Besançon Planoise : un fusil, des scooters retrouvés, un jeune suspect en garde à vue, l’enquête avance après la mort d’un mineur de 15 ans tué par balle

Un adolescent de 15 ans est mort samedi 17 décembre 2022, tué par balle dans un parking du quartier Planoise. En quatre mois dans ce quartier où le trafic de drogue est très présent, deux jeunes de 15 ans ont perdu la vie, visés par des tirs par arme à feu. Le procureur de la République a fait le point lors d’une conférence de presse ce lundi 19 décembre.

Un probable et énième règlement de comptes sur fond de trafic de drogue impliquant des mineurs

Que s’est-il passé ce samedi 17 décembre dans ce garage souterrain de la rue Bertrand Russel à Besançon (Doubs) ? Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, a détaillé les premiers éléments sur ce tragique faits divers dans lequel un mineur de 15 ans a succombé à ses blessures quelques heures après les tirs.

Samedi à 13h30, une riveraine découvre un jeune gravement blessé à l’angle des rues Bertrand Russel et Francis Wey. Le jeune a été touché au niveau du thorax. Les secours ne pourront rien faire. Un autre jeune de 15 ans présent sur les lieux est rapidement entendu, comme témoin dans un premier temps.

Des premiers tirs vendredi 16 décembre

L’enquête est confiée à la sûreté départementale et à la police judiciaire de Besançon. Elle intervient alors que la veille, le 16 décembre, un jeune de 15 ans a été visé par une gerbe de plombs dans ce même quartier. Pris pour cible rue Van Gogh par deux scooters alors qu’il descendait du tram, le jeune homme a été gravement touché à la jambe. Son pronostic vital fut un temps engagé.

Un garage, “box de repli” pour le trafic de stupéfiants, nouvelle scène de meurtre

Samedi 17 décembre, une télécommande de garage est retrouvée sur la victime en arrêt cardio-respiratoire. Elle ouvre le parking d’un garage souterrain rue Wey où deux impacts de balles sont rapidement retrouvés sur un box. Dans le box voisin, les enquêteurs découvrent deux scooters, un fusil à canon scié, une paire de chaussures. Une tenue, un casque noir. L’un des scooters n’a plus de rétroviseur droit. Un tableau qui s’emboîte avec la scène de la veille où l’un des scooters prenant la fuite a perdu un rétro, une chaussure de sport aussi. “Des indices graves et concordants” selon la justice.

Le mineur de 15 ans présent rue Wey dit avoir vu un homme cagoulé pénétrer dans le garage de la rue Wey. Les enquêteurs ont retrouvé sur son téléphone portable des photos des scooters, du fusil, des photos avec le mineur décédé par la suite. Ce jeune placé en garde à vue a admis avoir revendu depuis peu de temps de la drogue “pour l'appât de l’argent, n’hésitant pas à s’armer” a détaillé Etienne Manteaux. Il conteste être l’auteur des tirs du 16 décembre.

Il a été mis en examen pour tentative de meurtre, trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs. Et le parquet a demandé son placement en détention provisoire. 

Le parquet va demander le placement de ce mineur en détention provisoire.

“Il faut casser cette spirale de la riposte, c’est la justice qui doit passer” martèle le procureur

Les faits du 16 et 17 décembre sont une nouvelle fois liés au trafic de stupéfiants. Des tirs, des ripostes d’une bande à l’autre, le probable scénario des dernières heures. “C’est véritablement insupportable” dénonce Etienne Manteaux, procureur de Besançon au lendemain du décès d’un jeune de 15 ans. “Il faut qu’on arrive collectivement à casser cette spirale, ce n’est pas que le rôle de la police, mais aussi des familles qui doivent être alertées quand un élève décroche…. On est face à une société du tout matérialiste, ou tout passe par le paraître" ajoute Etienne Manteaux désarmé face à cette violence entre jeunes attiré par l’argent. “Sans les familles, nous n'arriverons à rien” déplore Etienne Manteaux. La police doit avoir des informations également de la part des habitants.

Des armes qui inquiètent les habitants et la police nationale

Pour Yves Cellier, directeur départemental de la Sécurité Publique, ces nouveaux faits sont particulièrement graves, inquiétants alors que des renforts de police ont été mis en place cet automne dans le quartier.

On a de plus en plus d’ouverture de feu dans ce quartier. La réitération de ces faits avec la densification de la présence policière sur la voie publique m’inquiète si la police rencontre des individus qui seraient armés qui se prépareraient ou auraient fait feu. Si les conditions réglementaires et législatives sont réunies, les policiers ouvriront le feu.

Yves Cellier, directeur départemental de la sécurité publique du Doubs

Trois mineurs tués par balles à Planoise en deux ans

En mai 2020, un jeune de 17 ans est mort visé par un tir avenue Ile de France.

Plus récemment, le 29 août en plein milieu d’après-midi, un mineur de 15 ans est décédé. Abdelmalek, a été touché à la nuque par une balle. Il était parti jouer au foot, faire un match selon sa mère. Au niveau de la rue de Fribourg, connue pour être un point de deal, il a été visé par un tir. Le jeune garçon est décédé une semaine plus tard au CHU de Besançon.

À l’annonce du décès d'un nouveau jeune de 15 ans à quelques jours de Noël, Anne Vignot, maire de Besançon, a réagi dans un tweet.

« La violence est rentrée très fortement dans notre société. Il ne faut pas normaliser cette violence, reprend la maire de Besançon au micro de France 3 Franche-Comté. Ce sont les enfants qui en sont les premières victimes ici à Besançon. »

Des moyens de police supplémentaires à Planoise

Alors que les trafics de stupéfiants et les règlements de compte n’ont jamais cessé dans ce quartier, l’Etat a octroyé de nouveaux renforts. Depuis le 1er octobre, une brigade spécialisée de terrain (BST) composée de douze agents de police (onze hommes et une femme) est en place. Une brigade mobile, active tous les jours de la semaine dans ce quartier de Planoise, où se trouvait jusqu'à présent un poste déployé dans le cadre de la police de sécurité du quotidien.

Ces agents ont été formés à plusieurs missions : récolter la parole des habitants, lutter contre le trafic de stupéfiants et les infractions telles que les rodéos urbains, mais aussi déceler les signes éventuels de radicalisation. Une présence qui trouve ses limites, la police ne peut pas être partout. Les derniers tirs ont eu lieu en plein jour dans un garage souterrain.

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