Les 101 conseillers municipaux de Marseille élisent le nouveau maire ce lundi. Un vote rendu nécessaire après la démission de Michèle Rubirola le 15 décembre. Benoît Payan, le premier adjoint socialiste, est candidat à sa succession.
Qui va prendre sa place ? Cinq mois après son élection surprise à la tête de la deuxième ville de France, l'écologiste Michèle Rubirola a jeté l'éponge le 15 décembre pour des raisons de santé. Le conseil municipal se réunit donc lundi 21 décembre pour élire un nouveau maire. France 3 vous explique tout sur l'élection du nouveau maire de Marseille.
• Pourquoi Marseille doit de nouveau élire son maire ?
La démission de Michèle Rubirola quelques mois après son élection est tout à fait légale. Ce cas est prévu par le code général des collectivités territoriales dans l’article L. 2122-15. Le 16 décembre, le préfet des Bouches-du-Rhône Christophe Mirmand a entériné la décision de Michèle Rubirola, ce qui la rend définitive.
Elue le 4 juillet 2020, Michèle Rubirola, 64 ans, a choisi de quitter ses fonctions pour des raisons de santé. La tête de liste du Printemps marseillais a expliqué : "Etre maire de Marseille, c'est 300% de son temps, j’en donne 150". Début septembre, l'élue écologiste avait dû subir une intervention chirurgicale et c'est déjà le premier adjoint PS Benoît Payan qui avait assuré l'interim pendant sa convalescence.
Novice en politique, Michèle Rubirola a mis entre parenthèses son métier de médecin pour devenir maire. Mais elle ne semblait pas très à son aise dans la fonction, laissant souvent son premier adjoint en première ligne depuis son élection. Un retrait souligné dans un article paru dans le Monde en octobre et qui se faisait écho de l'inquiétude de ses adjoints. Ces dernières semaines, la rumeur enflait dans Marseille que Michèle Rubirola n'irait pas au bout de son mandat.
• Qui participe au vote ?
La Loi PLM, en vigueur à Marseille comme à Paris et Lyon, impose un mode de scrutin particulier, au suffrage universel indirect.
Ce sont les 101 conseillers municipaux élus dans les 8 secteurs de la ville, aux dernières élections municipales en juin qui élisent le maire et ses adjoints.
Le code général des collectivités territoriales prévoit qu'un successeur soit désigné dans les 15 jours suivant la démission effective du maire. Le vote a donc lieu ce lundi, lors d'un conseil municipal extraordinaire, le dernier de l'année. La séance sera présidée par le doyen des membres du conseil municipal, Guy Teissier (LR), 75 ans.
• Comment se déroule le scrutin ?
Le conseil va s'ouvrir sous la présidence de Guy Teissier, qui rappellera les modalités du vote. La séance débute par l'appel de l'ensemble des 101 élus de la ville. L'élection se fait, à bulletin secret, au scrutin majoritaire à trois tours. Après chaque tour, l'urne est ouverte et les noms inscrits sur les bulletins sont lus dans l'hémicycle.
Les deux premiers tours se jouent à la majorité absolue des voix exprimées. Il faut donc 51 voix pour élire le maire. Si aucun candidat ne l'emporte, un deuxième tour est organisé. Si besoin, un 3e tour peut avoir lieu, cette fois, la majorité relative suffit pour gagner. Et si aucune majorité ne se dégage, c'est le candidat le plus âgé qui est élu.
• Qui sont les candidats ?
Tous les conseillers municipaux peuvent se présenter comme candidats au fauteuil de maire. Désigné comme successeur par la maire démissionnaire, le premier adjoint socialiste Benoît Payan, 42 ans, portera bien les couleurs du Printemps marseillais. Michèle Rubirola a souhaité que leur "binôme continue mais s'inverse".
Pour l'heure aucun autre candidat ne s'est déclaré. En juillet, Martine Vassal, tête de liste de la droite avait renoncé à se présenter au profit de Guy Teissier, pour faire barrage à Michèle Rubirola. Lionel Royer-Perreaut, maire LR des 9e et 10e arrondissements largement réélu dans son secteur, s'était lui aussi porté candidat avant de se retirer. Seront-ils en lice lundi ?
Le groupe Une volonté pour Marseille (37 conseillers) se prononcera dimanche soir "en fonction de l'évolution de la situation du côté du Printemps marseillais", a annoncé à France 3 Catherine Pila, présidente du groupe LR.
• Quelles sont les forces en présence ?
