Ce mardi 16 janvier, le tribunal judiciaire de Dijon (Côte-d'Or) doit rendre sa décision dans l'affaire qui oppose les "Amis des Jardins de l'Engrenage" et la municipalité. Plus de deux ans et demi après les faits, l'association pourrait être condamnée à verser 200 000 euros de dommages et intérêts.
C'était auparavant un vaste terrain vague envahi par une nature sauvage, occupé par des militants écologistes qui prêchaient le retour des îlots de verdure en ville. L'un comme les autres ont désormais disparu : plus de deux ans après le début des travaux, des immeubles d'habitation ont remplacé les arbres et plantations des "Jardins de l'Engrenage", situés avenue de Langres à Dijon (Côte-d'Or).
L'affaire n'est pourtant pas encore terminée. Mardi 16 janvier, le tribunal judiciaire doit rendre son délibéré dans l'affaire qui oppose l'association créée par les anciens occupants du site et la municipalité. Cette dernière réclame 200 000 euros de dommages et intérêts au collectif, en raison des préjudices qu'auraient causés les 13 mois de squat. On vous résume l'histoire.
Le projet "Garden State", symbole dijonnais de l'opposition contre la "bétonisation"
Cela fait désormais près de cinq ans que le projet "Garden State" a été approuvé par le conseil municipal de Dijon (en juin 2019). Porté par le promoteur immobilier Ghitti, "une entreprise locale, familiale et indépendante de promotion immobilière", il prévoyait la création de 330 logements répartis en neuf bâtiments, à proximité de l'arrêt de tramway "Nation".
Mais ces nouvelles constructions sont loin d'être au goût de tous, a fortiori dans un quartier qui a vu les immeubles pousser au cours des dernières décennies. Un collectif réunissant notamment des militants écologistes se forme donc et investit le site en juin 2020, le transformant en "jardin partagé et occupé de l'avenue de Langres". Ensemble, les squatteurs défrichent le terrain pour "en faire des jardins, aménager de nouveaux espaces de rencontres et de respiration au cœur du quartier, planter des légumes."
Un mois plus tard, la municipalité essaie de reprendre possession du terrain. La terre est retournée et les plantations détruites, mais les occupants parviennent à faire rebrousser chemin aux deux tractopelles mobilisés. Il s'agit de la première de plusieurs tentatives d'expulsions.
La justice saisie à plusieurs reprises
En mars 2021, le tribunal judiciaire de Dijon ordonne l'expulsion du terrain, confirmant une décision de justice prononcée fin 2020. Un délai de six mois est toutefois alloué aux occupants. Pourtant, dès la fin du mois d'avril de la même année, une intervention policière se produit sur place. Une dizaine de personnes est évacuée par les forces de l'ordre. Six sont interpellées.
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La cour d'appel de Dijon se prononce à son tour sur l'affaire le 29 juin. Elle somme les squatteurs de quitter les lieux "sans délai". Les militants, eux, continuent de plaider la "concertation". "Au moment où les effets du changement climatique font souffrir les corps canicule après canicule, la sauvegarde des rares espaces naturels encore existants à Dijon devient un impératif vital, devant tout autre objectif", se défendaient-ils à l'époque.
La maison squattée est finalement détruite le 20 juillet. L'opération marque la fin de l'occupation du terrain... mais pas de l'affaire. Car l'association est toujours dans le viseur de la justice, à la suite d'une procédure engagée par la Ville. Les "Amis des Jardins de l'Engrenage" devront-ils se délester des 200 000 euros réclamés par la municipalité ? Réponse mardi.