Inauguré en 1911, le plus vieux cinéma de France a accompagné les multiples évolutions du septième art, du film muet au blockbuster américain au budget aussi explosif que son scénario. 5 choses que vous ignorez – peut-être – sur le Castillet, à l’occasion de son 110e anniversaire.
Le Castillet avait été inauguré la même année que l’Apollo, désormais fermé. Il reste aujourd’hui le plus vieux cinéma de France encore en activité et ses huit salles proposent une programmation variée, du cinéma indépendant aux films plus grand public.
1/ Son architecture a provoqué un scandale
L’architecte Eugène Montès est à l’origine de la rénovation de la façade du Castillet. L’artiste s’associe au sculpteur Auguste Guénot et signe un bâtiment hybride – entre influences du 19e siècle et Art Nouveau, fait de courbes gracieuses et de motifs naturels, de frises florales et d’une large marquise.
Lors de l’inauguration du cinéma, le 7 novembre 1911, toute l’élite artistique perpignanaise est invitée. Des critiques et des élus se joignent également à la fête. L’ensemble du bâtiment ne fait alors guère l’unanimité et provoque même un scandale, démonté par les journalistes.
Aujourd’hui unanimement apprécié, il est inscrit depuis 1997 au titre des monuments historiques
2/ Les lieux ont été largement préservés
Si certains ornements se sont dégradés au fil des années, la façade du Castillet, boulevard Wilson, est presque identique à celle de 1911. Les frises en céramiques signées Auguste Guénot sont quant à elles en parfait état.
3/ Au début du siècle, un orchestre redonnait vie aux films muets
A l’ère du cinéma muet, le propriétaire originel du Castillet, Jean Font, avait bien compris la nécessité d’animer les séances.
Le cinéma dispose ainsi d’un orchestre qui s’efforce de rendre les films plus vivants. Jusqu’à l’arrivée du cinéma parlant en 1930, un triomphe dans la ville roussillonnaise.
4/ Son propriétaire d’origine a été décoré de la Légion d’honneur
Après plus de 25 ans à la tête du Castillet, Jean Font est décoré de la Légion d’honneur en 1936. On lui doit notamment l’organisation de séances de cinéma en plein air, qui connaissent un franc succès dans les années 1920, et l’instauration de tickets de réduction pour inciter les classes moyennes – et notamment les familles – à se rendre au cinéma après la Seconde Guerre Mondiale.
Passionné par le monde du spectacle, Jean Font mélange les genres. Il propose, en plus des projections de films, des opérettes ou encore des pièces de théâtre au sein même du Castillet. Une loge d’artiste est même construite en 1919 pour s’adapter à cette nouvelle programmation.
5/ Avant la crise du Covid… Le Castillet avait déjà connu une longue fermeture
Souvenez-vous : pendant la crise sanitaire, les cinémas ferment leurs portes à deux reprises, au grand désarroi des exploitants et des spectateurs, avides de retrouver les salles obscures.
Un moment historique ? Le Castillet, comme l’ensemble des salles de cinéma de France à cette époque, n’en était pourtant pas à son coup d’essai. Pendant la Grande Guerre, toutes les salles ferment en soutien aux soldats partis au front.
Les conséquences financières sont désastreuses pour le Castillet. Il ne rouvre qu’en mars 1915 avec l’aval du maire de Perpignan, Denis Joseph – à la condition de reverser une partie de ses bénéfices à des œuvres de charité.