De père en fils : quand l'extrême droite radicale se structure en dynastie militante sur une terre de gauche

Deux frères comparaissent jeudi 3 octobre 2024 devant le tribunal correctionnel d'Albi (Tarn) pour provocation à la haine raciale. Géraud et Foucauld Pacotte appartiennent à une famille devenue incontournable dans les milieux d'extrême droite du Tarn et de la région toulousaine.

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Dans le Tarn et à Toulouse (Haute-Garonne), le nom Pacotte résonne comme celui de d'ultra-droite. Du patriarche ex-FN à ses fils, en passant par un gendre, cette famille marque de son empreinte le mouvement de l'extrême-droite radicale dans la région.

Jeudi 3 octobre 2024, deux membres de la fratrie comparaissent pour "provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion". Géraud et Foucauld Pacotte sont accusés d'avoir collé des affiches d'extrême droite près d'une discothèque à Albi en décembre 2023. "Les frères Pacotte sont convoqués dans le cadre d'une Convocation par Officier de Police Judiciaire" précise la Procureure de la République, Stéphanie Bazart.

Christophe Pacotte : le patriarche militant

À la tête de cette dynastie militante se trouve Christophe Pacotte. Ancien du Front National dans les années 80, il est un membre important du Bloc Identitaire à Bordeaux en 2008. Après un passage comme chef de cabinet de Robert Ménard à Béziers en 2014, il pose finalement ses valises dans le Tarn afin d'y ouvrir un commerce.

Malgré ses activités, "le patriarche" n'a pas abandonné ses activités militantes en devenant président du Cercle des Capitouls, association toulousaine proposant des conférences d’intervenants d'extrême droite : Renaud Camus, promoteur auteur du livre "Grand remplacement", Victor Aubert, président d'Académia Christiana mouvement catholique traditionaliste d’extrême droite que le gouvernement a voulu dissoudre, Bernard Lugan, historien français africaniste d'extrême droite ou encore Stéphane Ravier, ancien sénateur de Reconquête (parti qu'il a depuis quitté). 

Des fils sur les traces du père

Ses fils ont suivi ses traces dans le militantisme d'ultra droite. Le premier, passé par le Prytanée National Militaire, a été, selon son profil LinkedIn, surveillant à l'école du Sénevé, un établissement hors contrat créé par l'extrême droite à Castres (Tarn).

Mais le plus connu est assurément Enguerrand Pacotte. Il est l'ancien leader du groupuscule identitaire basé à Toulouse (Haute-Garonne), Furie Française. Son nom est apparu dernièrement dans la presse bretonne. Le militant d'extrême droite avait déclaré une mobilisation à Pontivy pour le 2 décembre 2023 "en hommage à Thomas", tué à Crépol (Drôme). Un rassemblement finalement interdit par la préfecture.  

"Malko", le gendre

Mais il y a également les "pièces rapportées". "Malko" est un membre à part entière des Pacotte. Marié à l'une des filles Pacotte, il s'est déjà illustré en 2014 pour des faits de violence. Alors âgé de 24 ans, il est jugé pour avoir agressé un couple, avec huit autres militants armés d'une barre et d'une batte, au motif qu'il aurait été "antifasciste". Fervent supporter de l'Olympique Lyonnais, il est considéré à l'époque comme "l'homme violent et le bras armé des identitaires" locaux. Il a été condamné en appel, en mars 2015, à cinq ans de prison, dont un an avec sursis pour "violences aggravées en état de récidive et port d'armes prohibées".

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Selon le parquet d'Albi, "Géraud et Foucauld Pacotte ne se revendiquent pas du groupuscule Patria Albigès." 

Enguerrand Pacotte a apporté son soutien aux militants de Patria Albigès jugés à Albi en 2023 pour incitation à la haine raciale. Malgré leurs affirmations d'autonomie, ces groupes identitaires ont collaboré régulièrement avec le parti Reconquête d'Eric Zemmour, comme lors d'une campagne contre des lectures de drag-queens à Toulouse.

En décembre 2023, Clément Cabrolier, leader de Patria Albigès et fils de l'ancien député RN Frédéric Cabrolier déclarait lors du procès de plusieurs militants ayant affiché des messages contre les migrants : "On assume ce qu'on a fait. Sans aucun problème. C'est un geste politique, c'est-à-dire que ça venait en réaction à une attaque au couteau d'un demandeur d'asile syrien qui n'avait rien à faire sur le territoire. Ça attaquait des enfants, ce qui nous paraissait important en tant que jeune lanceur d'alerte, de réagir et pour justement informer, alerter. (...)C'est juste une action politique qui vient critiquer un phénomène."

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