​​​​​​​COVID-19 : comment et à qui les pharmacies distribuent les masques de protection contre le coronavirus ?

Depuis que l’épidémie de coronavirus COVID-19 sévit en France, les masques de protection sont devenus un enjeu important, car il n’y en a pas assez pour tout le monde. Conséquence : leur distribution est très encadrée. On vous explique comment ça marche.


Alors que l’épidémie de coronavirus COVID-19 a déjà fait plus de 18 000 morts en France à la date du 17 avril, les masques de protection restent des objets rares, qui déclenchent parfois des conflits incroyables. On se souvient par exemple des masques commandés par la région Bourgogne-Franche-Comté, qui ont été purement et simplement réquisitionnés par la préfecture du Grand Est.

L’Etat, qui a reconnu que la France était "à l'évidence mal préparée", a commandé des millions de masques. Mais, il en faut des quantités astronomiques dans la mesure où il faut changer de masque toutes les trois heures en principe.   

Résultat : dans ce contexte de pénurie, les masques chirurgicaux et FFP2 sont réquisitionnés par l’Etat et distribués uniquement aux professionnels de santé. Leur distribution, qui est très réglementée, passe par plusieurs circuits.
 Reportage de Muriel Bessard, Tiphaine Pfeiffer et Cécilia Ngoc avec :
-Thierry Quentin, pharmacien, directeur de l'établissement OCP Bourgogne
-Pierre-Olivier Variot, pharmacien

 

1-A qui les masques sont-ils distribués dans les pharmacies ?


Les hôpitaux, Ehpad, pompiers, policiers, gendarmes, prisons, etc sont en principe approvisionnés directement par l’Etat.

Un autre circuit de distribution a été mis en place pour les professionnels de santé libéraux (médecins, infirmiers…). Des quantités très précises sont distribuées gratuitement chaque semaine par le biais des pharmacies :
-18 masques chirurgicaux ou FFP2 par semaine pour les médecins, infirmiers, pharmaciens, biologistes médicaux
-9 ou 3 masques selon les cas pour les salariés de l’aide à domicile employés directement par des particuliers : 3 masques par semaine par employeur et 9 masques par semaine par employeur bénéficiaire de la PCH (prestation de compensation du handicap).
-6 masques pour les sages-femmes et les kinés
-3 masques par semaine et par accueillant familial.

En général, ces masques sont livrés dans les pharmacies par des grossistes-répartiteurs, comme la société OCP Bourgogne qui fournit toute l’année les officines en produits de santé. Une fois qu’ils sont approvisionnés, les pharmaciens redistribuent ensuite ces masques.

"Depuis environ 15 jours, on en reçoit toutes les semaines", explique Elie Henriot, pharmacien à Auxerre. "Ce sont à chaque fois de petites quantités destinées aux professionnels de santé libéraux qui travaillent à proximité de notre pharmacie. On reçoit environ 100 masques FFP2 et 250 à 300 masques chirurgicaux."

 
 

2-Est-on sûr que les masques sont distribués à ceux qui en ont vraiment besoin ?

Ces distributions sont strictement encadrées. Un logiciel de l'Assurance Maladie permet de consulter le stock de chaque pharmacie et enregistre toutes les distributions pour éviter les fraudes.
"Nous devons déclarer sur le site Amelipro de la Sécurité sociale chaque masque que nous avons distribué à un professionnel de santé. Ils ont créé un onglet spécial où il faut indiquer le nom, prénom, numéro RPPS (numéro professionnel) et la quantité de masques distribués pour chaque professionnel", ajoute Elie Henriot.

Ce système présente l’avantage d’avoir une visibilité en temps réel sur le stock des masques de l’Etat dans les officines.
"Le logiciel de l'Assurance Maladie permet de voir le stock de chaque pharmacie. S’il n’y a plus de masques disponibles dans la pharmacie où il a l’habitude d’aller, un professionnel pourra aller chercher sa dotation dans une autre pharmacie", précise Pierre-Olivier Variot, pharmacien à Dijon.

 

 

3-Les particuliers peuvent-ils obtenir des masques sur ordonnance ?


Les consignes données par la Direction générale de la Santé sont claires. Même si un patient arrive avec une ordonnance de son médecin, le pharmacien ne lui délivrera pas de masques, puisque ceux-ci sont réservés aux professionnels. Autrement dit, si un médecin estime que son patient doit porter un masque, il doit piocher dans son propre stock pour lui en donner.

A noter qu’il existe des exceptions quand il ne s’agit pas de stocks de l’Etat : ainsi, une dotation faite par la Région Ile-de-France permet la délivrance de masques aux patients sur prescription uniquement dans le cadre de la téléconsultation.

Par ailleurs, précise l’Ordre des pharmaciens, « il arrive que des collectivités territoriales (Région, mairie) approvisionnent également les pharmacies. Suite à ces nouveaux arrivages en officines de masques ne provenant pas du stock d’Etat, l’Ordre a écrit au ministre de la Santé le 13 avril 2020  pour demander « une clarification de la doctrine de distribution des masques en officine ». Une réponse est attendue sous quinze jours ».

En attendant, les pharmaciens doivent faire face à l’incompréhension du public et souvent à de l’agressivité, ce qui nécessite"beaucoup de patience, d’explications et de temps".

 

 

4-Quid des masques "grand public"?


Au départ, les autorités sanitaires avaient expliqué que le port du masque n’était pas nécessaire.
"Le port du masque dans la population générale limite essentiellement la propagation du virus quand il est porté par les personnes malades et symptomatiques (émettant des postillons contaminants). Pour les non-malades, les meilleures défenses contre le virus sont le confinement et les gestes barrière", indique le site internet du gouvernement sur le coronavirus.

Mais, entretemps, l'Académie de médecine a publié une recommandation qui dit qu'un masque "grand public" devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant et après le confinement, comme le font d'autres pays.

Depuis, la demande pour ces masques "alternatifs" aux masques médicaux ne cesse d’augmenter. D’autant qu’Emmanuel Macron a fixé au 11 mai la date d'un possible déconfinement, avec la réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées. Dans ces conditions, le masque "grand public" pourrait devenir "systématique" dans "certaines situations", comme les transports en commun, a ajouté le président de la République lors de son allocution le 13 avril.

 

 

5-Les pharmacies peuvent-elles vendre des masques "alternatifs" en tissu ?


Un peu partout en France, des bénévoles ainsi que des entreprises se lancent dans la fabrication de masques alternatifs.
De leur côté, de nombreuses collectivités (régions, départements, villes, intercommunalités) ont commandé de grandes quantités de masques en tissu lavables qui seront distribués gratuitement aux habitants pour qu’ils puissent se protéger en complément des gestes barrières.

Pour le moment, ces masques textiles ne peuvent pas être vendus en pharmacie.
L'Ordre des pharmaciens et les deux principaux syndicats de la profession ont écrit au gouvernement pour lui demander d'autoriser les officines à vendre au public des masques "alternatifs" en tissu. Mais, ils n’ont pas encore eu de réponse.

Reste à savoir à quel prix seront vendus ces masques grand public quand ils seront disponibles.
Les syndicats précisent qu’ils sont favorables à un encadrement des prix de ces masques "non sanitaires", à l'image des prix plafond qui ont été mis en place pour la vente des gels hydroalcooliques.
 
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