La vie d'Aurélie Fumey a basculé il y a trois ans, après qu'un Covid long lui a été diagnostiqué. Sans travail et sans aides financières, cette habitante de Brochon (Côte-d'Or) attend plus de reconnaissance de la part de l'État et du milieu médical.
Tout commence au mois d'octobre 2020. Comme des milliers d'autres Français, Aurélie Fumey est touchée par le Covid-19. Malgré des symptômes classiques pendant quelques jours, elle finit par retourner à son travail de secrétaire médicale dans un cabinet de cardiologie à Chenôve.
En décembre, rebelote. Aurélie perd le goût et l'odorat. Cette fois-ci, les symptômes ne s'estompent pas. "J'étais très fatiguée, ça ne m'a d'ailleurs jamais quitté. J’ai commencé à maigrir, car je ne pouvais plus rien manger. Je continuais à aller travailler, mais c’était très compliqué. Pour le médecin, j’avais un Covid long. J’ai passé des examens, il n’y avait rien sur les résultats. J’étais épuisée, la mémoire commençait à me faire défaut, j’oubliais les choses, je cherchais mes mots."
Toutes mes articulations me font mal. Mon corps est une douleur. J’arrive à peine à marcher, je suis tout le temps épuisée.
Aurélie Fumey
Au mois d'octobre, Aurélie n'est plus dans la capacité de travailler. Elle est finalement arrêtée un mois et doit rester chez elle, à Brochon. Cette mère de quatre enfants a déjà perdu 24 kilos. "Je n’en pouvais plus. J'ai été chez le pneumologue, le cardiologue, et il n’y avait rien d’anormal. Tout me fatiguait, j'avais l’impression d’avoir un corps 20 ans plus vieux que mon âge."
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Aurélie finit par reprendre le travail. Mais très vite, la situation devient ingérable. Sa maladie déborde sur sa vie professionnelle et personnelle. "Au travail, ça devenait compliqué. À cause de ma mémoire, je faisais des petites erreurs. Je marquais tout sur des papiers pour ne pas oublier. Les journées me paraissaient interminables. Même me rendre à l’arrêt de bus, ça paraissait compliqué. On perd beaucoup d’amis quand on a une maladie comme ça. Quand ils vont au restaurant, je ne peux pas y aller parce que je ne peux pas manger. Je ne peux pas rentrer trop tard, certains n’ont pas compris et ils sont partis. La maladie est longue donc certains finissent par te lâcher."
Le milieu médical dans l'incompréhension
En janvier 2022, Aurélie a le Covid-19 pour la troisième fois et les douleurs ne font qu'empirer. Malgré cela, le milieu médical n'a aucune réponse à lui apporter. Pire, Aurélie raconte qu'elle est souvent confrontée à l'indifférence des médecins. "J'ai eu des remarques comme : "c’est bien de perdre 24 kg aussi facilement." "Le Covid long, c’est long." "Mangez du poulet et des œufs." Certains professionnels de la santé oublient même de la rappeler pour lui donner le résultat de ses examens.
Je me sens incomprise par les professionnels de la santé : "c’est une maladie, on ne la connaît pas on peut rien faire pour vous.”
Aurélie Fumey
De mai à août 2022, Aurélie est finalement hospitalisée dans un centre de rééducation. Mais là aussi, tout ne se passe pas comme prévu. "On m'annonce que j'ai le corps de quelqu’un qui a été alité pendant plusieurs mois, que je n'étais pas loin du fauteuil roulant. On a fait le fameux test d’efforts, mais je ne pouvais pas pédaler, je ne pouvais pas marcher. Je suis finalement ressortie en n’ayant rien appris. La conclusion : ils ne peuvent rien faire pour moi."
"Nous sommes des dommages collatéraux"
Aurélie doit finalement se résoudre à entamer un dossier pour les reconnaissances de travail en situation de handicap. C'est à ce moment-là qu'elle perd son travail. "Mais on a refusé mon invalidité. Je n’ai pas le droit à toutes les aides. Je suis licenciée parce que je suis trop malade, mais je dois retourner travailler pour gagner de l'argent."
Je ne supporte plus le froid, le vent, la climatisation. J'ai toujours une couverture sur les genoux. Si je touche quelque chose de froid, ça me fait mal dans tout le corps.
Aurélie Fumey
Aujourd'hui, cette femme âgée de 50 ans attend plus de reconnaissance de la part de l'État et du milieu médical. "Certains se retrouvent en précarité parce que personne ne reconnaît cette maladie. On n'entend jamais parler de Covid long. Nous sommes les oubliés de la pandémie, des dommages collatéraux. On ne parle pas de nous, mais je veux montrer que cette maladie existe et qu'elle nous a volés notre vie d’avant parce qu’on n’est plus du tout pareil. On est diminué physiquement et mentalement."
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Malgré trois années difficiles, Aurélie a toujours pu compter sur le soutien de son entourage. Sa famille et ses plus proches amies la soutiennent dans son combat. "Il faut un travail adapté à notre état et des aides financières. Pour l’instant, je suis encore en période de congés payés. Mais mon mari est à la retraite et ce ne sera pas suffisant. Même si j’ai mal et que je suis fatiguée, je vais devoir retourner travailler."