Avec l'annonce ce mardi de la mort de Jean-Michel Clain, les membres du groupe d'Artigat (Ariège) qui gravitaient autour des frères Merah sont aujourd'hui soit tués soit emprisonnés. Etat des lieux.
Jean-Michel Clain a été tué en Syrie. C'est son épouse qui l'a confirmé ce mardi 5 mars à des journalistes sur place. Tué par un bombardement de la coalition anti-Daesh, comme son frère Fabien quelques jours plus tôt.Ce sont deux membres éminents de la filière toulousaine de djihadistes qui disparaissent, connus notamment pour avoir été les "voix" françaises de la revendication des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Membres de ce que l'on a appelé la "filière d'Artigat", village d'Ariège où vit toujours Olivier Corel, le mentor de ces jeunes, passés par son embrigadement, le plus souvent dans les années 1990 et 2000.
Que sont-ils tous devenus ?
Ceux qui sont morts
Fabien et Jean-Michel Clain, originaires de La Réunion, passés par la Normandie, ont grandi à Toulouse. Fabien a été condamné en 2009 à 5 ans de prison pour avoir participé à la filière d'acheminenent de combattants djihadistes au Moyen-Orient. En 2014, ils parviennent à déjouer la surveillance policière et gagnent la Syrie. Ils ont donc été tués tous les deux dans des attaques de la coalition en février 2019.Membre actif de la filière d'Artigat au début des années 2000, condamné comme Fabien Clain en 2009 pour l'acheminement de combattants, Sabri Essid aurait lui été exécuté en Syrie. Beau-frère par alliance de la fratrie Merah (son père avait épousé religieusement la mère des Merah), c'est lui qui avait organisé les obsèques de Mohammed Merah en 2012.
Son frère cadet, Walid Essid est lui aussi considéré comme mort en Syrie.
Mohammed Merah a lui aussi fréquenté cette filière, emmené à Artigat par son frère aîné Abdelkader. Il a ensuite gardé des liens avec plusieurs de ses membres, dont Sabri Essid, avant de commettre ses attentats à Montauban et Toulouse en mars 2012. Il a été abattu par le RAID à Toulouse le 22 mars 2012.
Ceux qui sont en prison
Frère aîné de Mohammed Merah, Abdelkader Merah est incarcéré depuis le 21 mars 2012. Il a été condamné par la Cour d'assises spéciale de Paris à 20 ans de prison pour association de malfaiteurs terroristes et acquitté pour le chef de complicité des crimes commis par son frère. Il sera rejugé en appel à partir du 25 mars 2019. Il a longuement fréquenté la filière d'Artigat. Lui dément avoir eu des velléités terroristes.Le Tarnais Thomas Barnouin a lui aussi, à Albi puis à Toulouse, cotoyé le groupe, notamment Sabri Essid et les frères Clain. Il a gagné lui aussi la Syrie et c'est là qu'il a été arrêté par les forces kurdes fin 2017. Depuis, il y est détenu. La justice française aimerait l'entendre sur ses liens avec les filières françaises d'acheminement de combattants et surtout ses liens avec ceux qui ont commandité les attentats en France.
Membre du même groupe, le Toulousain Mohamed Megherbi, lui aussi condamné en 2009 dans l'affaire de la filière d'Artigat, fait partie des combattants français de Daesh arrêtés fin 2017. Selon Le Point, il est marié avec une soeur Clain.
Thomas Collange, proche également d'Olivier Corel, a été arrêté en même temps et est aussi toujours détenu par les forces kurdes.
Celle qui a quitté la France
Soeur de Mohammed et Abdelkader, Souad Merah a été décrite au procès de son frère comme une islamiste dure. Après avoir déclenché une polémique après les attentats de Mohammed Merah en 2012, où filmée à son insu avec son autre frère Abdelghani elle affirmait être fière de ce qu'il avait fait, elle a quitté la France pour tenter de rejoindre la Syrie en 2014 avec ses enfants. Elle se trouverait actuellement en Algérie.Celui qui n'a que très peu été inquiété
Reste le cas d'Olivier Corel. "L'émir blanc" d'Artigat a vu graviter tous ces personnages autour de lui. Selon les services de renseignement français, il a été leur mentor, leur guide vers le salafisme.Pour autant, il n'a eu que peu d'ennuis avec la justice : mis en examen en 2009, dans l'affaire de la filière dite d'Artigat, il a bénéficié d'un non-lieu. Après les attentats de 2015, une perquisition à son domicile avait permis de découvrir un fusil de chasse, détenu sans permis, ce qui lui avait valu une condamnation à 6 mois de prison avec sursis.