Procès de l'accident de Millas. "Nous sommes victimes, pas coupables" : les familles des victimes dénoncent un déferlement de haine sur les réseaux sociaux

Au nom des familles, les pères de deux enfants décédés dans l'accident ont fait part du harcèlement et d'une campagne sur les réseaux sociaux à l'encontre des parents des victimes et envers les enfants blessés.

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Rien. Absolument rien ne leur aura été épargné. La peine incommensurable de perdre un enfant. Les blessures, visibles ou pas, la douleur - indicible - les images d'horreur gravées à jamais dans leur chair et leurs têtes, la culpabilité des survivants, la survie des parents "morts-vivants" et le procès sans la conductrice qui craque au bout de la première la semaine. C'est ce que l'on a pu voir pendant trois semaines au procès du terrible accident de Millas.

Six enfants sont morts dans le car conduit par Nadine Oliveira. 17 autres ont été blessés. La plupart sont venus à la barre exprimer leur souffrance, leur survie. D'autres adolescents ont suivi chaque minute de ce procès dont ils attendent des réponses. Une justice qui les reconnaisse comme des victimes. Ce procès n'a pas manqué d'humanité, ni de dignité. 

Après la peine, la haine

Après la peine, la haine. A l'issue de trois semaines harassantes physiquement et nerveusement, Stephan Mathieu, père d'Ophélia, 13 ans, et Fabien Bourgeonnier, père de Loïc, 11 ans, tous les deux décédés dans l'accident ont une dernière fois pris la parole devant les médias. Eux, les victimes ont fait l'objet tout au long du procès d'une campagne de haine sur les réseaux sociaux.

"On est constamment harcelés par des gens qui ne sont pas vraiment au courant de la situation envers les parents d'enfants décédés que nous sommes.

Nous voulons dénoncer un acharnement de personnes qui nous désignent comme des coupables.

Stephan Mathieu

Père d'Ophélia, 13 ans, décédée dans l'accident

Les victimes et les coupables

"Il faut tout remettre à sa place : les coupables et les victimes. Nous avons assisté à tout le procès : on sait très bien qui est la coupable, c'est madame Oliveira, la conductrice du bus et les victimes, ce sont les parents des enfants décédés, les parents des blessés  et les enfants blessés. Il faut arrêter de harceler Fabien Bourgeonnier car c'est lui qui reçoit tous ces messages. C'est un ras-le-bol que nous souhaitons exprimer, souligne Stephan Mathieu. Ce sont des attaques, dont nous parents nous sommes victimes, mais aussi les enfants blessés."

Dès qu'on s'exprime on est "les méchants" et elle, Nadine Oliveira c'est "la gentille". Ce n'est en rien l'histoire du pot de terre contre le pot de fer.

Fabien Bourgeonnier

Père de Loïc, 11 ans décédé dans l'accident

Pas de complot

"Il y a eu un procès, des investigations qui ont stipulé qu'elle était responsable de l'accident et la SNCF est hors de cause. Il faut arrêter tout ça. Ce n'est pas un complot de l'Etat. Les premières victimes ce sont nos enfants, et nous les parents. Nadine Oliveira n'est pas une victime. Les enfants blessés et nous, voulions des réponses que nous n'avons malheureusement pas eues car elle a été hospitalisée".

Nos enfants se font insulter sur les réseaux sociaux. On leur dit qu'ils ont touché de l'argent de la part de la SNCF ... Tous ces enfants n'ont pas choisi d'être dans ce car scolaire.

Fabien Bourgeonnier

"La fédération française d'aide aux victimes s'est exprimée. Elle intervient dans des dossiers contre la SNCF. Pas de celui qui nous concerne. Une femme m'a appelé en disant qu'elle connaissait le dossier mieux que moi, une autre qu'un 7eme enfant, le fils de la conductrice était décédé dans l'accident. Il faut arrêter tout ça !" supplie Fabien Bourgeonnier.

5 ans d'emprisonnement dont quatre avec sursis ont été requis contre la conductrice du car jugée pour blessures et homicides involontaires. Le jugement a été mis en délibéré. Il sera rendu le 18 novembre 2022 à Marseille.

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