Trois trafiquants de drogue, dont un absent, toujours en fuite, ont été jugés pendant une semaine par la cour d'assises du Doubs. Ils ont été reconnus coupables d'avoir assassiné Houcine Hakkar, le 8 mars 2020, à Besançon (Doubs), abattu au volant de sa voiture, et d'avoir tenté d'assassiner son passager Rabah Khaldi. Les peines vont de 30 à 25 ans de prison. Revivez cette ultime journée d'audience.
Pour suivre l'ordre chronologique de l’audience, nous vous conseillons de descendre en bas de la page. Vous y trouverez également un résumé de l'affaire et des acteurs.
► Revivez le premier jour du procès dans cet article.
► Les temps forts du deuxième jour du procès dans cet article.
► Revoir le troisième jour du procès en direct depuis la cour d'assises du Doubs
► Revivez le quatrième jour du procès et les interrogatoires des accusés dans cet article.
22 h : C'est la fin de ce live consacré au suivi du procès des accusés de l'assassinat d'Houcine Hakkar. Merci à toutes et à tous pour votre attention et vos lectures durant cette semaine. Vous pourrez retrouver le compte-rendu, minute par minute, de toutes les journées d'audiences en haut de cet article.
21 h 54 : La cour s'est retirée à nouveau pour délibérer sur les dommages et intérêts qui seront versés aux parties civiles. Une partie du public reste dans la salle en attendant la clôture de l'audience, qui dure maintenant depuis cinq jours.
Cinq jours d'une intensité et d'une émotion fortes, qui auront vu la cour d'assises reconnaître MM. Basbas et Ghezali comme les assassins d'Houcine Hakkar. Mohamed Mordjane a de son côté été reconnu complice de l'assassinat pour avoir fourni les moyens qui ont conduit à la mort de la victime.
21 h 43 : Sur le banc des parties civiles, on lit beaucoup de soulagement, malgré un verdict en deçà des réquisitions de l'avocat général. "Elles sont soulagées, c'est vrai, mais ne sont pas prêtes à pardonner" explique Me Pichoff, avocat de la mère et des soeurs d'Houcine Hakkar.
21 h 40 : A l'énoncé des peines, la compagne de Melk Ghezali fond en larmes. Elle s'approche de son compagnon et l'enserre. Ghezali, lui, semble accuser le coup au contraire de Basbas qui reste impassible et laisse apparaître, étrangement, quelques sourires.
Les deux accusés s'entretiennent longuement avec leurs avocats. lls ont 10 jours pour faire appel. Depuis le début du procès, les deux hommes, pourtant séparés par moins de 50 cm dans leur box, ne s'étaient pas adressés un seul regard. Pour la première fois, ils échangent quelques mots.
21 h 30 : Le verdict est tombé. Melk Ghezali est condamné à 25 ans de réclusion criminelle (de prison ferme). Elias Basbas et Mohamed Mordjane sont condamnés à 30 ans de réclusion criminelle. Des peines plus légères que celles requises par l'avocat général, qui avaient demandé la perpétuité contre Basbas et Mordjane et 30 ans de réclusion contre Melk Ghezali.
De plus, tous les trois se sont vus infliger une peine complémentaire de 15 ans d'interdiction de porter une arme, une peine complémentaire de 10 ans d'inéligibilité, une peine complémentaire de 10 ans d'interdiction de séjour dans le département du Doubs.
21 h 26 : Les votes des jurés sont sans appel. La cour déclare coupables MM. Ghezali et Basbas pour la totalité des faits qui leur sont reprochés, notamment l'assassinat d'Houcine Hakkar et la tentative d'assassinat sur Rabah Khaldi, le 8 mars 2020. Mohamed Mordjane est lui aussi reconnu coupable de la totalité des faits, notamment de la complicité d'assassinat.
21 h 24 : La cour est là. L'audience reprend. La présidente demande aux accusés de se lever et énonce les votes des jurés pour Elias Basbas en premier. Dans la salle, le temps semble suspendu. Dans son box, Melk Ghezali est livide.
21 h 22 : On n'attend maintenant plus que la cour. Les deux accusés présents lors du procès fixent le sol, l'air grave.
Pour rappel, Etienne Manteaux, avocat général, a demandé la perpétuité contre MM Mohamed Mordjane et Elias Basbas, et 30 ans de réclusion contre Melk Ghezali.
Les avocats de Melk Ghezali ont eux estimé qu'une peine de 20 ans de réclusion, maximum, serait plus juste. Les avocats d'Elias Basbas et de Mohamed Mordjane ont demandé l'acquittement de leur client.
21 h 20 : Ca y est. Les policiers gardant les accusés arrivent dans le box. Dans la salle, le silence se fait d'un coup, d'une façon assez impressionnante. Le brouhaha s'est tu en quelques secondes. Melk Ghezali et Elias Basbas entrent à leur tour et s'assoient. 8 policiers les entourent.
21 h 19 : La greffière et l'huissier font également leur apparition. Petit à petit, tout se met en place. Le verdict ne devrait pas tarder.
21 h 15 : Les avocats des parties civiles s'entretiennent avec leurs clients. La cour et les accusés se font encore attendre.
21 h 05 : Etienne Manteaux discute avec les avocats de la défense. L'avocat général se pose des questions lui aussi sur ces deux malaises au sein du jury "qui l'interrogent vraiment". "C'est la première fois que je vois ça" répète-t-il.
21 h : Toujours rien. La cour et les accusés ne sont pas encore arrivés. Les discussions reprennent dans la salle d'audience, comme pour s'occuper avant le verdict, épilogue d'une semaine particulièrement dense. Etienne Manteaux, avocat général, apparaît.
20 h 50 : La présidente de la cour d'assises, ses assesseurs et les jurés se font attendre. Dans la salle, l'attente commence à paraître longue. Les policiers entrent en nombre dans la salle d'audience, par crainte de débordements au moment du verdict et même après.
20 h 43 : La porte donnant au box des accusés s'ouvre. Melk Ghezali et Elias Basbas vont entrer dans quelques instants. Pour rappel, Mohamed Mordjane, troisième accusé et chef présumé du clan Picardie, est absent au procès, car toujours en cavale. Il est jugé par défaut criminel.
20 h 39 : Les minutes s'égrènent lentement dans la salle d'audience. Les discussions vont bon train entre avocats, journalistes, mais aussi dans le public.
20 h 35 : Les accusés ne sont toujours pas revenus dans leur box. Au contraire des parties civiles, qui attendent, fébriles, sur leur banc.
20 h 33 : Les avocats sont de retour dans la salle d'audience. Les bancs du public se remplissent petit à petit. Une certaine tension, peut-être de l'appréhension, règne dans l'atmosphère. Des questions subsistent aussi dans la bouche des avocats et du public : beaucoup tournent autour des deux jurés qui se sont désistés.
20 h 30 : Nous sommes de retour à la cour d'assises du Doubs, à Besançon. Le verdict devrait intervenir dans quelques minutes.
Pour rappel, Etienne Manteaux, avocat général, a demandé la perpétuité contre MM Mohamed Mordjane et Elias Basbas, et 30 ans de réclusion contre Melk Ghezali.
Les avocats de Melk Ghezali ont eux estimé qu'une peine de 20 ans de réclusion, maximum, serait plus juste. Les avocats d'Elias Basbas et de Mohamed Mordjane ont demandé l'acquittement de leur client.
