L'association Ferus, en charge de la protection et de la conservation des grands prédateurs, a porté plainte auprès de la Commission européenne contre l'Etat français, estimant qu'il ne respecte pas ses obligations de protection du loup.
La France s'est dotée en février d'un plan loup, qui prévoyait un plafond d'abattage de 43 individus pour 2018, plafond relevé en octobre à 51 animaux.
Fin novembre, ce plafond avait été atteint. Le préfet d'Auvergne-Rhône-Alpes, qui coordonne le plan loup au niveau national, a alors pris un arrêté permettant la poursuite de tirs de défense simple contre les loups jusqu'au 31 décembre.
Ces tirs de défense simple sont accordés à un berger ou à un éleveur et doivent être effectués dans des conditions très précises, quand un troupeau est menacé par la présence immédiate d'un loup, et à condition que des mesures de protection aient été prises (enclos, présence d'un berger ou de chiens).
Or, avec plus de 1 460 arrêtés de tirs de défense simple en vigueur, selon les chiffres de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) d'Auvergne-Rhône-Alpes, pour une population de loups estimée à 500 dans l'Hexagone, l'Etat met "potentiellement et sciemment en danger grave l'état de maintien en état de conservation de l'espèce dans son aire de répartition naturelle", estime Ferus dans un communiqué.
Sur les 51 loups abattus entre janvier et fin novembre, 19 l'ont été par des tirs de défense simple, nuance Mathieu Métral, chef de l'unité loup à la DREAL et une attaque "a plus de chance de se produire en juillet qu'en décembre", alors que les troupeaux ne sont plus dans les pâturages de montagne.
Espèce protégée, le loup, disparu en France dans les années 1930, est revenu par l'Italie à partir de 1992. Selon le dernier bilan, sa présence continue de se densifier dans les régions alpines et provençales. Il explore des territoires moins familiers, en Occitanie (Aude, Aveyron, Gard, Lozère). Des
communes constatent une présence régulière dans une zone entre Vosges et Meurthe-et-Moselle, et dans la Nièvre.
Des informations ponctuelles sont recueillies dans le Cantal, en Corrèze, Côte d'Or, dans la Creuse, le Jura, la Somme et le Tarn, mais doivent être confirmées sur la durée.
A l'origine de ce retour, le reboisement, l'exode rural, l'augmentation des proies, l'adaptabilité d'un animal capable de parcourir de grandes distances, et de strictes mesures de protection européennes.
Les scientifiques estiment qu'il ne faut pas prélever plus de 10 à 12% de l'effectif sous peine de menacer l'espèce. Les éleveurs bénéficient d'aides à la protection des troupeaux (chiens, parcs électriques...) et d'indemnisations.