De Génération identitaire à Furie Française : Entre militantisme local d'ultra droite, provocations, et liens familiaux

Dans un contexte tendu, la préfecture de Haute-Garonne a décidé d'annuler le rassemblement prévu à Toulouse ce vendredi 8 décembre 2023, organisé par le groupuscule d'extrême-droite "Furie Française". Le groupe, à l'origine d'une récente controverse autour d'une lecture pour enfants, est associé à des actions contre l'immigration. Et suscite des inquiétudes croissantes au sein de la communauté locale.

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Le rassemblement organisé à Toulouse (Haute-Garonne) par des groupuscules d'extrême-droite, le vendredi 8 décembre 2023, n'aura finalement pas lieu. Dans un contexte particulièrement explosif, la préfecture a préféré annuler la manifestation, prévue à 19h place des Puits-clos dans l'hypercentre de la Ville rose.

"Ce rassemblement qui intervient dans un contexte national de tensions, notamment à l’appel des membres d’ex Génération Identitaire, devrait attirer plusieurs groupuscules d’ultra-droite à l’image du groupe tarnais Patria Albiges. Or, en réaction à ce rassemblement, la mouvance ultra-gauche et antifasciste toulousaine a lancé un appel à un contre-rassemblement non déclaré, sur les réseaux sociaux, le vendredi 8 décembre 2023 de 19h à 21h, place des Puits-clos. Si les deux groupes opposés se trouvent en contact, il est à craindre que des affrontements violents se déroulent", indique la préfecture de Haute-Garonne, dans un communiqué diffusé dans la soirée du jeudi 7 décembre.

L'ensemble du centre-ville toulousain est par conséquent interdit à manifester.

"Un mouvement de jeunesse communautaire, toulousain et enraciné"

Le rassemblement est à l'initiative d'un groupuscule identitaire nommé Furie Française, basé à Toulouse. Ce nom est apparu plusieurs fois ces derniers mois dans l'actualité. Ses membres sont d'ailleurs à l'origine du mouvement de dénonciation d'une lecture pour enfants dans une médiathèque de Toulouse (Haute-Garonne) par deux drag-queens en janvier 2023. 

À lire aussi : Sous pression de l'extrême-droite, le maire de Toulouse "réoriente" une lecture pour enfants animée par des drag-queens

Les militants de Furie Française appartiennent aux 1.500 personnes des groupuscules d'ultra droite en France, selon les autorités. Sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram, ils se présentent comme un "collectif militant" et "un mouvement de jeunesse communautaire, toulousain et enraciné".

Avec près de 4000 abonnés, le groupe a gagné en visibilité ces derniers mois, suscitant des préoccupations et des interrogations au sein de la communauté locale. Manifestations contre l'immigration, polémique sur l'insécurité et le pass sanitaire durant la crise Covid. Né sur les cendres de Générations Identitaires, il en reprend les méthodes d'agit-prop (agitation et propagande) défendant se réclamant des racines chrétiennes, s'opposant à l'immigration et prônant des valeurs traditionalistes et virilistes.

"Nous nous dressons contre les fléaux de notre temps : wokisme, invasion migratoire... Notre ADN est celui des lanceurs d'alerte qui refusent de voir dépérir leur civilisation en restant les bras croisés" indiquent-t-ils sur leur site internet.  

Ils n'hésitent d'ailleurs pas à donner du coup de poing. Comme le 11 septembre 2021, où plusieurs d'entres-eux participèrent à l'attaque de militant d'extrême-gauche dans une manifestation organisée à Toulouse (Haute-Garonne) contre le pass sanitaire.

Les "cousins" de Patria Albiges

Plusieurs anciens membres de GI ont participé à la création du groupe la Meute qui deviendra par la suite Furie Française.Les identitaires toulousains s'avèrent très proches de leurs "cousins" du Tarn, Patria Albiges. Ces derniers ont récemment fait parler d'eux après des agressions de syndicalistes (leur porte-parole Lorenzo Baudino avait été condamné à huit mois de prison
avec sursis pour des violences avec arme en réunion le 3 avril dans une procédure de
plaider coupable) et une propagande raciste.