16 h 25 : L'audience est suspendue à nouveau. La délibération va reprendre, avec deux nouveaux jurés donc. "C'est un truc de fou" indique Me André Buffard.
16 h 21 : "L'un évoque des vertiges et l'autre dit être indisposée et ne plus être en état de participer aux débats" explique la présidente. Questionnée sur les raisons précises des maux des jurés, Delphine Thibierge répond "qu'elle n'est pas médecin". Les deux jurés indisposés sont remplacés par des jurés supplémentaires.
16 h 19 : "Je dois réouvrir les débats en raison de l'indisposition des jurés numéros 4 et 5" dit la présidente de la cour d'assise. Les accusés sont eux aussi de retour dans leur box. Delphine Thibierge demande aux avocats s'ils ont des questions.
16 h 00 : Stupeur à la cour d'assises du Doubs. Toutes les parties sont rappelées car deux jurés ont fait un malaise, coup sur coup. "Je n'ai jamais vu ça" confesse l'avocat général. Dans la salle d'audience, les avocats reviennent les uns après les autres, suivis des parties civiles.
14 h 46 : L'audience est suspendue. Les jurés vont maintenant délibérer. Pour rappel, Etienne Manteaux, avocat général, a demandé la perpétuité contre MM Mohamed Mordjane et Elias Basbas, et 30 ans de réclusion contre Melk Ghezali.
Les avocats de Melk Ghezali ont eux estimé qu'une peine de 20 ans de réclusion serait plus juste. Les avocats d'Elias Basbas et de Mohamed Mordjane ont demandé l'acquittement de leur client.
14 h 44 : La présidente lit les différentes questions auxquelles les jurés devront répondre pendant leur délibération. Elles sont au nombre de 28.
14 h 38 : Au tour d'Elias Basbas de dire un dernier mot. "Comme je le dis depuis maintenant 4 ans, je n'étais pas dans ce véhicule. Si j'y avais été, ça ne se serait pas passé comme ça. Je ne suis pas un tueur. Je sais que j'ai pu paraître froid, mais j'ai du mal à exprimer mes émotions. J'espère que la cour fera le bon choix" raconte-t-il.
14 h 36 : André Buffard va se rasseoir. La présidente de la cour d'assises demande à Melk Ghezali de se lever pour dire un dernier mot. "Je voudrais m'excuser auprès de la famille d'Houcine Hakkar, auprès de ma famille à moi, auprès de ma compagne. Je voudrais dire aux plus jeunes dans le public de ne pas aller dans les stups, il n'y a que du négatif. Si je pouvais, je reviendrais à mes 20 ans" lâche-t-il. "J'ai sali ma famille, j'ai tout gâché. Encore désolé".
14 h 32 : Me André Buffard l'annonce, il demande aux jurés "d'acquitter Elias Basbas". A cette phrase, les parties civiles font entendre discrètement leur mécontentement. L'avocat s'adresse aux jurés : "vous n'avez pas à vous préoccuper de ce que penseront les autres, fiez-vous à votre conscience. Il faut avoir la certitude absolue que Basbas soit coupable avant de le condamner".
Si j'étais vous, je n'aurais pas la certitude qu'il soit innocent. Mais je n'aurais pas l'absolue certitude qu'il soit coupable. Or, pour la perpétuité, il faut être sûr à 100 %. Si vous n'en êtes pas sûr, je vous en supplie, acquittez-le.
André Buffard,avocat
14 h 28 : "Voilà donc sur quoi on se base pour condamner M.Basbas à la réclusion criminelle à perpétuité ! Voilà sur quoi on se base pour l'éliminer !" s'exclame Me Buffard. Sa plaidoirie semble tenir en haleine les jurés et le public, comme suspendus aux lèvres de l'avocat.
André Buffard compare ensuite Elias Basbas à un de ses anciens clients, condamné à perpétuité pour plusieurs meurtres. "Et on vous dit qu'il faudrait mettre au même rang M.Basbas, en lui donnant la même condamnation ? Vraiment ? Vous ne pouvez pas ne pas établir une hiérarchie entre eux et ce qu'ils ont commis".
14 h 25 : "Vous vous êtes fait prendre à votre propre jeu, M.l'avocat général" dit André Buffard, directement devant Etienne Manteaux, qui soutient son regard. "M. Amir Mordjane, à qui vous avez proposé une comparution immédiate s'il avouait, tout en lui interdisant de revenir dans le Doubs, vous a trompé. Il est revenu à Besançon par deux fois. Il vous a trompé. Il s'est moqué de vous. C'est donc un menteur, qui n'a pas respecté sa condamnation. On ne va donc pas condamner Basbas d'après les paroles de cet homme".
14 h 20 : "On ne peut donc pas, sans l'ombre d'un doute, dire que c'est Basbas qui a tout envoyé. En plus, tout le clan Picardie se croise sans cesse. J'en viens ainsi maintenant à MM. Ziani et Amir Mordjane qui, ironiquement, ont été touchés par la grâce et ont soudain décidé de témoigner" ironise Me Buffard. Ces deux hommes, membres du clan Picardie et actuellement incarcérés, ont témoigné durant le procès et désigné Basbas comme le tireur.
Ce que je viens dire, M. l'avocat général, c'est que MM. Amir Mordjane et Ziani ont décidé d'un coup d'être réentendus pour se confesser. Et c'est le 2ᵉ élément sur lequel vous vous basez pour prouver la culpabilité de M.Basbas.
Me Buffard,avocat
14 h 16 : "D'abord car Basbas possédait un PGP" renchérit André Buffard. "Un de ces téléphones sécurisés a été attribué à mon client. En plus de cela, il a déjà été condamné comme étant un membre du clan Picardie. Donc on se dit qu'il a participé aux événements du 8 mars 2020. Mais un PGP, c'est pas une puce. C'est un téléphone. Et un téléphone, ça se passe. On ne peut donc pas dire que tout ce qui a été envoyé est l'œuvre de M.Basbas. La preuve, dans les vocaux envoyés après les faits par le PGP attribué à Basbas, c'est M.Ghezali qui parle. Il l'a lui même avoué".
14 h 12 : Me Buffard se met à la place des jurés : "si j'étais vous, j'écouterais la souffrance de la famille, le réquisitoire de l'avocat général. Je me dirais que les avocats de la défense ne font que leur métier. Mais attention, je ne vais pas démontrer l'innocence de Basbas. Seulement son absence de culpabilité. J'ai écouté M.Manteaux avec attention, pour contrer ses arguments qui selon lui démontrent la culpabilité d'Elias Basbas".
M.Manteaux, c'est son dossier. Les accusés, il les connaît tous, depuis longtemps. Il a été impressionnant. Pour lui, M.Basbas est coupable pour deux raisons.
Me Buffard,avocat
14 h 10 : L'avocat décrit le quartier de Planoise et "les phénomènes de quartier, de stup". Elias Basbas, encore une fois, ne quitte pas des yeux Me Buffard, le regard noir. "Je suis presque étonné que ce dossier n'ai pas eu une résonance nationale, car il est représentatif de l'état de notre société. Mais pour juger, je vais vous demander de faire abstraction de votre ressenti, de votre peine, de votre colère".
