Plutôt que des actions "coup de poing", les syndicats agricoles de Lozère ont invité les patrons des supermarchés à visiter une exploitation. Objectif : faire appliquer la loi Egalim pour garantir aux agriculteurs un prix décent pour leur travail. L'initiative a séduit.
Ils ont opté pour une alternative aux actions "coup de poing", parfois violentes, dans des supermarchés afin de vérifier l'étiquetage des produits comme partout en France. Les syndicats agricoles de Lozère ont invité les patrons des supermarchés sur une exploitation pour les exhorter à appliquer la loi Egalim.
Discuter et trouver des solutions
La FDSEA et les JA ont ainsi pu échanger avec les directeurs des plus grands supermarchés du département pour leur dire leur malaise. Une initiative très bien reçue du côté de ces grands patrons.
La priorité d'Hervé Boudon, président des Jeunes agriculteurs de Lozère, c'est la discussion : "on a toujours la volonté de discuter et d'essayer de trouver des solutions ensemble mais on ne va pas pouvoir le faire longtemps".
On leur demande de l'aide pour qu'ils fassent pression sur leurs centrales d'achat et sur les industriels avec qui ils travaillent afin que nous aussi on soit payés au juste prix.
Hervé Boudon - Président JA 48
En refusant d'agir à travers des actions coups de poing dans les grandes surfaces du département, les deux syndicats veulent honorer le lien de confiance qu'ils entretiennent avec elles.
Aujourd'hui, on a des grandes surfaces qui viennent acheter dans nos fermes, dans nos foires et dans nos concours agricoles, on aurait tout à perdre en rompant cette relation-là !
Hervé Boudon - Président JA 48
Sylvain Chevalier, producteur de lait Larzalier, souligne, au rayon boucherie, que "la plupart des supermarchés du département achètent les animaux au niveau local, et on les en remercie".
Le local en tête de gondole
Viandes, fromages, lait : à l'Hyper U de Mende, les producteurs locaux sont en tête de gondole et le supermarché leur donne le juste prix.
Malheureusement, ce cercle vertueux est limité à ces quelques produits, "au niveau des rayons et des étiquetages les abus existent toujours", regrette Sylvain Chevalier.
En effet, les choses se compliquent lorsqu'il s'agit de négocier avec les grands industriels du secteur.
Si aujourd'hui, on ne se réunit pas pour aller chez eux, on est tous petits face aux grandes marques françaises qui pèsent énormément dans nos rayons.
Jean Michel Brun - directeur de Hyper U de Mende
"Aujourd'hui, la loi Egalim ne nous garantit pas que tous les efforts que nous mettons en place soient redistribués au producteur à juste titre et c'est ce que nous voulons faire évoluer", explique le directeur de la grande surface qui croit aux changements que peut apporter cette loi, "si tout le monde la respecte".
Le casse-tête du prix du lait
L'hôte du jour est producteur de lait. Face aux directeurs des supermarchés, il démontre que la loi Egalim n'est pas appliquée par les industriels. En Lozère, le coût de production de 1 000 litres de lait est de 514 euros alors que Lactalis les achète à 426 euros.
"Il faut que les prix payés aux éleveurs soient revalorisés, pour que le monde de l'élevage puisse sortir la tête de l'eau", martèle Sylvain Chevalier, producteur de lait Larzalier qui ajoute : "Comme tout le monde, on mérite un salaire !"
L’agriculteur qui ne ramène rien à la maison, il faut arrêter !
Sylvain Chevalier - producteur de lait
Selon l'agriculteur, "la loi Egalim est très bon départ, il faut qu'elle soit appliquée à fond et qu'elle soit contrôlée".
Le concept est simple, on part du coût de production des agriculteurs et ensuite on fait une marche en avant pour fixer le prix à tous les maillons de la filière.
Sylvain Chevalier
Loi Egalim
Ce mercredi 21 février 2024, pour apaiser la mobilisation des agriculteurs, Gabriel Attal a annoncé les nouvelles mesures que compte mettre en place le gouvernement.
Entre autres le Premier ministre a abordé la question des lois Egalim qui "doivent être renforcées d'ici l'été", a-t-il assuré et ce, de trois façons :
- Dans la construction du prix. En se partant du producteur à l'industrie jusqu'à la grande distribution
- En recentrant la place des indicateurs du coût de production, notamment dans la construction du prix
- Dans les centrales d'achat européennes : en renforçant le poids des agriculteurs dans les négociations commerciales et en améliorant leurs revenus
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Lors de sa prise de parole, Gabriel Attal a aussi promis que les "contrôles et les sanctions seraient au rendez-vous" dans les supermarchés. L'augmentation du nombre de contrôles est d'ailleurs déjà effective dans le Gard.