11e jour du procès en appel de Nicolas Zepeda pour l'assassinat de Narumi Kurosaki : "je ne l'ai pas tuée !", crie l'accusé en pleurs

Nicolas Zepeda est jugé devant la cour d'appel de Vesoul (Haute-Saône) du 4 au 22 décembre 2023. Il est accusé de l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon. Revivez son interrogatoire au 11e jour, minute à minute.

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Suivez le 12e jour du procès de Nicolas Zepeda, minute à minute, dans cet article.

L'audience est levée jusqu'à mercredi 9h.

17h26 : L'avocat bisontin poursuit sa démonstration jusqu'à en venir à l'acte fatal. "Qu'est-ce qu'on a fait dans cette chambre ? Si on fait rentrer un garçon dans sa chambre c'est simplement pour avoir un rapport sexuel ? Ah... Ça peut être aussi parce qu'il doit la convaincre, parce qu'il n'a pas de chambre d'hôtel, qu'il va retourner dans sa voiture en pleine nuit. Ben, on laisse rentrer, et oui on discute, jusqu'à ce que vers 3h15, la discussion tourne autour d'autre chose... Ce n'est plus du tout le même homme, le gentil Nicolas Zepeda. Il vient prendre, comme il impose le comportement de Narumi. Cri, coussin, la faire taire, et c'est terminé". L’avocat dit que l'accusé possède une vraie stratégie, encore aujourd’hui, et qu'il a tenté depuis le début de cette affaire de faire croire à un autre coupable. Il a également cru dur comme fer que le fait d'être au Chili le protégerait. L'extradition du Chilien a lieu grâce à un mouvement populaire au Chili, à la médiatisation de l'affaire mais aussi à l'acharnement de la justice française, selon lui. "Nicolas ne pleure que quand on parle de lui. Aucune émotion pour son ex-petite amie, qu'il a tant aimée. C'est impressionnant monsieur Zepeda, je vous ai regardé. J'ai rarement vu quelqu'un mentir avec autant d'aplomb dans une salle d'audience". Me Schwerdorffer en termine après une plaidoirie de 50 minutes. 

17h19 : "Après l'image de vidéosurveillance de Narumi qui entre dans sa résidence universitaire avec Nicolas Zepeda, on ne reverra jamais la jeune femme ressortir de cet immeuble", poursuit Me Schwerdorffer. "Comment elle est morte ? C'est écrit dans le dossier. Une douzaine d'étudiants vont entendre hurler à la mort, des cris d'horreur pendant 10 minutes, 'quelqu’un se fait assassiner dans une chambre d'étudiants'. Et coïncidence, après ces cris on ne reverra jamais Narumi Kurosaki. L'asphyxie, l'étouffement, l'étranglement..." L'avocat cite l'affaire Agnes Leroux, l'affaire Lelandais et le meurtre du caporal Noyer. "Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de corps qu'il n'y a pas de meurtre". Selon l'hypothèse défendue par Me Schwerdorffer, Narumi Kurosaki est morte soit étranglée, soit étouffée avec l’oreiller de son lit. "Nicolas va être présent dans sa chambre pendant 30 heures de suite". Le Chilien est ensuite sorti de la résidence universitaire en sortant par la sortie de secours, "pour que personne ne le voie", avec la valise dans laquelle se trouvait le corps de la victime. Selon Me Schwerdorffer, Nicolas Zepeda a tué Narumi Kurosaki car il ne supportait pas qu'elle construise sa vie avec un autre homme, Arthur Del Piccolo. Le Chilien avait l'intention de se remettre en couple avec elle, et elle n'a pas choisi cette option. "Si Narumi s'était remise avec lui, jamais il ne serait parti de Besançon". 

Oui le corps de Narumi a été mis dans une valise. Elle n'a pas disparu pour rien cette valise.