14 h 06 : "M. l'avocat général combat depuis des années ces narcotrafiquants. Il veut éliminer ceux qu'ils jugent comme principaux responsables" explique Me Buffard. "Concernant Elias Basbas, pouvez-vous avoir la certitude absolue qu'il est coupable ?" dit-il en haussant la voix.
Il faut se rendre compte que la perpétuité, c'est comme rayer un homme de 24 ans de la société.
Me André Buffard,avocat
14 h 03 : Me Vincent a terminé. Elle croise son confrère Me Buffard, autre avocat de M.Basbas. Celui-ci s'approche des jurés. Dos droit, verbe clair. Il évoque sa peur "de ne pas trouver les mots", sa peur "de choquer" les jurés, la peur "pour son client" et la peur "face à la perpétuité".
13 h 58 : Me Vincent continue de discréditer MM. Ziani et Amir Mordjane, en mettant en cause leur alibi, qui selon elle ne tient pas vraiment debout. "Et M.Mohamed Mordjane, celui dont on ne doit pas prononcer le nom dans ce procès, on dit qu'il était absent à Besançon le 8 mars 2020. Sauf que M.Ghezali a dit dans une déposition qu'il buvait un coup avec lui quand on lui a emmené la Megane rouge". Me Vincent relève ensuite une écoute téléphonique dans laquelle est dit : "Microbe [surnom de Basbas, NDLR] est prêt à prendre pour eux".
C'est peut-être le sacrifice d'un gamin, qui n'a plus rien autour de lui. On savait qu'il ne parlerait pas. Le doute existe dans ce dossier.
Me Vincent,avocate
13 h 53 : "Maintenant je vais vous dire ce que je pense du danger des aveux de MM. Amir Mordjane et Nadjib Ziani" dit Me Vincent en fixant Etienne Manteaux, avocat général. Les deux hommes cités sont des membres du clan Picardie actuellement incarcérés et qui ont été entendus comme témoins. "Ils ont dit leur vérité. Amir Mordjane a tout dit, mais rien sur son propre cousin, Mohamed, coaccusé aujourd'hui. Il faut faire attention à cette manipulation".
Il y a presque un copier-coller entre les déclarations de MM. Ziani et Amir Mordjane. Et vous demandez d'adhérer à leurs vérités ? On se moque de vous, mesdames-messieurs les jurés. On se moque des preuves.
Me Vincent,avocate
13 h 49 : Me Vincent revient alors sur le message vocal envoyé par Nadjib Ziani, autre membre du clan Picardie, juste après l'assassinat : "le couz Elias il a pas blagué" avait-il écrit. "Voilà sur quoi se base l'accusation pour dire que M.Basbas était dans la voiture. Mais ce n'est que la parole de Ziani, qui est lui aussi mis en examen. Il a le droit de protéger quelqu'un d'autre. Vous n'avez que sa parole" s'écrit l'avocate.
13 h 42 : "S'il était le tireur, il aurait suivi les ordres d'autres que lui, plus puissants que lui, plus vieux que lui" estime l'avocate. "Méfiez-vous des évidences. La démonstration de l'avocat général ne m'a pas convaincue. L'attribution des PGP, déjà. Le 8 mars 2020, après l'assassinat, le téléphone attribué à Elias Basbas va parler et on va dire que c'est mon client qui écrivait. Dès sa garde à vue, mon client, vu qu'il avait été un jour en possession de ce téléphone, a été accusé d'avoir été dans la Megane rouge".
On a jamais cessé de dire que c'est lui qui avait ce téléphone le 8 mars. Il n'a jamais cessé de le nier. Pourtant, on lui a attribué. Je remercie Melk Ghezali d'avoir dit que c'était lui la voix sur les vocaux. Sinon, on les aurait mis sur le dos de mon client.
Me Vincent,avocate
13 h 40 : "Mais si M.Basbas avait été le tireur, cela n'aurait même pas valu la peine sévère qui a été demandée à son encontre". Me Vincent rappelle plusieurs exemples de crimes qui, pour elle, étaient plus graves, et dont les auteurs n'ont pas reçu la perpétuité. "Malheureusement, il y a encore plus grave. On doit réserver cette sévérité absolue à des crimes encore plus graves, car ils existent".
13 h 35 : Me Vincent : "Il a été happé, attrapé, par un groupe de délinquants plus âgés que lui. Peut-être s'est-il senti proche d'un groupe, lui qui manquait cruellement de repères. C'est une certitude, il ne faisait pas partie des généraux de son clan. On pouvait lui demander des services, mais il était loin du sommet".
Les faits que vous avez à juger sont graves. Houcine Hakkar, arraché à la vie à 23 ans, n'avait pas à mourir. Son ami n'avait pas à être meurtri dans sa chair, dans son coeur. L'appel au 17 de Rabah Khaldi était d'un effroi absolu.
Me Vincent,avocate
13 h 30 : L'avocate met en valeur l'enfance difficile de Basbas, déterminant selon elle dans son passage à la délinquance. "Il a dit que les déclarations de la famille d'Houcine l'avait touché" explique Me Vincent. "Je préfère parfois cela à quelqu'un qui multiplie les excuses à la barre". Une référence directe au comportement de M.Ghezali.
13 h 23 : Me Vincent : "On l'a scruté pendant ce procès. On l'a beaucoup caricaturé. En réalité, c'est un gamin". Devant ce plaidoyer, une soeur d'Houcine Hakkar, visiblement irritée, quitte la salle. "Il a peu connu son père, c'est un euphémisme. Pour sa mère, rappelez-vous une image : ce gosse de 14 ans qui toque à la chambre de sa mère et la découvre en convulsant. De cette mère, il était fusionnel. Comme avec sa soeur".
Le témoignage de sa sœur a pu agacer. Ce n'est pas moi qui lui ai demandé de venir, mais l'avocat général. Elias ne voulait pas l'impliquer dans sa triste réalité.
Me Vincent,avocate
13 h 20 : "M. l'avocat général a fait référence à la peur dans son réquisitoire" assure l'avocate. "Non, vous ne devez pas réfléchir comme cela. La question est : M.Basbas a-t-il commis les faits qui lui sont reprochés ? On vous a dit tellement de choses sur Elias Basbas. Certains se sont crus autorisés à dire qu'il était dépourvu d'âme. Au moment où je défends Elias Basbas, j'ai un regard sur lui emprunt de tendresse, presque maternant".
13 h 15 : "La présomption d'innocence doit être un préalable nécessaire, vers lequel je dois vous ramener si vous vous en êtes éloignés" continue Me Vincent. "Ce dossier est une triste illustration du monde du narcotrafic. Un monde effrayant, dans lequel vous avez plongé en eaux troubles. Quand on voit que des jeunes, de plus en plus jeunes, que des hommes de plus en plus organisés ont recours à de la violence pour de l'argent, pour des territoires". Elias Basbas, dans son box, fixe son avocate.
Il ne faut pas que vous écoutiez votre peur. C'est dans votre serment. Vous êtes sans doute effrayés par notre société au moment d'examiner ces faits du 8 mars 2020.
Me Florence Vincent,avocate
13 h 10 : "Pour condamner un homme, il faut être certain. Etre convaincu sans aucun doute possible. J'entends ce que dit Elias depuis un certain nombre d'années. J'ai aussi été témoin de certains éléments, pour prouver la culpabilité de mon client, qui m'ont dérangé". Me Vincent, habilement, rappelle aux témoins, en s'adressant directement à eux, leur rôle et le poids de leur décision finale dans cette affaire.
