Depuis ce lundi 28 novembre, l'accès aux urgences du CHU de Dijon et de l'hôpital privé de Valmy est régulé entre 17 heures et 7 heures. Il faut désormais appeler le 15 avant de s'y rendre. On vous explique les 3 raisons de ce dispositif.
Si vous voulez accéder aux urgences du CHU de Dijon et de la clinique privée de Valmy entre 17 heures et 7 heures, il faut appeler le 15. Un médecin du Samu évaluera la gravité de votre état ou vous enverra soit vers un généraliste, soit vers un hôpital en fonction de l'importance de votre situation.
Une mesure de régulation mise en place depuis ce lundi 28 novembre par les deux établissements et qui durera jusqu'à une date qui n'est pas encore définie. Mais quelles sont les raisons de ce dispositif ? On vous répond.
1 L'afflux de patients est trop important
Au CHU de Dijon, on compte près de 140 passages aux urgences au quotidien. Ces derniers jours, le nombre de patients n'a pas augmenté, mais les cas récents sont plus lourds à traiter.
Du côté de l'hôpital privé de Valmy, ce sont près de 60 patients qui viennent en moyenne. Le centre de santé constate notamment depuis vendredi une "hausse exponentielle" des arrivées aux urgences.
"Il y a une difficulté pour une prise en charge des médecins généralistes qui sont eux-mêmes débordés. Donc les gens n'ont pas d'autre solution que de venir aux urgences", constate le professeur Patrick Ray, chef de service des urgences au CHU de Dijon.
Le but, c'est d'avoir plus de temps pour se concentrer sur les patients qui nécessitent le plus de soins
Patrick Ray, chef de service des urgences et du Samu - CHU Dijon
Résultat, les temps d'attente aux urgences se rallongent. Avec ce dispositif de régulation, les hôpitaux dijonnais espèrent ainsi répartir les patients en fonction de leurs besoins et n'accueillir aux urgences que les personnes qui le nécessitent.
"On peut prendre en charge tout le monde mais avec des délais qui ne sont pas compatibles avec une médecine de qualité. On ne peut pas se permettre de prendre en charge quelqu'un qui a une entorse à la cheville au bout de 12 heures ! Ce n'est pas correct".
2 Soulager les personnels soignants
Le dispositif répond également à l'épuisement des personnels soignants. "Il y a aussi la crise hospitalière avec des équipes qui sont fatiguées, donc il faut réguler", assure le professeur Patrick Ray. À l'heure actuelle, on compte trois médecins urgentistes et trois internes pour s'occuper du service de l'hôpital, 5 du côté de Valmy.
"La régulation, c'est la meilleure solution que l'on puisse trouver au regard de la situation. On est confronté à des tensions sur les ressources humaines. Il nous manque des urgentistes", confie Aline Guibelin de l'ARS.
En ne permettant l'accès aux urgences qu'aux personnes en situation grave, le dispositif entend donc soulager les personnels soignants et également éduquer les populations. "Les gens vont être habitués et vont nous appeler", assure d'ailleurs François Arcos, médecin régulateur au Samu.
"Vous pensez que ce sera mieux comme ça ? Est-ce qu'on ne nous dira pas 'non, on ne veut pas de vous', alors qu'on en a besoin ? Il y a peut-être des gens qui abusent, mais il y en a qui vont aux urgences quand ils en ont vraiment besoin", s'inquiète une patiente.
3 Changer les habitudes des patients
Mais les professionnels de santé estiment que le dispositif assure le meilleur suivi possible aux patients. "C'est notre métier de décider tous les jours si on se contente d'un conseil, d'une visite médicale ou s'il faut passer la porte des urgences pour que le patient soit examiné", répond François Arcos.
Avec la mise en place d'un système de régulation, l'ARS espère ainsi changer certains comportements. "Il y a un recours très naturel de la population qui se présente de manière spontanée aux urgences. Il existe d’autres solutions tout aussi qualitatives. Il faut qu’on accompagne la population pour revenir sur leurs habitudes", indique Aline Guibelin.
C'est un médecin qui va réguler les appels. Ce sera beaucoup plus qualitatif pour le patient et ça évitera des passages aux urgences inutiles pour des patients qui doivent surtout voir un médecin généraliste
François Arcos, médecin régulateur au 15
En Bourgogne, les urgences de Dijon ne sont en tout cas pas les seules à sauter le pas. À Chalon-sur-Saône et à Mâcon, le dispositif a déjà été mis en place. "Il apparaît qu'il permet de sécuriser le parcours du patient et d'alléger la pression au sein des services d'urgence. On a à peu près 15 % de passages évités grâce à ce dispositif", explique Aline Guibelin.
La régulation a été également adoptée aux urgences de l'hôpital de Bordeaux, un établissement de taille plus conséquente, en réponse aux tensions estivales. Avec là-aussi, le même bilan. Pour l'heure, aucune date de levée du dispositif n'a été annoncée à Dijon.