Me Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo

16h53 : L'audience reprend. Me Randall Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, commence sa plaidoirie. Il s'installe à la barre. "On vient de passer presque 3 semaines ensemble à travailler sur ce dossier complexe, pour une raison simple. Parce qu'il n'y a pas de corps. Tous les dossiers criminels sans corps sont complexes", commence l'avocat bisontin. "La première question à laquelle vous devrez répondre c'est Narumi est-elle morte ? La 2e question est comment est-elle morte et même quand est-ce qu'elle est morte ? La 3e, c'est qui a tué Narumi ? Pourquoi on a tué Narumi car on tue toujours pour une raison ? Et la dernière question c'est qu'a-t-on fait de son corps ? Moi je vais vous livrer l'analyse de l'avocat d'Arthur Del Piccolo". Selon l'avocat, c'est grâce au portable de Narumi Kurosaki que les enquêteurs réussissent à identifier Nicolas Zepeda, au restaurant d'Ornans. "On est le 15 décembre, Nicolas est au Chili, tranquille. Ce qui va perdre Nicolas Zepeda dans la traçabilité c'est le portable de Narumi, ce n'est pas lui. Il ne commet aucune erreur pour sa part. Nicolas Zepeda ne veut pas qu'on le voie. Il n'est pas en France pour ses proches. Il ne dira jamais à son cousin qu'il est en France".

L'audience est suspendue une dizaine de minutes avant les plaidoiries des parties civiles.

16h30 : "Vous êtes venus dire que vous n'aviez pas peur de pouvoir reconnaître certains mensonges. Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez peur ? Vous voulez en faire part à vos juges ?", le pousse son avocat. "Je n'ai plus peur en réalité. Il y a beaucoup de pression, d'enjeux. Je sais que je dormirai mieux car j'ai fait de mon mieux, j'ai parlé franchement". "Est-ce que vous êtes indigné ?!", le tance Me Portejoie. Son client reste calme et fait des efforts pour se contrôler. Le jeune homme perd un peu son calme et s'emporte. "Ça me rend fou, la seule chose que je peux faire c'est d'essayer de me défendre. On peut pas savoir ce qui s'est passé parce qu'on est trop concentré sur moi !!!" "Je ne l'ai pas tuée !", craque finalement Nicolas Zepeda en sanglots. "Est-ce que Narumi est morte ?", demande alors Me Portejoie. "Mais je ne sais pas. Je voudrais le savoir mais je ne sais pas !". "Je l'ai laissée dans sa chambre, elle était bien...". Me Portejoie n'insiste pas plus : "merci beaucoup".

16h20 : Me Portejoie prend le relais. "Comment allez-vous Nicolas Zepeda ?", lui demande-t-il. "Ah merde... écoutez je fais de mon mieux, j'essaie de vous apporter des choses utiles. C'est très fatigant, j'ai fatigué tout le monde, vous, mes parents. Je suis épuisé", dit l'accusé au bord des larmes, avant de reprendre ses esprits. "Que pensez-vous des réponses que vous avez apportées ?", interroge l'avocat de Clermont-Ferrand. "Vous êtes là pour répondre à des accusations, à des éléments développés par monsieur l’avocat général et vous vous adressez aux jurés. Comprenez-vous que vos réponses alambiquées, ont perdu tout le monde parfois, sur des questions cruciales, sur des questions anodines ? Prenez-vous conscience de la façon dont vous vous exprimez ?", demande l'avocat. "Je prends note. J'ai cette façon de penser en arborescence. Je suis un peu comme ça", répond l'accusé. "Vous êtes difficile à suivre Nicolas", dit Me Portejoie.

16h07 : L'audience reprend. Les questions sont aux avocats de la défense. Me Cormier commence par interroger Nicolas Zepeda, en se postant à la barre, pour pouvoir voir son client de face. Il demande à ce que le listing des adresses IP, utilisé par l'avocat général juste avant, soit à nouveau projeté à l'écran et à ce que Nicolas Zepeda détaille ses déplacements à partir du 7 décembre 2016. Ensuite, concernant le numéro de chambre de la victime, la n°106, Nicolas Zepeda disait avoir eu connaissance de ce numéro lors de l'inscription à l'université française de la jeune femme. Me Cormier expose une pièce justificative prouvant les dires de son client. Il s'agit du dossier d'inscription de la victime au Crous de Besançon. Il est effectivement indiqué le numéro 106. Les échanges numériques entre les deux protagonistes sont une nouvelle fois analysés, mais par la défense cette fois-ci. 

L'audience est suspendue une vingtaine de minutes.

15h41 : "Vous avez menti à plusieurs reprises, mais pourquoi mentir quand on a rien à se reprocher ?", en termine Etienne Manteaux. "On ne ment pas seulement parce qu'on a des choses à se reprocher. On ment tous, il y a différents types de mensonges. On ment parce qu'on a peur des fois. Je ne peux pas expliquer tout. Dans cette affaire-là, j'étais envahi par la peur parce que j'ai vu qu'on voulait me reprocher quelque chose que je n'avais pas fait". "Je suis totalement étranger à cette disparition. Moi aussi je veux savoir ce qu'il s'est passé", conclut l'accusé qui n'a pas fléchi une seconde face à l'avocat général.