Juger, c'est très difficile. Même nous, avocats de la défense, nous ne sommes pas insensibles aux pleurs d'une mère, aux pleurs d'une soeur. Au moment de juger, vous devez vous départir de tous vos sentiments, de votre élan naturel vers une famille en deuil.
Me Florence Vincent,avocate
13 h 07 : Me Vincent : "Ce décorum, avec ces hommes cagoulés gardant notre client, ne vous invite pas à vous dire "peut-être est-il innocent". Je viens à vous avec des mots simples, pour vous accompagner dans votre réflexion, vous aider à vous départir de cette forme d'évidence concernant la culpabilité d'Elias Basbas".
13 h 02 : L'audience reprend. Me Vincent débute. "Ma prise de parole aura vocation à essayer de vous dire d'éviter de juger selon les apparences. Votre conviction est peut-être déjà acquise. Pour me rassurer un peu, j'aimerais vous rappeler l'exigence que j'attends de votre côté. D'aller au-delà des apparences, justement".
Ce dossier n'est pas simple. Pas seulement car ils sont trois accusés, non. Ce dossier est dangereux par la façon dont il s'est construit. Cette culpabilité assénée, affichée, depuis des mois, des années.
Me Vincent,avocate
12 h 59 : Tout est prêt pour la reprise. Le public garni les rangs de la salle d'audience. Les accusés sont de retour dans leur box. De l'autre côté, les parties civiles leur font face. Entre eux, la barre. Devant elle, Me Florence Vincent, une des avocates d'Elias Basbas, s'apprête à commencer sa plaidoirie.
12 h 16 : L'audience est suspendue jusqu'à 13h.
12 h 15 : "On peut penser ce qu'on veut de mon client. C'est peut-être un sale type. Mais il n'a pas commis les faits qui lui sont reprochés. Je vous demande de l'acquitter" conclut Me Moroz, avocat de Mohamed Mordjane.
12 h 08 : "Au contraire, Mordjane, à cette période-là, il essaye de calmer un peu les choses" affirme son avocat en citant les paroles d'Amir Mordjane, cousin de son client, qui il y a quelque jour avait dit la même chose. "J'espère que j'ai été convaincant. Ou au moins que j'ai créé un doute. Sur Mordjane, vous pouvez penser ce que vous voulez, mais ne portez pas de jugement de valeur sur mon client".
12 h : La plaidoirie de Me Moroz s'étire. L'avocat revient sur les messages où Mordjane est cité et sur ceux venant du téléphone PGP qui lui était attribué, après le 8 mars 2020. "On peut voir un message qui demande à Mordjane de brûler la voiture après l'assassinat. Si mon client était le chef, il aurait ordonné cela. Or ici, la chaîne de commandement est inversée" dit-il.
Dans ce dossier, personne ne suit les ordres de Mordjane, ça part de partout.
Me Moroz,avocat
11 h 55 : Me Moroz reprend les messages PGP violents échangés par le clan Picardie sur leurs téléphones sécurisés, et qui n'ont pas été envoyés par Mohamed Mordjane. Son but : montrer "que Mordjane n'est pas le grand chef qui contrôle tout, puisque ses troupes échangent avec violence sans lui. Mordjane ne semble pas du tout les tenir. Étonnant pour celui qu'on présente comme un grand chef".
11 h 46 : Me Moroz : "Pour caractériser la complicité, on parle également de la fourniture de l'arme du crime et d'un revolver. Mais, même chose, aucun élément ne prouve que Mordjane est à la base de tout cela, ça sort de nulle part dans la procédure. Même raisonnement pour les téléphones PGP. Vu que Mordjane est connu comme le chef, l'accusation dit que c'est lui qui les a fournis".
Pour condamner un homme à la réclusion à perpétuité, il faut un peu plus de preuves. Le fait qu'il ait ouvert et fermé les discussions PGP ne veut pas dire qu'il a fourni la voiture et les armes.
Me Moroz,avocat
11 h 40 : "Moi je vais vous demander de ne pas juger en fonction des apparences, en fonction des amalgames" demande Me Moroz. "Je veux un jugement juste, qui respecte les règles de notre état de droit. Reprenons. Premier point, M.Mordjane est complice parce qu'il aurait fourni une voiture volée. Ça sort d'où ça ? Ça apparaît où dans le dossier ?".
11 h 36 : "Ca y est, j'ai planté le décor, la base de mon raisonnement" s'exclame l'avocat. "Et je voudrais vous dire maintenant que dans cette mise en accusation, on a fait les choses à l'envers, en disant tout de suite que Mordjane a organisé cet assassinat".
On lui a collé cette étiquette en se disant tout de suite qu'il était coupable. Pour le prouver, on va essayer de glaner à gauche et à droite des éléments dispersés. On va ensuite les coller bout à bout, pour construire un semblant de preuve.
Me Moroz,avocat
11 h 33 : Me Moroz : "dans le clan Picardie, on a deux têtes, deux associés à parts égales : Mohamed Mordjane et Melk Ghezali. Pour revenir sur les faits, c'est clair, mon client utilisait un PGP. Mais est-ce qu'il était le seul à s'en servir ? Ghezali a bien envoyé des vocaux via le PGP de Basbas. Ces téléphones ne sont donc pas des puces et circulent de main en main".
11 h 30 : "Je ne vais pas vous dire pour autant que Mordjane est une oie blanche. Vous avez entendu les mentions à son casier judiciaire" avoue l'avocat. "Mais êtes-vous là pour juger l'ensemble de son œuvre ? Non, ce n'est pas ça. Il est jugé pour les faits qui lui sont reprochés dans ce dossier, qui est une baudruche, un colosse aux pieds d'argile".
On est sur des faits de trafic de stupéfiants, qui pourrit la vie des gens. M.Mordjane a un rôle là-dedans. Il est à la tête du clan Picardie. Mais ce n'est pas non plus le clan Mordjane.
Xavier Moroz,avocat
11 h 25 : "Ce n'est pas parce que vous êtes absent que vous êtes coupable" dit Me Moroz à destination des jurés. "Mais n'oubliez pas, le doute doit toujours profiter à l'accusé. On acquitte au bénéfice du doute. Il vous faut des preuves, des fondations solides. Le doute sali le dossier, le macule".
11 h 22 : Me Moroz : "Toutes les accusations contre mon client ne tiennent pas. Ce dossier a été construit par l'accusation et le magistrat instructeur pour faire condamner M.Mordjane. Il n'est pas là. Donc l'effet que ça donne est dévastateur. Certains pensent que c'est un aveu de culpabilité, d'autres qu'il n'a pas confiance en la justice de son pays".
C'est la première fois que je plaide ici. Je ne pense pas qu'on soit enclin à faire des cadeaux aux absents. Pourtant, lors d'une précédente affaire, mon client a été relaxé, déjà, pour des faits de complicité qui ressemblent étrangement à cette affaire.
Me Moroz,avocat
11 h 20 : Arrive alors Me Moroz, avocat de Mohamed Mordjane. "On a qualifié mon client de fantôme, de grand absent, on a même remis en question ma place dans ce procès" s'exclame-t-il. "Ma présence n'est pas une lubie, un caprice de M.Mordjane. Il m'a envoyé pour le défendre".
