"Ce n’est pas la baguette magique" : 4 questions aux parents d'élèves sur l'uniforme à l'école

Le gouvernement souhaite tester l'uniforme dans les écoles, collèges et lycées des collectivités volontaires. Du côté des associations des parents d'élèves, la nouvelle divise.

"L’uniforme est une mesure de lutte contre le harcèlement, d’amélioration du pouvoir d’achat des familles et il fédère les élèves" tweetait le 8 décembre Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.

Martine Vassal est favorable à l'expérimentation de l'uniforme dans les collèges publics du département. Du côté des associations des parents d'élèves, la nouvelle divise.

France 3 Provence-Alpes a échangé avec Isabelle Ferry présidente de l'union académique Aix-Marseille pour la Fédération des Parents d’Elèves de l’Enseignement Public (PEEP) et Grégoire Ensel président national de la Fédération des Conseils de Parents d'Elèves (FCPE).

Qu'attendez-vous de cette expérimentation de l'uniforme? 

"On mise sur l’expérimentation pour gommer nos questions sur le port de l'uniforme : est-ce que cela va réduire les inégalités ? Permettre de mieux faire respecter le règlement intérieur ? Est-ce que cela va créer un sentiment d'appartenance à l'école", détaille Isabelle Ferry.

De son côté, la FCPE a un avis plus tranché : "Notre parti pris c’est de dire que ce n’est pas efficace, explique Grégoire Ensel. On va la laisser l'expérimentation se dérouler mais on attend qu’on en tire les enseignements scientifiques, qu'on puisse comparer entre 2023 et 2024 le climat scolaire dans les établissements."

L'uniforme peut-il permettre de réduire les inégalités entre les élèves?

"Tout dépend, nuance Isabelle Ferry. Nos adolescents sont débordants d'imagination. Ils trouveront d'autres moyens pour montrer leurs personnalités. À travers leurs chaussures, les bijoux, leurs sacs ou encore leurs coupes de cheveux."

Pour la PEEP, "plus de mixité dans les écoles, permettrait d’apprendre à connaître l’autre et d’éviter les préjugés". Point sur lequel s'accorde la FCPE. "On pourra toujours identifier le milieu social d’un enfant, ajoute Grégoire Ensel. Certains enfants porteront des uniformes trop grands car leurs parents n'ont pas les moyens de les changer , d'autres réutiliseront celui du grand frère ou de la grande sœur. Il y aura aussi toujours des chaussures usées."

"L’uniforme vient cacher le fait qu’il manque des professeurs dans les classes et qu'il y a un manque de mixité sociale dans les établissements", poursuit  Grégoire Ensel. 

Pour lutter contre le harcèlement scolaire, l'uniforme peut-il être efficace? 

"Les cas de harcèlement ne sont pas forcément liés à des cas de tenue vestimentaire, insiste Isabelle Ferry. C'est davantage lié à des questions de handicap, de résultats scolaires. Le harcèlement part aussi de détails : un regard qui ne va pas, des relations amoureuses ou encore des amitiés qui se brisent." 

"On se dit souvent qu’en maîtrisant l’habit on maîtrise l’attitude des élèves, ajoute Grégoire Ensel. Ce n’est pas la bonne réponse à la question du climat scolaire. L’uniforme n’est pas la baguette magique".

Pour Isabelle Ferry, l'uniforme n'est pas non plus la solution : "Pour lutter contre le harcèlement il faut une politique d’attaque : réagir dès les premiers signes, insiste-t-elle. On sait qu’il existe du harcèlement dans tous les établissements scolaires. Dès qu'un cas est signalé il faut enquêter et ne pas hésiter à convoquer les élèves concernés dès le début." Selon elle, l'uniforme peut cependant "permettre de créer de meilleurs groupes de classe".

Grégoire Ensel ne partage pas entièrement cet avis. Selon lui  : "L’uniforme ne protège pas. La clef pour lutter contre le harcèlement c’est d’avoir plus d’adultes présents pour détecter les signaux et protéger les victimes. "

Pour les familles, quelles problématiques l'uniforme peut-il poser?

Pour la PEEP comme pour la FCPE, la question du coût pour les familles est centrale. "On veut que l'uniforme ne coûte rien aux familles, affirme Grégoire Ensel. Aucun poids ne doit peser sur elles".

Dans le cadre de l'expérimentation, le coût des uniformes devrait être pris en charge à moitié par l'Etat et par la mairie, le département ou la région qui s'est portée volontaire. Mais si l'expérimentation est un succès, qu'adviendra-t-il du coût ?

"Il y a des établissements scolaires qui ont déjà des uniformes comme le lycée hôtelier de Marseille, le coût est à la charge des familles, explique Isabelle Ferry. Comment fait-on pour aider les familles qui n’auront pas les moyens de payer les uniformes ? Il n'y a pas de marché de l'occasion en France comparé à d'autres pays. Chaque établissement va aussi vouloir son uniforme avec son blason : la personnalisation a un coût."

"La question de l'entretien et du change se pose aussi, précise-t-elle. On ne peut pas faire tourner une machine pour laver un chemisier tous les jours et un blazer peut vite s'abîmer si on le met en machine."

Le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal doit préciser les contours de l'expérimentation cette semaine.

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