ENTRETIEN. Trafic de drogue, centre de rétention, mineurs isolés : 5 questions à Gérald Darmanin

En visite à Lyon ce vendredi 23 juin, le ministre de l'Intérieur a répondu à plusieurs questions au micro de France 3. Fusillades à Valence, insalubrité dans les Centre de rétention, expulsion de mineurs isolés : les réponses de Gérald Darmanin.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, était en déplacement à Lyon ce vendredi 23 juin. Il est venu à l'École nationale supérieure de la police, à Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, pour participer au baptême de la 74ᵉ promotion des commissaires de police. 

L'occasion de poser au ministre plusieurs questions sur l'actualité mouvementée de ces derniers mois.

  • Il y a deux jours, en plein centre de Vénissieux, il y a eu une fusillade sur fond de trafic de drogue. Les policiers disent être submergés par les enquêtes complexes et nombreuses. Est-ce que l'agglomération lyonnaise a suffisamment d'effectifs de police et de gendarmerie ?

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"La métropole lyonnaise est particulièrement touchée par la drogue. En trois ans, on a 35% de points de deal en moins et c'est grâce au travail des policiers qui arrivent à interpeller énormément de trafiquants. Ce ne sont pas simplement des points de deal que l'on supprime, c'est aussi des gens que l'on arrête, des saisies énormes supplémentaires. Nous avons entre 30 et 40% de trafiquants en plus arrêtés.

Depuis trois ans, il y a 320 policiers en plus et deux unités de CRS que j'ai mis à demeure dans la région lyonnaise. Est-ce qu'il faut encore augmenter ? La réponse est oui. 35 nouveaux policiers vont arriver en septembre et une nouvelle unité de CRS va arriver à Chassieu, il faut encore augmenter les effectifs.

Il faut aussi que les villes nous accompagnent. Quand il y a des caméras de surveillance, comme à Villefranche ou à Rieux, on arrive à faire beaucoup plus d'interpellations." 

  • Il y a quelques semaines à Valence, il y a eu trois morts, encore une fois sur fond de trafic de drogue. Est-ce que la délinquance migre vers les villes moyennes et sont-elles suffisamment dotées en effectifs de sécurité ? 

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"On augmente les effectifs de police partout sur le territoire. 8000 policiers et gendarmes de plus dans les quatre ans à venir, c'est trois brigades de gendarmerie de plus dans le Rhône.

Le fait d'avoir harcelé les points de deal à Marseille, à Lyon, fait que les trafiquants vont dans des villes dites moyennes. C'est le cas à Valence qui connaît un reflux de ces trafics de drogue. Il faut que nous adaptions notre stratégie et il faut que nous soyons davantage aidés par la technologie.

Ce n'est pas seulement la police qui a la réponse. Il faut que les consommateurs arrêtent de consommer du cannabis et de la cocaïne, s'il y a des trafics et des trafiquants, c'est parce qu'il y a des gens qui achètent. Il faut que les villes nous aident avec les caméras de surveillance. Depuis quelques semaines, nous pouvons faire voler des drones et nous voyons déjà les premières réussites de ces nouvelles technologies pour la police." 

  • Un rapport fait état de violences répétées, d'insalubrité, de manque de nourriture dans les centres de rétention administrative. Est-ce une situation acceptable ? 

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"D'abord, les personnes qui sont en situation irrégulière ne doivent pas être sur le sol national, elles doivent repartir dans leur pays. Nous les mettons dans les centres de rétention administrative, que quand on leur a dit de partir et qu'ils ne sont pas partis. 

Deuxièmement, j'ai fait le choix d'y mettre quasiment que des personnes qui sont fichées S, souvent des islamistes radicaux, ou qui ont un très gros casier judiciaire. Les mineurs et les familles ne passent plus par les centres de rétention administrative, depuis que je suis ministre de l'Intérieur. 

Nous avons créé un nouveau centre de rétention ici à Lyon et on a fait beaucoup de travaux dans l'autre centre, on y a mis plusieurs millions d'euros. Ces personnes dégradent, parfois, les lieux, ils s'en prennent aux policiers, ils font des graffitis. Ce ne sont pas les policiers qui détériorent les centres, ce sont les personnes qui n'ont pas à être sur notre sol. C'est sur l'argent public que nous faisons ces travaux."

  • OQTF. Dans la région, des mineurs isolés qui ont appris le français, qui ont un employeur ou qui ont fait des formations reçoivent des obligations de quitter le territoire. N'êtes-vous pas en contradiction avec le projet de loi immigration que vous défendez ? 

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"J'applique la loi de la République. La loi, c'est qu'une personne qui est irrégulière sur le territoire, quel que soit son âge, doit repartir dans son pays d'origine. Ma volonté, c'est de modifier cette loi pour être plus ferme vis-à-vis des étrangers délinquants, et pouvoir intégrer les personnes qui parlent français, font leur vie de famille, respectent les lois de la République, travaillent... Je souhaite que le Parlement adopte cette réforme."

  • Ces jeunes ont des tuteurs, l'État a investi sur eux et ils peuvent être reconduits à la frontière ? 

"C'est au cas par cas. Ceux qui ne parlent pas français ne peuvent pas rester. La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde comme disait Michel Rocard.

Quand vous êtes mineurs, le mieux c'est que vos parents vous élèvent. Je veux redire, que la responsabilité des parents est essentielle, qu'ils soient français ou étrangers. Quand un mineur est délinquant, c'est la responsabilité des parents, pas de la police. Quand un mineur est irrégulier sur le territoire national, c'est la responsabilité des parents de ne pas l'avoir accompagné. Il y a des exceptions, il faut évidemment que la République soit humaniste, mais ça ne peut pas être la règle. "

  • Nous avons vu la violence ces derniers mois de groupuscules d'extrême droite et d'extrême gauche, est-ce que certains sont en instance de dissolution ? 

"Oui, Les Remparts, groupuscules d'extrême droite, Génération identitaire et je regrette que le dossier de La Gale, groupe d'extrême gauche, soit encore bloqué au conseil d'État. Que ce soit l'ultra-droite, que ce soit l'ultra-gauche, que ce soit les islamistes radicaux, les opinions propres à chacun ne peuvent pas se dérouler dans la violence. S'en prendre à la propriété ou à la police, comme le font Les soulèvements de la terre, ou d'autres groupuscules, doit être condamné par tout le monde." 

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