Le Printemps marseillais dispose de 44 conseillers municipaux. Il n'a pas la majorité absolue (51 voix), et doit donc compter sur les huit élus Divers gauche du groupe de Samia Ghali. En juillet, lors de l'élection de Michèle Rubirola, la sénatrice des quartiers Nord avait tenté en vain de négocier les voix de son groupe contre le poste de premier adjoint. Si elle l'avait obtenu, elle aurait aujourd'hui en position de devenir maire de Marseille... Mais, jeudi après deux jours de silence, Samia Ghali a mis fin au suspense sur sa candidature en annonçant qu'elle voterait pour Benoît Payan.
La droite, elle, détient 41 sièges au conseil : 37 conseillers de la liste Une volonté pour Marseille, auxquels s'ajoutent cinq Divers Droite.
Le Rassemblement national compte pour sa part neuf conseillers. Ils s'étaient abstenus lors de l'élection du maire en juillet. Michèle Rubirola avait recueilli 51 voix, contre 41 pour Guy Teissier, le candidat LR.
• La droite peut-elle revenir au pouvoir ?
"Techniquement, tout est possible, explique à France 3 André Roux, professeur de droit constitutionnel à l'Institut d'Études Politiques d'Aix-en-Provence, puisque le Printemps marseillais n'a pas à lui seul la majorité absolue". Le groupe Samia Ghali votera pour Benoît Payan, c'est acquis, mais qu'en sera-t-il des Insoumis qui ne voulait pas de lui pour mener la campagne des municipales ?
"On voit mal un renversement d'alliance, estime André Roux. Je pense que les alliances qui ont été conclues au mois de juillet vont être reconduites lundi."
Candidat malheureux à la mairie, le sénateur RN Stéphane Ravier a appelé à "constituer un front pour battre la gauche." Mais, même si la droite répond à cette main tendue, le compte n'y serait toujours pas. D'autant qu'à droite, une stratégie alliance avec le parti lepeniste créerait de nouvelles divisions.
• Pourquoi les Marseillais ne revotent-ils pas ?
C'est ce que le Rassemblement national demande depuis l'annonce de la démission de Michèle Rubirola. Le RN a dénoncé un "hold-up démocratique". "Les Marseillais ont été floués, on leur a menti sur le produit, et je ne me satisfais pas de cette situation qui voudrait que le conseil municipal élise un nouveau maire, il faut que les Marseillais retournent aux urnes", a déclaré Stéphane Ravier.
Même analyse de la part de la députée LREM Claire Pitollat, qui estime que les Marseillais ont été dupés. "Mon souhait, c'est qu'on repasse par les urnes parce que ce n'est pas Benoît Payan que les Marseillais ont élu," juge-t-elle.
Mais un retour aux urnes des électeurs marseillais ne serait possible que si un tiers des conseillers municipaux démissionnaient lundi, ce qui ne semble pas d'actualité.
• Michèle Rubirola restera-t-elle au conseil municipal ?
Démissionnaire du poste de maire, Michèle Rubirola n'en reste pas moins conseillère municipale. Elle a exprimé le souhait de devenir premier adjoint de Benoît Payan et se verrait bien en charge de délégation de la santé, actuellement aux mains de Christine Juste. Mais certains émettent déjà des doutes sur ses capacités à remplir pleinement la fonction de bras droit du maire.
"Si elle nous dit qu'elle a un problème de santé, c'est la vérité. Mais alors elle ne peut pas non plus être maire-adjointe. Ce n'est pas une promenade de santé d'être maire-adjoint de Marseille", a estimé Renaud Muselier, président LR de la région et premier adjoint de Jean-Claude Gaudin pendant douze ans.
Comme en juillet, Samia Ghali, actuellement 2e adjointe, pourrait à nouveau prétendre au poste. Ces sont les conseillers municipaux qui procéderont à l'élection des 30 adjoints de la ville, dans la foulée de l'élection du maire.
• J'ai eu la flemme de tout lire. Vous pouvez me faire un petit résumé ?
Lundi 21 décembre, les 101 conseillers municipaux de Marseille élus en juin désigneront le nouveau maire et ses 30 adjoints. Il faut la majorité absolue de 51 voix pour élire le maire au premier tour, comme au deuxième. Si aucun candidat ne l'emporte, il faut un troisième tour. Cette fois, la majorité relative suffit pour gagner.
Désigné par la maire démissionnaire pour lui succéder, le premier adjoint PS Benoît Payan brigue officiellement le poste pour le Printemps marseillais. Pour l'heure, aucun autre candidat n'est déclaré. Sauf renversement d'alliance de dernière minute, son élection semble acquise dès le premier tour puisque les voix du groupe de Samia Ghali lui donnent la majorité absolue.
Michèle Rubirola souhaite poursuivre son travail au sein de l'équipe comme première adjointe au maire.