6 morts, plus d'une centaine de parties civiles, délocalisation, recours contre la présidente et absence de la prévenue. Le procès du drame de Millas restera dans les annales de la justice et dans les mémoires.

PHN. Trois lettres au fronton de la salle d'audience spécialement recomposée pour juger l'accident tragique de Millas. PHN : une abréviation, pour un Procès Hors Norme.

Le procès de cet accident de car percuté par un train sur une voie ferrée est hors norme. A plus d’un titre. L’accident, -rarissime-  a provoqué la mort de 6 collégiens et plongé dans le deuil le petit village et la région qui entoure Saint-Feliu d’Avall  dans les Pyrénées-Orientales.

L’enquête sur l’accident, qualifié de "scène de guerre" par ceux qui l’ont vécu a été confiée à un pôle spécialisé dans les accidents collectifs. Il y en a deux en France. Un à Paris, l’autre à Marseille pour tout le sud du territoire, ce qui explique que le procès se tient dans la cité phocéenne.

Millas est un procès hors nomes par le nombre de victimes : 123 parties civiles et une seule prévenue.

L'émotion

C'est un procès extraordinaire pour sa charge émotionnelle. La salle a retenu son souffle et ses larmes lors de l'audition des enfants survivants lorsqu'ils ont évoqué leurs souvenirs, leurs blessures, la perte de leurs amis, de leur insouciance.

Des chiens d’assistance judiciaire et une association d’aide aux victimes sont en permanence présents pour aider les parties à canaliser leur émotion.  Une émotion qui a gagné toute la salle y compris les magistrats.

En refermant l’audience jeudi 22 septembre, après le malaise de la conductrice, Céline Ballerini, la présidente a déclaré : "Nous avons vécu une semaine difficile. L’émotion que vous vivez, même si elle n’est pas comparable à celle des parties de ce procès, on la vit aussi très fort. Nous aussi, on aimerait parfois avoir des chiens d’assistance judiciaire. 

Nous aussi, nous partageons vos peines des deux côtés de la barre suite à cet horrible événement du 14 décembre 2017.

Céline Ballerini

Présidente du procès hors normes de l'accident de Millas

Je voudrais que l’on arrive à nous projeter vers l’avenir. Dans deux jours, nous aurons une pensée pour Enzo, en espérant qu’il aura une belle journée", a conclu la magistrate en référence à l’anniversaire d’une des victimes qui devait fêter ses 18 ans. C’est cette phrase qui a provoqué la colère des avocats de la conductrice. Considérant qu'elle aurait ainsi fait preuve d’impartialité, ils ont déposé une requête en récusation contre la présidente.

La requête contre la présidente

La requête, a été examinée et rejetée par le premier président de la cour d’appel.  "La présidente Céline Ballerini a fait preuve d'humanité et de délicatesse tant pour la prévenue que pour les parties civiles", selon la décision rendue par le premier président de la cour d'appel d' Aix-en-Provence. 

Ses propos ne sont pas de nature à remettre en cause son impartialité.

1 er président de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence

Conclusions du rejet de la requête de la défense

 Banc vide

Le procès peut se poursuivre avec la même présidente. Mais autre événement exceptionnel : il continue sans la conductrice, seule et principale prévenue, toujours hospitalisée en cardiologie après avoir craqué jeudi dernier à l’audience.

Il y a désormais un banc vide face à 123 parties civiles qui attendent la vérité depuis 5 ans.

La personnalité de la conductrice

Ce mardi, à la reprise, l’audience a été consacrée à l’examen de la personnalité de la prévenue en l'absence de celle-ci toujours hospitalisée. La présidente a lu une expertise psychologique réalisée en 2019. Elle décrit une personne structurée qui est dans l'action et ne s'attarde pas sur ses états d'âme. Une mère célibataire qui a toujours su rebondir professionnellement dans sa vie d’avant l’accident, une vie organisée autour de sa fille âgée d'une vingtaine d'années aujourd'hui. Dans ce rapport, ont été évoqués les liens très forts entre Nadine Oliveira et son père décédé le 14 décembre 2009, huit ans jour pour jour avant l’accident.

Textos

La présidente a aussi fait lecture des SMS coquins échangés avec un collègue le jour du drame. S'ils sont évoqués, c'est qu'on a beaucoup parlé de ce texto reçu à 16h06, 1 minute avant la collision, qui aurait pu la déconcentrer. Mais ce message, une publicité, n'a pas été ouvert, pas plus que le précédent reçu à 15h48.

On a cru un moment qu’elle était dépressive et qu’elle avait des idées suicidaires , remarque Fabien Bourgeonnier, père d’une Loïc, décédé dans l’accident. Les sextos reçus le jour de l’accident, le rendez-vous galant prévu le même soir  prouvent le contraire, ajoute-t-il. Le père de famille, présent au procès tous les jours a regretté « toutes les manœuvres des avocats de la défense » considérées comme un manque de respect vis-à-vis des victimes, comme il l'a confié à notre équipe de France 3 Pays catalan, Laure Laure Galy et Alain Sabatier, présents sur place à Marseille.

Ce mardi 27 septembre après-midi, l'enquêtrice de personnalité ainsi que les experts psychiatres étaient attendus à la barre.

 La conductrice risque jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende. Son procès doit se poursuivre jusqu'au 6 octobre. Avec ou sans elle.

 

 

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