15h31 : "J'ai eu beaucoup de mal à regarder ces images, c'était très choquant", explique l'accusé suite à une question d'Etienne Manteaux qui l'interroge au sujet de la photo de femme dissimulée dans une valise diffusée la semaine dernière lors de l'audience. "Pourquoi votre cousin n'a pas voulu répondre à nos questions alors qu'il était cité à comparaître ?". "Je pense qu'il veut passer à autre chose, c'est mon avis", dit Nicolas Zepeda. S'ensuit un petit accrochage entre l'avocat général et l'un des deux avocats de Nicolas Zepeda. "Franchement monsieur l'avocat général vos cris c'est pénible...", dit Me Cormier. "Oh pauvre monsieur Cormier... Vous pouvez sortir si vous êtes fatigué", lance Etienne Manteaux.

15h17 : Concernant les phrases traduites en japonais par des proches de l'accusé et retrouvées dans des messages envoyés à la famille de Narumi Kurosaki après la disparition de la Japonaise... "Elle ment ?", dit Etienne Manteaux, au sujet de la témoin qui a rapporté ces faits. "C'est quelqu'un qui à force d'entendre que c'était moi, ça a fini par monter à la tête des gens vous voyez", défend Nicolas Zepeda, sans grande conviction apparente. 

- Jusqu'à hier vous avez toujours dit que vous n'aviez jamais pris contact avec Narumi Kurosaki, pourquoi ?
- J'ai appelé Narumi la semaine où je suis arrivé au Chili.
- Pourquoi on ne retrouve aucune trace de cet envoi ?
- Vous ne trouvez pas de trace parce que vous n'avez pas cherché cette trace. Cette enquête est plein de trous.
- Vous êtes incapable de nous fournir la preuve de ce que vous sortez de votre chapeau. Si vous voulez être crédible il nous faut la pièce. Vous nous avez produits les échanges avec Narumi. Pourquoi ne fournissez-vous pas cette preuve ?
- Je vais discuter avec la défense pour pouvoir amener un éclaircissement sur ce point-là.

15h05 : Nicolas Zepeda est soumis aux questions incisives de l'avocat général depuis 1h30 maintenant. Il souffle, il baisse les yeux mais garde l'assurance qu'on lui connaît. "Je vous entends très mal monsieur l'avocat général", lance-t-il faisant remarquer à Etienne Manteaux en pleine démonstration à l'écran qu'il ne parle pas suffisamment dans le micro. "C'est la preuve finale, crucifiante pour vous", emploie Etienne Manteaux, décortiquant une fois de plus les connexions de l'accusé sur les différents réseaux internet, prouvant qu'il a usurpé l'identité de la victime une fois qu'elle avait disparu. 

14h57 : "C'est vous le rôdeur ou pas ?", redemande Etienne Manteaux. "J'ai sûrement été filmé". "Monsieur Zepeda, on va avancer. Aucune autre personne ne passe aux abords de ce bâtiment, vous savez qu'elle est là. C'est manifestement vous, avec un jean et un manteau noir", le coupe Etienne Manteaux. "Je ne crois pas être cette personne", répond l'accusé toujours aussi calme mais passablement désabusé. Étienne Manteaux, toujours aussi déterminé, demande à ce que soit à nouveau projeté le plan de la cité universitaire de Besançon puis le plan de la résidence Rousseau. L'avocat général souhaite revenir sur les cris terribles, d'une femme, entendus dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016 par une dizaine d'étudiants. Il rappelle aux mémoires les propos des témoins entendus en première semaine du procès. "Comme si quelqu'un [une femme] se faisait tuer", avait notamment rapporté Rachel R. " C'est la vie qui quittait le corps d'une personne. Comme quelqu'un qui rendait son dernier souffle", avait rapporté quant à lui un étudiant, Adrien L. ( relire notre article). L'accusé, cette nuit-là, n'a rien entendu alors qu'il dormait, selon lui, dans la chambre de Narumi Kurosaki. "Vous partez à 4h du matin [le 6 décembre] après une fabuleuse nuit avec Narumi, à 4h du matin ?!". "Je pars à 4h du matin", confirme Nicolas Zepeda, visiblement de plus en plus agacé par les questions de l'avocat général.

