Gustave Eiffel, bâtisseur de la tour éponyme, s'est éteint il y a un siècle, le 27 décembre 1923. L'un des plus grands ingénieurs du monde, il était également originaire de... Dijon (Côte-d'Or).
Son nom est attaché à la tour la plus célèbre de France, véritable symbole du pays dans le monde entier. À la statue de la Liberté, aussi, ainsi qu'à d'innombrables rues, ponts, bâtiments ou établissements scolaires un peu partout dans l'Hexagone. Mais avant de faire le tour du globe, Eiffel était le simple patronyme d'un certain Gustave, né à... Dijon, en Côte-d'Or.
C'est le 15 décembre 1832, dans une petite maison située le long du quai Nicolas Rolin, que celui qui deviendra l'un des plus grands ingénieurs de son époque voit le jour. Originaire d'Allemange, sa famille s'est installée dans la capitale des ducs de Bourgogne au début du 18ème siècle. À l'époque, ils portent d'ailleurs toujours le nom de "Bönickhausen dit Eiffel".
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Entre 1843 et 1850, le jeune Gustave réalise les premières années de sa scolarité dans sa ville natale. Il essaie par la suite d'entrer à l'École Polytechnique, mais échoue à l'oral du concours d'entrée. Il poursuit donc ses études à l'École Centrale de Paris, où il se spécialise dans la chimie. Gustave songe alors à reprendre l'usine de son oncle... mais une brouille entre ce dernier et le père Eiffel le contraint à changer ses plans.
Il débute par la construction de ponts
En 1856, il est recruté par Charles Nepveu, un ingénieur qui travaille dans le secteur ferroviaire. Mais la société connaît des difficultés financières et finit par être absorbée par la Compagnie Générale des Chemins de Fer. Ce qui devient une opportunité inouïe pour Gustave : à seulement 25 ans, on lui confie la construction du pont de Bordeaux.
Il reste plusieurs années dans le sud-ouest de la France, ne quittant la région qu'en 1866 pour la région parisienne. Au fil des ans et des réalisations, son nom devient synonyme de rigueur et il se voit confier des projets dans le monde entier. Dans les années 1870 et 1880, il conçoit à l'étranger la gare de Pest, en Hongrie, et le pont Maria Pia, à Porto.
Ses plus grandes créations : la statue de la Liberté et la Tour Eiffel
Et puis, à la fin des années 1870, Gustave Eiffel rejoint ce qui deviendra l'une de ses plus célèbres réalisations : la statue de la Liberté. Lorsqu'il s'y attache, le projet est déjà bien avancé. Il a en effet été initié en 1871 par Auguste Bartholdi, un célèbre sculpteur français, qui s'était associé à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc (l'homme qui a conçu l'ancienne flèche de Notre-Dame de Paris).
Mais la mort de Viollet-le-Duc en 1879 contraint Bartholdi à changer son fusil d'épaule. Il fait donc appel à Gustave Eiffel, qui s'avère décisif dans la conception de la structure de la statue. L'ossature conçue par le Dijonnais est un ouvrage massif de 120 tonnes, qui devait être capable de soutenir 80 tonnes de cuivre. Pari réussi.
C'est en 1880 que l'ingénieur s'attaque à son magnum opus, pour célébrer l'exposition universelle de 1889 qui doit se tenir à Paris. Il finance lui-même 80% du projet, dont la construction débute en janvier 1887 pour s'achever 26 mois plus tard. Le succès est immédiat : en quelques mois, ce sont pas moins de deux millions de curieux qui montent à son sommet.
Tout finit à Panama
L'immense réussite qu'est la Tour Eiffel conduit le Dijonnais à s'engager dans la construction des écluses du canal de Panama. Sauf que toutes sortes d'aléas - tremblement de terre, épidémie de fièvre jaune qui tue des milliers d'ouvriers - ralentissent le chantier et la Compagnie nouvelle du canal de Panama, les caisses vides, s'embourbe dans un gigantesque scandale du en partie à la corruption d'hommes politiques et de notables français.
Gustave Eiffel est lui-même entaché par ce scandale. Il est condamné à cinq ans de prison, peine annulée au terme d'un procès en appel ainsi que d'un autre en cassation. L'ingénieur se retire alors du monde des affaires et se consacre à la science. Il se passionne pour la météorologie et l'aérodynamique, jusqu'à sa mort le 27 décembre 1923.
Il repose désormais aux côtés de sa famille, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Mais il pourrait bien changer de sépulture. En mars dernier, nous vous rapportions en effet que les descendants de l'ingénieur avaient déposé une demande de panthéonisation...