11 h 15 : Me Cormier attaque ensuite Mohamed Mordjane. "Il faut un aplomb insensé, une confiance totale, pour envoyer son petit frère impressionner les accusés". L'avocat lit des messages violents envoyés à son client, messages attribués à Mohamed Mordjane et ses complices. "Par ses aveux, malgré les menaces, Melk Ghezali à ouvert une voie. Il met sa vie en danger pour parler les yeux dans les yeux à la famille des victimes".
Je vous demande aujourd'hui de considérer dans votre délibération le temps de la rédemption. M.Ghezali sait qu'il va être condamné. J'espère que vous allez l'accompagner pour passer à autre chose.
Me Cormier,avocat
11 h 11 : "Il vous a parlé à nu. Il y a un abandon total de sa part. Je suis d'accord pour dire que la peine est trop élevée. 30 ans, c'est pour quelqu'un qui a du sang sur les mains. Or, Melk Ghezali avait lui un volant. On ne peut donc pas le condamner comme un tueur" estime Me Cormier, en comparant cette affaire avec d'autres dossiers similaires.
11 h 07 : Me Cormier : "dans les échanges de messages, il y a eu un aspect occulté par l'accusation. M.Ghezali ne parle pas sur les groupes, il n'échange pas, il n'est pas moteur dans cette soi-disant volonté de monter dans la terreur. M.Ghezali, à un moment, il a eu besoin de vider son sac, d'avouer. C'est un premier pas de rédemption envers les victimes. C'est méprisant de dire que ce sont des "demis aveux" ".
Melk Ghezali avait besoin de faire ces aveux.
Me Cormier,avocat
11 h 03 : "Les chefs ne se mouillent jamais les mains" indique Me Cormier. "Or Melk Ghezali était dans la voiture. Il n'est pas au même niveau que Mohamed Mordjane. La répartition des rôles était claire : il y en a un qui a reçu des instructions et qui a pris le volant. On l'a laissé s'amuser en Espagne, là on le rappelle".
Il n'avait aucune raison d'imaginer que ce serait différent des autres fois, des autres coups de pression. L'idée était d'impressionner. Si c'était une expédition punitive, il y aurait eu deux morts.
Me Cormier,avocat
10 h 56 : Me Cormier, deuxième avocat de Melk Ghezali, prend la suite de son confrère, qui en a fini avec une plaidoirie particulièrement intense, physique. "J'ai été effaré par la faiblesse des arguments de la partie civile, confondant meurtre et assassinat" commence-t-il. "L'assassinat c'est répondre à une préméditation. Or, ici, il n'y a aucune preuve de préméditation. Et tout ce qu'on a cité pour essayer de prouver le contraire était très faible. Je vous ai connu meilleur, M. l'avocat général" dit Me Cormier en prenant à partie Etienne Manteaux, qui reste sans réaction.
10 h 53 : Me Binsard : "Ghezali n'a jamais supplié. Il est pudique, stoïque. Il n'a pas voulu parler de son AVC, des difficultés à enfanter. Il n'en a pas parlé par respect pour la famille. Sa compagne me disait que la nuit, Ghezali se réveillait en sursaut".
Mais il rêve aussi. D'avoir pu mettre un coup de frein le 8 mars, de ne pas être monté dans cette voiture. Mesdames messieurs les jurés, vous avez le pouvoir de permettre à M.Ghezali d'écrire une autre histoire.
Me Binsard,avocat
10 h 51 : "Dans des dossiers d'assises bien plus graves, les peines sont bien inférieures. Zepeda, c'est 28 ans par exemple. Je pense que la peine maximale à laquelle il peut être condamnéé, c'est 20 ans" affirme Me Binsard, en tapant du pied au sol. "La peine doit sanctionner, c'est vrai, mais aussi préparer la réinsertion. Je crois qu'il existe encore un espoir pour M.Ghezali". Étienne Manteaux, l'avocat général, souvent cité, fixe Me Binsard.
10 h 48 : "Pour Ghezali, le crime n'a pas payé" relance Me Binsard. "Il a tout perdu dans la délinquance. Mais son comportement en détention est irréprochable. Presque du jamais vu. Il en faut de la volonté pour suivre des cours, voir un psychiatre, suivre des formations alors qu'on sait qu'on est là pour des années. Il faudra prendre ça en compte au moment de délibérer".
Il a conservé cette volonté de donner le meilleur, de reconstruire quelque chose. Alors comment le punir ?
Me Binsard,avocat
10 h 45 : L'avocat de Melk Ghezali continue : "Rien n'obligeait mon client à admettre que c'était sa voix dans les vocaux, il n'avait pas été identifié. Pourtant il l'a fait. Depuis le début de ce procès, j'ai l'impression que toutes les accusations reposent sur ses épaules. Il y a aussi des grands absents dans le box des accusés, dont le clan Abdou, qui a initié la montée des violences. Oui mon client est coupable, mais les responsabilités sont partagées".
10 h 40 : Me Binsard arrive à son deuxième point. "Le mot "courage" cité par l'avocat général n'est pas assez fort pour décrire les aveux de mon client. Il subit toujours des menaces constantes. 15 000 euros en cash pour lui taillader la tête, sa compagne a vu son adresse divulguée et elle s'est faite menacer. Il a fait un AVC en prison par peur des représailles. Et contrairement à ce qu'ont dit les parties civiles, il n'a jamais demandé une remise en liberté".
Vous avez été témoin des menaces sur mon client, en direct lors de ce procès, avec le geste du petit frère de Mohamed Mordjane.
Me Binsard,avocat
10 h 37 : Me Robin Binsard : "Melk Ghezali s'est senti obligé de monter sur Besançon. On lui a intimé. Et pour ne pas perdre la face par rapport aux autres membres du clan, ils se vantent après coup. Je reviens dessus, mais M.Ghezali monte dans cette voiture pour un règlement de compte, comme toutes les altercations qu'il y avait eu avant cela".
Je vous demande d'écarter la préméditation. Le doute profite à l'accusé et vous n'avez aucune preuve que M.Ghezali savait qu'il roulait pour tuer quelqu'un. M.Ghezali est co-auteur d'un meurtre, et pas d'un assassinat prémédité.
Me Binsard,avocat
10 h 35 : "L'avocat général explique que les messages audios envoyés après le 8 mars sont une preuve de la préméditation. En aucun cas. Déjà, Melk Ghezali sort de la voiture plein d'adrénaline. Et il avait bu, c'est une certitude, même les membres de son clan le disent dans des échanges postérieurs au fait. On peut l'entendre aussi à sa voix sur les vocaux, que personne ne reconnaît. Il n'était pas lui-même". L'avocat plaide intensément, en tapant sur son pupitre.
10 h 32 : "L'arme, le MP5, n'est pas qu'utilisée pour cette soirée du 8 mars. Des armes plus dangereuses ont déjà été utilisées dans cette guerre de gang. On ne peut donc pas retenir cela pour expliquer la préméditation. De plus, l'expert balistique n'a pas statué sur le fait que la dernière balle était sciée".
Lorsque M.Ghezali arrive le 8 mars, il vient pour un règlement de compte, un coup de pression et pas pour un meurtre.
