La deuxième journée du procès de Nicolas Zepeda s'est ouverte à 9h ce mercredi 30 mars à Besançon. Elle était dédiée à l'interrogatoire de plusieurs témoins, ayant apporté des éléments de détails intéressants. On vous explique.
Le premier témoin du jour à se présenter à la barre de la cour d'assises de Besançon est un responsable administratif de l'université de Franche-Comté. C'est lui qui a déclaré la disparition de l'étudiante japonaise le 13 décembre 2016, alors qu'elle suivait un programme d'échange entre l'université franc-comtoise et celle de Tsukuba au Japon. S'ensuit l'interrogatoire de l'enseignante français langues étrangères du CLA, centre de linguistique appliquée que fréquentait la Japonaise, durant plusieurs semaines avant sa disparition.
Une étudiante brillante
"C'était la plus brillante des cinq étudiants japonais que nous avions. Quelqu'un de très impliquée. Qui n'était jamais absente. C'était une personne solaire, souriante, bien dans sa peau. Elle était heureuse d'être là" détaille la professeure, qui explique également l’inquiétude du groupe après de nombreuses absences de Narumi Kurosaki. Cette dernière ne donnait d'ailleurs à ce moment-là aucune nouvelle à ses camarades de classe, alors qu'elle était proche de certains.
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Le témoignage de cette professeure est intéressant. Elle a notamment pu voir les messages soi-disant envoyés par Narumi Kurosaki, alors que selon l’enquête elle avait déjà disparu. “Ces fameux messages qu’elle aurait envoyés, ce n’était pas elle. Et je me souviens d’un message où elle prétendait être allée à Lyon. J’avais remarqué une absence d’accord au féminin, alors qu’on l’avait travaillé en cours. Les erreurs typiques des étudiants japonais ne sont pas celles-là” détaille-t-elle, tout en confirmant que certains messages ressemblaient plutôt à une traduction électronique.
Les avocates de l'accusé relisent des sms envoyés par Narumi à Nicolas Zepeda en novembre. Elle écrit "l'année prochain" pour tenter de prouver qu'une faute de français dans des messages ne prouve pas qu'il ne s'agissait pas de l'étudiante japonaise.
Une démonstration sur plan éclairante
Aux alentours de 10h20, face à la cour se présente le responsable des bâtiments et de la sécurité au CROUS. Il a pu entrer dans la chambre de la jeune femme après sa disparition. "C'était très bien rangé" dit-il. Pour rappel, sa famille et ses amis avaient précisé aux enquêteurs que Narumi Kurosaki était une personne particulièrement désordonnée.
Les avocats des parties civiles demandent au professionnel d'expliquer en détails l'accès au domaine universitaire de 11 hectares, et notamment aux nombreux parkings. Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi au moment des faits, s'était étonné la veille auprès de l'accusé du fait que ce dernier s'était garé pile poil sur le parking de la résidence de Narumi Kurosaki à son arrivée à Besançon, alors qu'il indiquait pourtant face à la cour l'avoir fait par pur hasard. Pourtant, il a aussi indiqué qu'il n'avait jamais mis les pieds auparavant sur ce campus, ni même dans cette ville.
"Quand on arrive depuis le centre-ville, on a immédiatement accès aux quatre autres parkings, qui sont les plus évidents. Et ce n’est que dans un second temps que l’on peut arriver sur celui où l’accusé s’est garé, le long de l’IUT" note Me Schwerdorffer.
Le plan projeté lors du 2e jour du procès avec ajout de la position de la victime et de l'accusé :
La démonstration, plan à l'appui, est évidemment éclairante concernant la volonté de l'accusé de s'installer au plus près du bâtiment de la victime, avec une vue directe sur ce dernier, contrairement à ce qu'il a pu déclarer plus tôt.
Une pharmacienne de 27 ans se présente ensuite à la barre. Elle a rencontré Narumi en 2016.C'est l'avant dernière personne à avoir vu la victime. Elle faisait de la danse avec Narumi Kurosaki dans un cours qui avait démarré fin septembre. "Elle était venue à toutes les répétitions, notamment pour participer à un spectacle de Noël. J'ai essayé de l'appeler le 11 décembre, je voyais qu'elle était en ligne sur Facebook. Elle ne répondait pas à mes messages" précise la témoin à la suite de question de Matthieu Husson, le président de la cour.
L'audition de l’enquêteur lance réellement le procès
L'après-midi de ce deuxième jour de procès a été rythmée par l'audition de l'enquêteur principal dans cette affaire.
Elle a apporté de nombreux éléments, particulièrement accablants pour l'accusé. Le procès est réellement lancé après que la cour a eu connaissance de tous les éléments portés à la connaissance de la justice et qui lui ont permis d'inculper l'accusé pour assassinat.
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