Présents dans le Grand Théâtre de Dijon depuis le 15 mars, les occupants réclament notamment l'abrogation de la réforme de l'assurance chômage. Le mouvement, initié par les intermittents du spectacle, organise des agoras et des assemblées générales pour faire avancer ses revendications.
Le Grand Théâtre de Dijon comme lieu de réflexion et d’échange d’idées. Depuis le 15 mars dernier, les intermittents du spectacle réunis dans la Coordination des Interluttants et Précaires (CIP) de Bourgogne occupent le centre culturel jour et nuit. Ils y organisent des moments de discussion et d’échange pour faire entendre leurs revendications et obtenir des avancées sociales en temps de pandémie.
Voilà bientôt 15 jours que 50 à 60 volontaires se relaient régulièrement pour tenir le pavé et faire entendre leur voix. Une action qui s’inscrit dans le mouvement national d’occupations de théâtres inauguré à l’Odéon à Paris le 4 mars dernier.
Faire entendre tous les précaires
"Occuper le théâtre de Dijon, c’est avoir un lieu de travail, pouvoir faire venir des gens qui vont témoigner sur leur précarité, mais aussi faire un travail de pédagogie", décrit Agnès, intermittente chargée de production dans le spectacle vivant.
On est vraiment dans la solidarité. Et puis dans la pédagogie sur la précarité dans son ensemble et pas seulement le secteur culturel.
Si le mouvement a été initié par des acteurs du monde de la culture, l'ensemble des corps de métier peuvent participer et aussi les étudiants qui vivent une année scolaire spéciale. "On se bat pour tous les précaires avant tout. Ça va bien au-delà de la précarité dans le monde culturel", explique celle qui s’occupe de la communication pour la CIP.
Alexis Louis-Lucas fait partie des intermittents qui occupent le Grand Théâtre. Au total, il a été présent près de 10 soirs et jours dans l’établissement. "On se sent isolés, et ça nous réveille de retrouver un mouvement. C’est un laboratoire d’idées. Tout ça, c’est très motivant. Ça fait du bien", confie le comédien.
Des moments d'échange et de réflexion
Concrètement, chaque jour de 12h à 15h, le mouvement organise des agoras sur le parvis du théâtre où ceux qui le souhaitent prennent la parole. "On a eu une délégation d’archéologues qui est venue, des aides à domicile. Ce sont des moments très riches de partage", explique Agnès.
Des assemblées générales ont ensuite lieu l’après-midi, regroupant 15 à 20 participants quotidiennement. "Notre volonté c’est que les décisionnaires puissent envisager le fait que le régime de l’intermittence soit élargi à tous les précaires et qu’il y ait un vrai système d’assurance-chômage pour les précaires", détaille Alexis Louis-Lucas.
Une lutte qui passe, selon les intermittents, par l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage qui doit entrer en vigueur le 1er juillet. "C’est notre priorité, affirme Agnès. On a reproduit quelques cas concrets. C’est très parlant. C’est 24% en moins d’indemnités pour ceux qui ont cotisé à l’assurance chômage".
Le collectif a alors fondé une commission politique qui rencontrera plusieurs élus pour exposer ses différentes revendications.
C’est très stimulant intellectuellement et psychologiquement
Chaque soir, ce sont 20 personnes volontaires qui dorment dans une des pièces du Grand Théâtre de Dijon. "Il faut toujours s’assurer qu’il y a des anciens pour transmettre le relai et en même temps organiser la passation. Il ne faut pas que ce soit un cercle restreint", confie le comédien.
"Il y a beaucoup de gens qui demandent à nous soutenir", salue Agnès. Ainsi, des restaurateurs voisins et même des particuliers font souvent des dons de nourriture pour permettre aux intermittents de continuer leur combat. Une cagnotte est également disponible pour soutenir le mouvement.
Ce samedi, la CIP Bourgogne a par ailleurs organisé une scène ouverte sur le parvis du Grand Théâtre de Dijon. Une manifestation vivante où les artistes volontaires ont pu livrer une performance pour soutenir le mouvement. D’autres actions à l’extérieur auront lieu dans la semaine.