Me Binsard,avocat
10 h 28 : L'avocat veut convaincre les jurés qu'il n'y avait pas de préméditation. Que Melk Ghezali, "le 8 mars 2020, ne savait pas qu'il participerait à des tirs mortels". "L'avocat général a dit que M.Mordjane n'avait pas donné de consignes de meurtre. Voilà pourquoi il ne peut pas y avoir de préméditation. Je pense également que le ton des messages suivants le 6 mars n'indique en rien une volonté de tuer. Leurs tons ne changent en rien par rapport aux échanges qui précédaient en janvier et février 2020".
10 h 25 : Me Binsard : "Il y a deux Melk Ghezali. Il y a "Laser", le conducteur. Et le Ghezali qui dans, le box, a avoué. Tout est hors-norme dans ce procès. Mon client est encadré de 30 agents constamment, la presse est présente, la salle est remplie. Mesdames messieurs les jurés, je vous demande d'oublier le caractère exceptionnel du procès, pour juger un homme". Me Binsard s'adresse directement aux jurés.
Cet homme ne mérite pas 30 années de prison.
Me Binsard,avocat
10 h 22 : Me Robin Binsard, un des avocats de Melk Ghezali, s'avance à la barre : "J'annonce tout de suite que je vais défendre un homme, et non un acte. La peine demandée par l'avocat général est la 2e plus lourde prévue par le code pénal".
Cela n'a rien à voir avec le courage dont a fait preuve M.Ghezali lors de ce procès, où il a fait des aveux importants, presque une première dans des affaires de ce genre.
Robin Binsard,avocat
10 h 20 : L'audience reprend. Place aux plaidoiries de la défense. Ce sont les avocats de Melk Ghezali qui prendront la parole en premier, suivis du conseil de Mohamed Mordjane et, enfin, des avocats d'Elias Basbas.
10 h : L'avocat général a fini sa plaidoirie. L'audience est suspendue 20 minutes. Les avocats de la défense prendront ensuite la parole. Sur les bancs du public, la compagne de Melk Ghezali est en pleurs.
9 h 56 : Les réquisitions vont arriver d'un moment à l'autre. "La situation de M.Ghezali doit être différenciée. Par ses aveux, il a fait un pas vers une reconstruction future. Des aveux qui m'ont paru sincères, et ce malgré les menaces qu'il subit au quotidien. Alors que ses coaccusés ont eu une attitude totalement différente".
En conséquence, je requiert contre messieurs Mordjane et Basbas la réclusion à perpétuité. Je réclame également 30 ans de réclusion pour M. Ghezali. Pour les trois, une interdiction de séjour de 10 ans dans le département du Doubs dès leur sortie de prison et un mandat d'arrêt contre M.Mordjane, ainsi qu'une confiscation de tous ses biens.
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 52 : Etienne Manteaux s'adresse alors à la famille d'Houcine Hakkar : "il vous a été enlevé de façon barbare. Il ne méritait pas ce qui lui est arrivé. Je vous souhaite d'arriver à faire vivre son souvenir". La mère et la sœur de la victime paraissent très émues.
Les circonstances de la mort d'Houcine Hakkar démontrent la détermination de ses meurtriers. Malheur à ceux qui auraient croisé ce soir-là la route de MM. Ghezali et Basbas, coachés par Mohamed Mordjane. La société doit se protéger avec des peines extrêmement sévères.
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 48 : Etienne Manteaux : "Mohamed Mordjane, le grand absent, a même réussi à imposer sa présence avec son petit frère Malik, présent dans le public le 1er jour, qui a menacé les accusés. Vous le déclarerez donc coupable de complicité d'assassinat. Il a été complice, il a donné les ordres de ce qui a été commis. En témoigne le message où Ghezali lui demande d'envoyer quelqu'un pour brûler la voiture, ce qui sera fait".
9 h 45 : L'avocat général : "Le 8 mars au soir, Melk Ghezali, par ses vocaux, fera le compte rendu à son chef. Et les tueurs auront suivi à la lettre les indications du leader: aucune trace d'ADN ne sera retrouvée. C'est la force de ces groupes criminels. Ils sont méthodiques. Toutes les consignes données par Mordjane ont été respectées. Les vêtements et la voiture ont été brûlés après les faits".
Mordjane est le vrai chef du clan. Comme en attestent encore des messages du 8 mars, où il est totalement informé des faits avant leur réalisation. Il se dit "mort de rire".
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 40 : Etienne Manteaux en vient maintenant au 3e accusé, actuellement en cavale, Mohamed Mordjane, vu comme le chef du clan Picardie. "C'est lui, via les échanges PGP, qui coordonne toute l'opération. Lui qui ouvre et ferme les conversations de groupe". L'avocat général énumère les messages où Mordjane donne des ordres à ses hommes : "laisse la BM dans le garage", etc.
Il donne des conseils pour la commission des crimes, afin qu'ils puissent réaliser leurs affaires sans être inquiétés.
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 38 : L'avocat général poursuit : "après tous ses mensonges, M.Basbas a perdu toute sa crédibilité. Je vous demande de le déclarer coupable pour la totalité des faits qui lui sont reprochés, qu'il a effectué en étroite collaboration avec Melk Ghezali".
9 h 33 : Etienne Manteaux : "Elias Basbas nie pourtant toute participation aux faits. C'est son attitude dans la plupart de ses condamnations, depuis plusieurs années". Basbas relève alors la tête pour fixer l'avocat général. "Son impossibilité d'assumer les faits vient peut-être du regard d'amour que pose sur lui sa sœur. Une sœur qui affirme qu'il est incapable de violence. En niant, il espère ne pas la décevoir, de faire croire à une erreur judiciaire" continue l'avocat général.
Il reproche aux enquêteurs qu'ils s'acharnent à détruire sa vie. Aucune remise en question. Il nie les faits, tout en admettant, et c'est nouveau, qu'il était avec Melk Ghezali le 8 mars au soir à Norges-la-Ville et que c'est lui sur le selfie.
Etienne Manteaux,avocat général, à propos d'Elias Basbas
9 h 30 : L'avocat général passe alors à Elias Basbas, en mettant en valeur un vocal de Nadjib Ziani après les faits, où on entend "le couz Elias il a pas blagué". "Et Ghezali ne dément nullement" continue Etienne Manteaux. "D'autres éléments permettent de dire que c'est M.Basbas le tireur. C'est avec son PGP que Ghezali envoie les vocaux. De plus, Basbas apparaît sur un selfie avec Ghezali. Puis Ziani et Amir Mordjane ont dit aux enquêteurs que Basbas s'était vanté d'être le tireur".
9 h 25 :"Peut-on considérer que Melk Ghezali a commis un assassinat même s'il n'a tiré aucune balle ?" interroge alors Etienne Manteaux. "La chambre criminelle, en 2017, a statué sur une affaire similaire. Elle retient que pour les faits d'assassinat, connaître l'intention d'homicide, adhérer à ce projet, participer aux recherches, être présent quand son complice tue, suffit à être incriminé. C'est le cas dans cette affaire. La jurisprudence est parfaitement claire".
Ghezali, en permettant au tireur de tirer sur la voiture, d'achever Houcine Hakkar, peut être co-accusé d'assassinat. Vous déclarerez ainsi Melk Ghezali coupable de la totalité des faits qui lui sont reprochés.
