Xavier Boidevezi et le Pr. Naïm Khan ont développé une start-up dijonnaise avec une promesse : créer un médicament qui permettrait de vaincre l'obésité. Une volonté qui provient de l'histoire personnelle de ce professeur à l'université de Bourgogne.
C'est un médicament qui provient d'une histoire personnelle : celle du professeur de physiologie à l'université de Bourgogne, Naïm Khan. "Durant mon enfance, nous vivions avec mes parents dans la campagne indienne. Nous avions un régime quasi-végétarien, pourtant, ma mère était obèse. Je n'ai jamais compris pourquoi, je pensais qu'elle mangeait en cachette !"
Il a donc cherché à traiter cette maladie et à déterminer le dénominateur commun chez les enfants ou les adultes en situation d'obésité. Ses travaux, qui ont duré plus de quinze ans, ont abouti à deux découvertes : la première, c'est celle d'un récepteur "situé sur la langue, au niveau des papilles", qui capte le goût du gras.
La deuxième est le rôle de ce récepteur : il dysfonctionne chez les personnes en situation d'obésité. "Il devient moins présent, donc elles ressentent ce besoin de manger. On s'est demandé ce qu'on allait faire pour le cibler et augmenter sa sensibilité," ajoute-t-il. Naïm Khan va donc créer Ektah avec Xavier Boidevezi afin d'accélérer le développement d'un traitement contre cette maladie.
Pour l'heure, les équipes d'Ektah viennent de terminer les études précliniques pour un traitement : des molécules biosourcées du nom de NKS3 et NKS5. Elles vont se placer au niveau des papilles et agir en tant que leurres. "Le cerveau pense qu'on mange du lipide et va réduire cette sensation de faim sans manger de gras," explique ce professeur.
Ce traitement ne devrait avoir aucun effet pour les personnes ayant un poids du corps dit "normal". "Nous craignions que notre médicament favorise l'anorexie. Mais, lors de nos études précliniques, nous avons constaté qu'il ne déclenche aucun autre paramètre dans l'organisme. Au contraire, il a même un effet anti-inflammatoire."
Un besoin de financement important
De nombreuses étapes restent à accomplir avant de pouvoir le commercialiser. D'abord, une recherche de financement : "idéalement, nous avons besoin de trois à cinq millions d'euros. Mais, avec le contexte actuel, la recherche de financement est un sujet compliqué. Nous avons donc tablé sur une ouverture de capital située entre un million et un million cinq cent mille euros," explique Xavier Boidevezi.
Cette somme devrait servir à produire les molécules en tant que médicament et à passer deux étapes. La première : une étude de toxicologie plus poussée. "Pour l'heure, nous pouvons administrer ce traitement pendant quinze jours. C'est trop peu pour déterminer si notre médicament a un réel effet," ajoute le cofondateur d'Ektah.
Deuxième étape, qui devrait débuter courant 2025 : les études cliniques sur des personnes en situation d'obésité. Si ces deux étapes se passent sans accrocs, ils devront trouver 100 millions d'euros afin de développer leurs médicaments. Cette somme semble énorme, mais les deux fondateurs d'Ektah estiment qu'ils pourront tenir le timing qu'ils se sont fixé : une commercialisation en 2030.
Cette start-up dijonnaise n'est pas la seule dans ce domaine. Le groupe pharmaceutique danois Novo Nordisk a lui aussi réalisé des essais cliniques pour développer un traitement contre l'obésité. Ce marché devrait, par ailleurs, être en plein développement dans les années à venir : Goldman Sachs estime qu'il doit dépasser les 90 milliards d'euros d'ici à 2030.