L’association de protection du loup, lynx ou ours alerte dans un communiqué sur les nombreux tirs administratifs qui ont permis depuis le début de l’année 2022 d’abattre une cinquantaine de loups.
Mercredi 3 mai 2023, un loup a été abattu près de Charolles en Saône-et-Loire. "Il était sur le point de se livrer à une nouvelle prédation dans un parc protégé accueillant des ovins", a expliqué la préfecture dans un communiqué. Le loup a été tué par "un agent de la brigade mobile d'intervention sur les grands prédateurs terrestres", du service national de l'OFB, l'Office Français de la Biodiversité, dans le cadre d'un "tir de défense simple".
Ce scénario s’est répété de nombreuses fois depuis le début de l’année. Les conditions de tirs sont strictement réglementées.
Un loup tué tous les deux jours dans notre pays
Alors qu’un quota de 174 loups soit 19% de la population lupine en France peut être abattu cette année 2023, Férus déplore le rythme des tirs depuis début janvier. Ce pourcentage de prélèvement est plus élevé que pour des espèces gibier.
48 loups ont déjà été abattus (contre 19 à la même date en 2022). Dans les Alpes-de-Haute-Provence, c’est carrément l’hécatombe avec 17 loups tués (contre 22 dans le département pour toute l’année 2022). Une hécatombe silencieuse, car du côté de la préfecture et de la DDT, c’est un silence assourdissant : aucun communiqué sur les tirs eux-mêmes ou sur les chiffres de la prédation. À croire que les pouvoirs publics du département ont décidé de mettre les bouchées doubles pour tuer le plus de loups possible.
Extrait du communiqué de Férus, 15 mai 2023
Protéger le loup sur les fronts de colonisation
Le loup est une espèce strictement protégée. Férus rappelle que l’espèce est toujours menacée et vulnérable. “Car si les Alpes et la Provence sont occupées par des familles de loups qui se reproduisent régulièrement, il n’en est rien sur les fronts de recolonisation (Bourgogne Franche-Comté, Grand Est, Bretagne, Pyrénées, Massif central) où la reproduction est minime ou inexistante. Dans ces zones, les pouvoirs publics continuent pourtant de tuer des loups, empêchant ainsi le retour naturel de l’espèce alors que les habitats naturels sont largement favorables à son installation”.
En Corrèze, comme en Saône-et-Loire où des loups ont été abattus, il s’agissait des rares, voire des seuls, animaux présents, déplore Ferus.
Cohabiter avec le loup, protéger les troupeaux
Ferus comme d’autres associations implantées en Bourgogne-Franche-Comté plaide pour une cohabitation avec le prédateur. Avec une protection des troupeaux des agriculteurs par des chiens ou des installations électriques. Un épineux sujet pour les éleveurs de la région, qui travaillent avec des ovins comme des bovins, devenus proies du loup. Dans le massif du Jura, Ferus est en train de former des volontaires pour protéger les agriculteurs en cas d’attaque ou de menaces d’attaques. Objectif : éviter le scénario de l’été-automne 2022 ou deux loups ont fait l’objet de tirs dans le département du Doubs. Pour l’association, les tirs de loups ne servent à rien. “Ces tirs ne sont pas une solution pérenne, car le biotope étant favorable, d’autres individus réinvestiront la zone rapidement”.