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 18 : "Oui Melk Ghezali a avoué, mais des aveux édulcorés, où il minimise son rôle. Dans les vocaux, pas le moindre remord". L'avocat général répète alors les vocaux. Et met en valeur le rôle de chef de Ghezali dans cette affaire. "Il a dit qu'il voulait ce soir-là réaliser un coup de pression. Il aurait dans ce cas-là arrêté son véhicule après les premiers tirs. Le 8 mars, les faits sont d'une toute autre nature". Rabah Khaldi jette alors des coups d'oeil intenses à Melk Ghezali.
Ghezali est remonté d'Espagne car l'heure était grave. Un vrai chef sait se salir les mains quand il le faut. Ses propos exaltés après l'assassinat le prouvent : c'était un plan concerté, parfaitement exécuté. On peut le voir aussi avec l'équipement utilisé pour l'opération : voiture volée, arme de guerre, plusieurs chargeurs.
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 15 : Etienne Manteaux : "Ensuite, Rabah Khaldi s'enfuit avenue Villarceau. Melk Ghezali le voit et emprunte donc cette rue en contresens, pour l'achever. Une voiture lui bouche la route. Alors le tireur fait encore feu au niveau des sièges arrières, pensant que Rabah Khaldi s'y est réfugié. Il n'y était pas. Puis Melk Ghezali laisse la voiture à Beure, et reprend son véhicule personnel avec Elias Basbas, pour aller à Norges-la-Ville".
Ghezali et Basbas, après coup, sont euphoriques, triomphants, comme en témoignent les messages audios échangés via PGP.
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 12 : L'avocat général revient maintenant sur l'appel bouleversant de Rabah Khaldi aux forces de l'ordre, alors qu'il était poursuivi avec Houcine Hakkar. Rabah Khaldi, à cette évocation, s'affaisse. "Durant cette course-poursuite, Melk Ghezali ne se contente pas de placer le tireur dans les bonnes conditions, il tamponne la voiture. Quand Houcine Hakkar a son accident, Melk Ghezali ne continue pas sa route, mais revient pour que le tireur puisse achever Houcine, avec une balle sciée qui démontre l'intention d'homicide et la préméditation". Les parties civiles sont particulièrement émues.
9 h 07 : Etienne Manteaux : "La course-poursuite mortelle du 8 mars 2020 est la suite de cet événement. On sait que Melk Ghezali est le conducteur de cette Megane rouge. Reste à connaître le tireur, qui a tué Houcine Hakkar. Et celui qui a fourni l'arme, la voiture volée et qui a coordonné cette exécution ?"
Dans la Megane rouge se trouvent deux hommes déterminés. Pas sous alcool, mais ivre de vengeance. Houcine Hakkar voit ce véhicule, il a peur, il accélère. Cette accélération aura sonné sa perte. Melk Ghezali analyse cela comme une preuve qu'il suit bien la voiture des Parisiens du clan de la Tour.
Etienne Manteaux,avocat général
9 h 05 : L'avocat général revient maintenant sur l'enchaînement des faits ayant conduit au soir du 8 mars 2020. "Les membres du clan Picardie, dans leurs échanges, ont fait état d'une montée de la violence, avec un acharnement à vouloir trouver les Parisiens" explique-t-il. "Mais dans un premier temps, l'intention de tuer n'est pas claire. Ce qui va faire tout basculer, ce sont les tirs au niveau de la tête qui ont visé Amir Mordjane et Nadjib Ziani le 6 mars, par le clan de la Tour".
9 h 00 : "Dans un premier temps, les enquêteurs sont persuadés que ce sont les Parisiens qui ont tué Houcine" admet Etienne Manteaux. "Mais en août 2020, les informations de Rabah Khaldi, qu'il a reçu de la part de son frère Samy, qui les avaient lui-même recueilli par Nadjib Ziani, sont déterminantes. Les assassins sont "Microbe", Elias Basbas, et "Bilel", Melk Ghezali. J'aimerais dire à ce titre que Rabah Khaldi est une victime de cette affaire".
M.Khaldi, je tiens à saluer votre dignité, votre patience pendant l'instruction et ce procès.
Etienne Manteaux,avocat général
8 h 56 : "Amir Mordjane est passé aux aveux, mais a pris soin de ne pas impliquer son cousin, Mohamed Mordjane, dans l'assassinat d'Houcine Hakkar" reprend Etienne Manteaux. "J'ai entendu les avocats de Melk Ghezali supposer que si les enquêteurs avaient interpellé les membres du clan Picardie plus tôt, cela aurait empêché la mort d'Houcine Hakkar".
Mais les enquêteurs ont livré un travail admirable, extraordinaire. Le 9 mars 2020, 16 interpellations étaient prévues. Hasard incroyable, la veille, Houcine Hakkar mourrait sous les balles. Mais les interpellations sur des membres du clan de la Tour ont quand même eu lieu.
Etienne Manteaux,avocat général
8 h 52 : L'avocat général rappelle les condamnations du clan Picardie en mars 2023 : Mohamed Mordjane et Melk Ghezali ont écopé de 10 ans de prison, Elias Basbas de 8 ans, Nadjib Z de 7 ans, Mamadouba T de 5 ans, Samy K de 4 ans, Samir O de 4 ans, Ousmane L de 3 ans et Bassir B d'un an. "M. Amir Mordjane a eu une peine plus légère après une CRPC, que j'ai cru bon lui proposer pour son courage d'avoir brisé l'omerta, d'avoir brisé la loi du silence qui régit ce milieu".
8 h 50 : "Ces messages vont faire l'effet d'une bombe dans cette enquête" dit l'avocat général. "Se sentant protégés, ils s'épanchent comme rarement et permettent d'analyser le fonctionnement interne d'un gang de narcotrafiquants. Malgré les efforts de la défense pour ne pas que ces messages puissent être versés à la procédure, ce ne sera pas le cas. Certains accusés savent donc qu'ils vont être condamnés".
C'est pour cela que certains membres du clan Picardie vont se mettre aux aveux. Nadjib Ziani, Amir Mordjane. Puis Melk Ghezali, en mai 2023.
Etienne Manteaux,avocat général
8 h 45 : Après chaque agression, Etienne Manteaux lit aussi les messages cryptés échangés par les téléphones PGP des membres du clan Picardie. On y entend les délinquants se vanter après chaque altercation, "dans des termes glaçants" estime l'avocat général, qui raconte ensuite comment les enquêteurs ont pu avoir accès à tous ces messages cryptés.
8 h 43 : "En retour, le clan Picardie va se livrer à des violences, mais autrement plus graves" enchaîne l'avocat général, en faisant la liste des différents blessés par balles suite à des actions du clan Picardie qui, on le rappelle, était celui des trois accusés, MM. Ghezali, Basbas et Mordjane.
Il est sidérant de voir que les agissements de ces deux groupes rivaux, par leur toute-puissance, ont impacté la vie des habitants du quartier de Planoise.
Etienne Manteaux,avocat général
8 h 40 : Etienne Manteaux s'attache à décrypter "l'engrenage de la violence" ayant entraîné l'assassinat d'Houcine Hakkar et la tentative d'assassinat sur Rabah Khaldi. Il s'épanche ainsi sur le recrutement de "mercenaires parisiens" par le clan de la Tour. "12 séries de tirs avaient eu lieu avant le 8 mars 2020, des séquestrations de petites mains du trafic" énumère l'avocat général, qui rappelle toutes les altercations entre les deux bandes. Les bancs de la salle, plus clairsemés qu'hier en raison de l'horaire matinal, sont néanmoins attentifs aux débats.
