Témoignage. "Toute ma famille est là-bas, c'est l'enfer" : les émeutes en Nouvelle-Calédonie inquiètent ce Dijonnais

Publié le Écrit par Vincent Constant
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Depuis la Côte-d'Or aussi, les émeutes en Nouvelle-Calédonie inquiètent. Édouard Waminya, comédien dijonnais, a toute sa famille et de nombreux amis sur l'archipel. Avec les informations de ses proches et les nouvelles des médias et des réseaux sociaux, il tente de rester positif et de ne pas céder à la peur.

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Cela fait maintenant deux nuits que les émeutes ravagent la Nouvelle-Calédonie. La faute à la révision constitutionnelle réformant le corps électoral de l'archipel, violemment rejetée par les indépendantistes. L'Assemblée nationale a d'ailleurs approuvé le texte ce mercredi 15 mai avec 351 voix pour et 153 contre.

Si cette annonce pourrait bien raviver la flamme de la révolte, les différents partis néo-calédoniens ont appelé au calme. Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de déclarer l'état d'urgence. À noter qu'après les trois premiers morts recensés lors des affrontements, c'est un gendarme de 22 ans qui a perdu la vie aujourd'hui, selon Franceinfo.

Pour Édouard Waminya, comédien dijonnais originaire de l'archipel, ce conflit, bien que lointain, le touche personnellement : toute sa famille est actuellement en Nouvelle-Calédonie. De quoi nourrir des inquiétudes au regard de la violence des émeutes.

"J'ai eu mes parents à 2 h du matin cette nuit"

Habitant de l'hexagone depuis le début des années 2000, ce métis né d'une mère métropolitaine et d'un père kanak, a laissé une partie de sa vie au milieu de l'océan Pacifique sud. "J'y ai passé mes 20 premières années", confirme le comédien. "Toute ma famille est là-bas, mes parents, mon frère, toute la famille du côté de mon père... J'ai aussi beaucoup d'amis à différents endroits de l'archipel. C'est surtout par eux que j'ai des informations sur ce qu'il se passe vraiment là-bas."

Même si la Nouvelle-Calédonie dort profondément, sous la grisaille de cette fin d'après-midi en Côte-d'Or, ce Dijonnais est suspendu à son téléphone. Malgré les 9 h de décalage, Édouard Waminya essaye de garder le contact avec ses proches qui résident dans l'archipel. "Forcément avec le décalage ce n'est pas facile", confie-t-il. "Je passe une bonne partie de ma journée à regarder Messenger pour avoir des nouvelles de mon frère, qui est dans le Sud. J'ai eu mes parents au téléphone à deux heures du matin cette nuit, pour eux c'est la journée. Ils me disent que pour faire les courses c'est très compliqué. J'échange aussi dès que je peux avec mes amis. Certains sont à Nouméa, c'est là que tout se passe."

"C'est la première fois que les tensions franchissent un tel cap"

Selon lui, les affrontements sont surtout concentrés dans la capitale. Ses parents sont plus au Nord, "à la limite des zones dangereuses". Alors forcément, pour le quarantenaire, il y a la peur que le conflit s'étende et dure. "En 84, j'étais trop petit pour m'en rappeler, mais pour moi c'est la première fois que les tensions franchissent un tel cap, c'est très inquiétant. Je n'arrive pas à imaginer comment la situation va évoluer. L'état d'urgence a été déclenché, moi je pense tout de suite à ce qu'il s'est passé avec les gilets jaunes. J'ai des amis qui me disent qu'ils voient passer des blindés dans les rues, des incendies... Ça fait peur."

Pour le Dijonnais, ces émeutes sont le fruit "d'un ressentiment nourri depuis longtemps". "C'était vraiment prévisible que la situation allait dégénérer", regrette Édouard Waminya. "Depuis des semaines là-bas tout le monde savait que ça allait arriver. Après les trois référendums et en particulier le dernier, il y a de la colère qui a été engendrée chez les indépendantistes et là on en voit juste la matérialisation. Des deux côtés, il y a une forme de racisme gardé caché depuis longtemps qui s'exprime librement aujourd'hui."

Si le Dijonnais n'est pas confiant quant à la capacité du gouvernement à résoudre le conflit, il espère que "tout le monde pourra retrouver le calme et réouvrir les discussions" afin de pouvoir avancer sur les choses importantes pour la population de l'archipel.

Pour suivre l'évolution de la situation en Nouvelle-Calédonie, n'hésitez pas à consulter les sites de Franceinfo et Nouvelle-Calédonie la 1ère.

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