementaires exigées ne sont aujourd’hui pas réunies.
"C'est un meurtre contre notre hôpital et notre territoire",
a réagi dans un communiqué Pascal Mazet, secrétaire départemental CGT santé, indiquant qu'une réunion était prévue jeudi pour envisager des actions. Parmi elles, M. Mazet a indiqué à l'AFP regarder avec attention le 15 juillet, date de l'arrivée du Tour de France à Rodez à 35 km.
La maternité de Decazeville avait réalisé 271 accouchements en 2015. En dépit de ce faible nombre d’accouchements, l’autorisation de l’activité d’obstétrique avait été renouvelée en mai 2016. L’ARS marquait ainsi son soutien à l’établissement. Pour autant, ce renouvellement était assorti de conditions de mise en conformité.A l’issue de cette période, l’établissement a confirmé à l’ARS qu’il n’avait pu réunir les conditions réglementaires et médicales indispensables à la sécurité des accouchements. En l’absence de compétences médicales requises par les articles D.6124-44 et D.6124-46 du code de la santé publique, l’ARS a donc décidé du retrait de l’autorisation d’activité d’obstétrique.
L’établissement était fermé depuis Octobre 2016 suite à la mort d’une mère de 35 ans et de son bébé pendant un accouchement. Le parquet de Rodez avait ouvert le 12 octobre une information judiciaire pour déterminer les causes de la mort.
Après autopsie de la maman et du bébé, de l'analyse du placenta, du dossier médical de la patiente et des expertises anatomopathologiques de la maman et du bébé, des experts ont rendu leurs conclusions le 6 juin dernier. Selon ces conclusions, la maman est décédée d'une embolie amniotique. Le liquide amniotique s’est mélangé dans le sang maternel.
Il s’agit d’une pathologie rare et imprévisible. Les deux experts ont jugé que : « La prise en charge obstétricale et la prise en charge en anesthésie réanimation ont été conformes aux bonnes pratiques».
Les opposants à la fermeture ont toujours maintenu la pression en multipliant les actions sur les réseaux sociaux et les mobilisations dans la rue. La dernière manifestation, le samedi 1er juillet, avait rassemblé 1000 personnes.
Le collectif reproche à l'ARS son manque d'équité et de loyauté suite à la visite de conformité. Pour ses membres, tout ce qui est reproché à la maternité est depuis corrigé ou relève du manque de volonté de l'ARS d'accompagner l'hôpital de Decazeville. Un argument fallacieux pour le collectif qui estime qu'une date d'ouverture permettrait de recruter des auxiliaires de puériculture, des sages-femmes, des gynécologues et des pédiatres.
Les habitants du bassin de Decazeville ont pourtant toujours gardé espoir
Dans son rapport rendu le 19 juin à l'hôpital de Decazeville, le réseau des maternités de Midi-Pyrénées, Matermip reconnaissait les efforts de l'hôpital de Decazeville en matière de sécurité, de modernisation, de recrutement et de formation du personnel de la maternité. Mais Matermip avait aussi souligné le manque de praticiens (gynécologue, pédiatres…) au plan national et, de ce fait, évoqué une orientation vers une seule maternité sur le Groupement Hospitalier de territoire, une maternité qui serait celle de Rodez.L'arrivée d'une pédiatre à Decazeville ranimait récemment les espoirs de réouverture de l'activité obstétrique.
Des espoirs anéantis par la décision de l'ARS
Loin de baisser les bras, les opposants, élus en tête, en appellent directement au Ministre de la Santé, Agnès Buzyn.En attendant, les patientes sont contraintes d'aller accoucher dans les maternités de Rodez, de Villefranche-de-Rouergue ou d'Aurillac distantes de plusieurs kilomètres de Decazeville. Ces derniers mois, deux bébés sont nés aux Urgences de l'hôpital de Decazeville faute de temps pour se rendre dans un service adapté.
D'autres maternités en Midi-Pyrénées ont subi le même sort
En janvier 2015, La Cour des Comptes avait pointé du doigt treize maternités françaises où le nombre d'accouchements était inférieur à 300 par an. Celle de Decazeville était déjà citée. Mais aussi celle de Lourdes qui depuis a fermé car jugée trop coûteuse par rapport à son activité. Elle a été transformée en centre périnatal.L'unité obstétrique de Figeac a également cessé son activité en mai 2009 faute de médecin spécialiste et celle de Moissac a fermé définitivement ses portes en juillet 2003 pour les mêmes raisons et a été transformé en centre périnatal.