8 h 36 : L'avocat général explique la montée du trafic de drogue depuis 15 ans à Besançon. Les deux accusés, toujours entourés par une dizaine de policiers dans leur box, ont, comme durant la majeure partie de ce procès, les yeux rivés sur le sol.
Malchance pour le Clan Picardie, ils ont trouvé face à eux un autre clan puissant, le clan de la Tour. Ces deux bandes rivales, de force égale, ont été condamnées. Tous sont animés par une même détermination, un même besoin de profit.
Etienne Manteaux,avocat général
8 h 33 : "Les faits que vous avez à juger, mesdames et messieurs les jurés, sont d'une extrême gravité" commence Etienne Manteaux. "Jamais à Besançon de tels actes de délinquance n'avaient été commis. Des individus, pour se venger et assurer leur leadership dans la ville, se sont armés et ont circulé dans une voiture volée pour pourchasser un véhicule qu'ils pensaient appartenir à un concurrent, tirant puis achevant le conducteur innocent, Houcine Hakkar, d'une balle dans la tête".
8 h 32 : L'audience reprend. Etienne Manteaux, avocat général, se lève pour ses réquisitions, "en tant que représentant du ministère public, en tant que représentant des intérêts de la société".
8 h 29 : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue pour la 5ᵉ et dernière journée du procès de l'assassinat d'Houcine Hakkar.
Le 5ᵉ et dernier jour du procès des assassins présumés d'Houcine Hakkar doit débuter à 8 h 30 ce vendredi 20 décembre.
Il s'agit de l'ultime journée de ce procès d'ampleur. Celle-ci devrait commencer par le réquisitoire du ministère public, par l'avocat général Etienne Manteaux. Viendront ensuite les plaidoiries des cinq avocats de la défense (Me Buffard et Me Vincent pour Elias Basbas, Me Binsard et Me Cormier pour Melk Ghezali, Me Moroz pour Mohamed Mordjane), qui répondront à celles des avocats des parties civiles, menées hier.
Après cela, la cour se retirera pour délibérer. Les neuf jurés seront chargés de se mettre d'accord sur les possibles condamnations des trois accusés. Le verdict devrait tomber en fin de journée. MM. Ghezali, Basbas et Mordjane, déjà multi-condamnés, risquent cette fois la réclusion à perpétuité.
Que s'est-il passé lors des quatre premiers jours du procès
Vous pouvez retrouver ci-dessous le déroulé complet de chaque jour du procès, minute par minute :
- Lundi 16 décembre : résumé des faits ; audition de l'enquêteur principal ; diffusion de l'appel au secours glaçant d'Houcine Hakkar et Rabah Khaldi, pourchassés par les tueurs ; témoignages poignants des sœurs d'Houcine Hakkar.
- Mardi 17 décembre : dépositions d'experts ; prises de paroles de plusieurs témoins de l'assassinat dans une ambiance pesante ; audition de Rabah Khaldi, passager d'Houcine Hakkar au moment de sa mort et lui-même blessé par balle ; témoignage émouvant de la mère d'Houcine, Zora Hakkar.
- Mercredi 18 décembre : auditions de multiples figures du narcobanditisme bisontin, issues du clan Picardie (le clan des accusés) et du clan rival, le clan "de la Tour". Deux anciens membres du clan Picardie chargent Melk Ghezali et Elias Basbas et nient l'implication de Mohamed Mordjane dans la mort d'Houcine Hakkar.
- Jeudi 19 décembre : les deux accusés présents au procès sont interrogés. Si Melk Ghezali a avoué avoir été le conducteur de la voiture ayant pourchassé celle d'Houcine Hakkar, il n'a pas voulu dénoncer le tireur et a réfuté toute préméditation du meurtre. Elias Basbas, lui, a nié toute implication dans cette affaire. L'ombre de Mohamed Mordjane, le 3ᵉ accusé, a plané sur le procès. Les avocats des parties civiles ont ensuite fait leur plaidoirie, très critiques envers les trois accusés.
Qui sont les victimes de ce procès ?
- Houcine Hakkar, 23 ans, est mort le 8 mars 2020, abattu de plusieurs balles alors qu'il était au volant d'une voiture à Besançon. Il n'avait rien à voir avec les trafics de stupéfiants. Il a été tué par erreur à la suite d'une guerre entre deux clans de trafiquants de stupéfiants sur Besançon.
- Rabah Khaldi a réchappé à la fusillade, le 8 mars 2020, avenue Siffert, malgré plusieurs blessures par balles. Il était le passager de la voiture, conduite par Houcine Hakkar.
Qui sont les accusés jugés par la cour d’assises ?
- Mohamed Mordjane : tête du réseau d'un groupe de trafiquants de drogue, dit clan “Picardie", il est toujours en fuite.
- Melk Ghezali : il conduisait le soir du drame la voiture qui a pris en chasse celle d’Houcine Hakkar. Il a avoué avoir été au volant du véhicule.
- Elias Basbas : il est le tireur présumé qui a froidement tiré plusieurs balles sur Houcine Hakkar et a blessé également son passager, Rabah Khaldi. Il nie toute participation dans l'affaire.
Ils ont été mis en examen pour assassinat, tentative d’assassinat et complicité de tentative d’assassinat.
"Putain monsieur, on va mourir" : on vous résume cette tragique affaire
Au printemps 2020, la guerre des trafiquants de drogue fait rage à Besançon. Deux clans se disputent les points de deal dans le quartier de Planoise, le clan de “de la tour” et le clan “Picardie”. Au fil des semaines, les accrochages entre rivaux se multiplient. 10 blessés. Jusqu’à ce soir-là, celui de la vengeance soigneusement programmée, comme le montreront des messages échangés par les membres du clan Picardie sur un réseau crypté.
Une semaine avant le confinement, le 8 mars 2020 vers 21 heures, pensant avoir repéré leur cible, deux hommes prennent en chasse une voiture Mégane bleue sur l’avenue Siffert. Le passager tire de multiples coups de feu. Les occupants de la Megane ont le temps d’alerter les policiers. Les enregistrements sont glaçants : “On est en train de se faire tirer dessus !”, “On est en voiture monsieur, dépêchez-vous, ils sont derrière nous, c’est une Mégane 5 rouge”, “Putain, monsieur, on va mourir, bordel, on va mourir, on va mourir monsieur”.
Quelques instants plus tard, la voiture d’Houcine Hakkar, le conducteur, s’encastre contre un feu de signalisation. Les poursuivants achèvent leur sinistre mission. Houcine Hakkar, qui essayait ce soir-là la voiture d’un ami est tué de plusieurs balles dont une en pleine tête. Le véhicule du jeune mécanicien est criblé de 28 impacts de balles. Son passager, Rabah Khaldi, en réchappe par miracle.
Dans la soirée, sur le réseau crypté, les trafiquants vont se rendre compte qu’ils ont abattu la mauvaise personne. Un innocent. Déjà lourdement condamnés par la justice, les trois hommes jugés lors de ce procès devant les assises du Doubs encourent une peine de réclusion à perpétuité.