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La proximité entre Furie Française et Patria Albiges s'affiche sur les réseaux sociaux à travers des vidéos de leurs "week-end de cohésion". ©Furie Française et Patria Albiges - Instagram

Une proximité qui s'affiche sur les réseaux sociaux à travers des vidéos de leurs "week-end de cohésion" mélangeant albigeois et toulousain où le 26 septembre 2023 au tribunal correctionnel d'Albi (Tarn). "Lors de mon agression de mars 2023, à Albi, ce sont deux membres de Furie Française qui étaient à l'initiative du groupe de 7 personnes qui m'ont agressé et contre qui j'ai porté plainte" rapporte Antonin Vaïsse, syndicaliste CGT et militant antifasciste.

A lire : "C'est irrespectueux" : pourquoi le procès des militants d'extrême droite Patria Albiges a été reporté

Ce jour là, trois membres du groupuscule tarnais comparaissait  pour "provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion" après une campagne d'affichage dans les jardins publics d'Albi (procès repoussé au 12 décembre 2023). Parmi les soutiens aux prévenus sont présents des Toulousains du groupuscule Furie française, dont leur leader, Enguerrand Pacotte. 

Des liens familiaux 

Le nom de ce dernier est récemment apparu dans la presse bretonne. Le militant d'extrême-droite avait déclaré une mobilisation à Pontivy pour le 2 décembre 2023 "en hommage à Thomas", tué à Crépol (Drôme). Un rassemblement finalement interdit par la préfecture. 

Le Toulousain baigne depuis tout petit dans le milieu identitaire. Son père n'est autre que Christophe Pacotte, à l'origine de la création du Bloc identitaire (BI) sur Bordeaux et sa région à la fin de l'année 2008. Militant au Front national au milieu des années 80 en région parisienne, puis dans le Morbihan, il sera candidat à différentes élections, avant de s’installer dans la région bordelaise. Il sera nommé chef de cabinet de Robert Ménard à la mairie de Béziers en 2014, avant d'animer la campagne départementale du FN dans l'Hérault l'année puis de poser définitivement ses valises dans le Tarn. 

Rien d'exceptionnel. Le chef de Patria Albiges, Clément Cabrolier n'est autre que le fils du député du Tarn (Rassemblement National) Frédéric Cabrolier. 

Cheville ouvrière de l'extrême-droite française

Furie Française se revendique être "une organisation politique, 100 % autonome". Pourtant, partout en France les groupes issus de Génération Identitaire entretiennent des liens étroits avec le parti Reconquête. À Toulouse, au début de l'année 2023, les militants identitaires de la Ville rose avaient lancé la contestation contre l'animation de drag queen à destination d'enfants à travers une pétition "contre les lectures drag à l'intention des jeunes enfants". Le mouvement de protestation avait été relayé et amplifié par des représentants de la formation politique d'Eric Zemmour. 

L'ancienne candidate de Reconquête aux législatives dans le Tarn, Laura Ponce, est ainsi membre de Patria Albiges. Elle participe aux week-ends de cohésion avec Furie Française ou encore aux différentes mobilisations pour Thomas, dans la préfecture du Tarn le 27 novembre 2023 comme elle le montre sur ces photos publiées sur son profil Facebook. 

Une manifestation à laquelle s'est également rendu Benjamin Cauchy, ancien membre de Reconquête.

"Furie Française a également développé des liens affinitaires et politiques avec les organisations syndicales étudiantes de droite de l'UNI et de la Cocarde, assure Antonin Vaïsse. La Cocarde, traditionnellement liée au RN et aux groupes identitaires, a été délaissé au profit de l'UNI, réunissant toute la droite issue à la fois des Républicains, de Reconquête ou du RN. Un lissage politique qui a amené l'UNI à participer à des rassemblement devant la basilique Saint Sernin ou à l'occasion "d'hommages" à Thomas. L'UNI a directement appelé à rejoindre ces manifestations organisées par Patria Albiges et agrémentées de la présence de plusieurs membres de Furie Française."

Comme pour Patria Albiges, plusieurs élus ont réclamé la dissolution de Furie Française. Des déclarations pour le moment, sans effets. Une fois interdits, ces groupes se reforment le plus souvent sous une nouvelle identité. Depuis plusieurs semaines, à Toulouse comme à Albi, un nouveau nom apparaît sur des stickers et des affiches : Argos France, présenté comme le nouveau Génération Identitaire.

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