En décembre 2022, dix personnes, dont quatre enfants, perdaient la vie dans l'incendie d'un immeuble dans le quartier du Mas du taureau, à Vaulx-en-Velin. Une marche blanche aura lieu le samedi 16 décembre en mémoire des victimes.
À Vaulx-en-Velin, le drame du 12 chemin des barques est encore dans toutes les mémoires un an après l'incendie meurtrier. On se prépare à célébrer ce tragique anniversaire.
Rappel des faits
Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2022, un violent incendie s'est déclenché dans un immeuble de sept étages. L'incendie est spectaculaire, comme le montrent des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Les récits des témoins sont glaçants : "On a entendu des cris, on a vu des gens se défenestrer", explique l'un d'eux au lendemain du sinistre. "On entendait des enfants crier au secours, des parents qui demandaient de l'aide... c'était horrible", raconte choqué, un autre habitant du quartier.
Près de 170 pompiers et 65 engins avaient été mobilisés pour venir à bout des flammes. Mais malgré cette intervention rapide des secours, dix personnes ont perdu la vie. Parmi les victimes, quatre mineurs. La fumée et les flammes s'étaient propagées depuis le rez-de-chaussée. Des habitants ont été pris au piège dans leur appartement, intoxiqués par les fumées, d'autres ont péri dans la cage d'escalier. Vingt-quatre autres résidents de l'immeuble ont également été blessés, dont quatre grièvement. Le feu, qui s'est déclaré peu après trois heures du matin dans cette copropriété, ne leur a laissé aucune chance. De ce spectaculaire incendie, la façade du 12 chemin des barques porte encore les stigmates. Le drame a eu un retentissement national. La petite commune de l'est lyonnais a vu défiler des élus, dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Élan de solidarité
Si le drame a provoqué un immense émoi, il a aussi déclenché un grand élan de générosité et de solidarité dans l'une des communes les plus pauvres de la Métropole. Dès le lendemain du drame, quelques heures après, des particuliers et des anonymes accouraient pour donner vêtements chauds, couvertures, produits de première nécessité, jouets et même de l'argent pour les 96 sinistrés, rescapés de l'incendie. Certains ont tout perdu. Pour les familles des victimes et celles qui ont tout perdu, les dons ont afflué.
Dans l'urgence, les familles évacuées avaient été mises à l'abri dans un centre de Meyzieu, avant de trouver une solution pérenne.
Une famille décimée
Sept des victimes appartenaient à la même famille : Mouna, une mère de 42 ans et cinq de ses enfants âgés de 3 à 20 ans. Cette réfugiée politique originaire de Somalie et ses enfants ont péri, intoxiqués par les fumées. Quelques mois avant l'incendie, la famille voulait quitter les lieux. "Elle savait que le hall d'entrée était exploité par des dealers. Elle avait peur pour elle et surtout pour ses filles," expliquait l'an dernier une proche de la disparue. "Elle disait : on avait l'impression de payer un péage pour rentrer chez nous", ajoutait-elle. "Chaque fois qu'on leur rendait visite, l'odeur de drogue collait à nos vêtements. Personne ne pouvait rien dire sans s'exposer à des problèmes".
Les trois autres enfants de la victime, âgés de 17, 18 et 19 ans, avaient sauté par la fenêtre du 4ᵉ étage au moment de l'incendie, se blessant gravement. "Ils poseront toujours la question : où sont ma mère, mes frères, mes sœurs ? Pourquoi ils sont morts ? J'espère que la justice française leur apportera une réponse pour qu'ils puissent avancer dans la vie", avait déclaré cette proche.
Des milliers de personnes étaient venues assister aux obsèques des victimes, le 23 décembre 2022. La mosquée ne pouvant accueillir tout le monde, certains priaient à l'extérieur sur les trottoirs. Pour leur rendre hommage, des Vaudais de tous âges, de tous les quartiers de la ville et de différentes confessions étaient présents. Les victimes ont été inhumées au cimetière de Vaulx-en-Velin.
Colère des habitants
"L'incendie est parti de l'allée où il y a tous les squats, les deals, les jeunes... ça fait des années que les gens demandent de l'aide", expliquait avec colère au lendemain du drame une mère de famille du quartier. Après l'émotion, l'inaction des pouvoirs publics est rapidement pointée du doigt. "La police de Vaulx-en-Velin était au courant, la maire de Vaulx-en-Velin était au courant de ce qui se passe... il faut qu'il se passe une telle horreur pour que quelque chose bouge. Mais ça ne bougera pas !", déplorait une autre habitante, partagée entre irritation et fatalisme.
Les soupçons se sont portés sur les trafiquants de drogue qui avaient investi le hall d'entrée de l'immeuble. Le hall avait été aménagé avec des branchements électriques sauvages et des radiateurs d'appoint. Le canapé qui s'y trouvait se serait embrasé. La vétusté du bâtiment, une copropriété dégradée pour laquelle la métropole de Lyon avait voté un plan de sauvegarde, avait également été avancée.
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Où en est l'enquête ?
Trois jours après l'incendie, le parquet de Lyon avait annoncé l'ouverture d'une information judiciaire, notamment pour "dégradation volontaire par incendie ayant entraîné la mort". Un an après le drame, l'enquête est toujours en cours.
Le 5 décembre, huit suspects, âgés de 19 à 22 ans et déjà connus des services de police pour des faits de violence ou de trafic de stupéfiants, avaient été interpellés, avaient été placés en garde à vue. Ils étaient soupçonnés d'avoir régulièrement squatté le hall de l'immeuble sinistré, qui était devenu un point de deal, selon plusieurs témoignages de riverains. Les gardes à vue ont été levées dans la soirée du 6 décembre. Les investigations se poursuivent.