C'est une fois de plus votre fierté de mâle qui vous empêche de reconnaître que c'est vous qui êtes venu voir Narumi ?

Etienne Manteaux, avocat général

14h28 : Concernant le rôdeur qui a été vu une dizaine de fois aux abords du bâtiment Rousseau, en train de photographier en direction de la chambre de la victime, Nicolas Zepeda maintient qu'il ne s'agissait pas de lui. Et ce malgré les relevés GPS de sa voiture bornant à cet endroit, et malgré le fait que la personne filmée portait les mêmes vêtements que lui. "Je ne me reconnais pas sur ces images. Quand je vois ça, je ne me reconnais pas", dit Nicolas Zepeda. Étienne Manteaux, situé à une dizaine de mètres en face de l'accusé monte le ton, insiste, fait des grands gestes. Les avocats de la défense volent au secours de leur client. "Il répond à sa manière, on en pense ce qu'on veut mais laissons-le faire sa réponse", dit Me Portejoie. Étienne Manteaux, avocat général, décortique ensuite la version alambiquée de l'accusé en rapport avec l'achat d'un bidon de produit inflammable et d'un produit détergent. Le trajet de l'accusé en voiture entre Besançon et Dijon et la sortie à Dole de l'accusé interpelle Etienne Manteaux. "Je ne sais pas pourquoi je suis sorti là", dit Nicolas Zepeda qui dit s'être perdu à cet endroit.  

14h12 : Nouvel épisode d'amnésie pour l'accusé qui ne se souvient pas comment il a obtenu une information concernant l'emploi du temps précis de Narumi en France. "Vous épiiez ses comptes sur les réseaux sociaux monsieur", lance Etienne Manteaux. "Cela ne me dit rien. Je ne sais pas. Je ne pirate pas le compte de Narumi", maintient l'accusé. Étienne Manteaux rappelle à l'accusé que c'est bien Narumi Kurosaki qui a décidé de mettre un terme à la relation contrairement à ce que dit Nicolas Zepeda. Minutieusement, l'avocat général reprend les faits en s'appuyant sur les échanges numériques entre les deux jeunes. "C'est vous qui avez rompu ?", insiste Etienne Manteaux. "On a rompu". "Non, non monsieur Zepeda, elle vous a quitté car elle était oppressée par vos demandes, vos surveillances". "Il vous manque des messages, vous n'avez pas tout", répond l'accusé, qui semble perdre patience face aux questions de l'avocat général.  

13h55 : "Le 28 août 2016, deux jours après l'arrivée de Narumi en France, elle vous reproche de "pourrir ses études à l'étranger", rapporte Etienne Manteaux. "Je vais finir par aller à la police", dit alors l'étudiante japonaise à Nicolas Zepeda. "Vous avez lu 156 messages de Narumi Kurosaki, et vous vous êtes connecté 128 fois sur le profil d'Arthur Del Piccolo. Vous continuez à nier cela ?", interroge l'avocat général déterminé à faire reconnaître à l'accusé qu'il surveillait numériquement la victime. "Je n'ai pas fait ça", dit Nicolas Zepeda, toujours aussi calme. Pourquoi est-ce que l'accusé a demandé à Narumi Kurosaki d'effacer des contacts masculins ? "Je pensais qu'elle n'allait pas le faire. Je voulais trouver un prétexte pour qu'on puisse se quitter", répond Nicolas Zepeda, aussi étrange que cela puisse paraître. "Parce que tu es partie en France, je ne peux pas vérifier tout ce que tu fais tout le temps", cite l'avocat général reprenant des propos tenus dans une lettre de l'accusé envoyée à Narumi Kurosaki. "C'est un courrier de caricature de domination masculine non ?" demande Etienne Manteaux avant de faire réagir à nouveau l'accusé concernant la vidéo de menaces qu'il a envoyée à Narumi Kurosaki.  

13h36 : L'audience reprend. Étienne Manteaux se lève pour interroger à son tour l'accusé. "C'est le moment de tout dire monsieur Zepeda. Vous avez fait six révélations nouvelles durant ce procès. Je vais vous poser des questions très précises car j'ai bien compris qu'avec vous, sur des questions ouvertes, c'est vous qui prenez la main", débute l'avocat général. Première question au sujet des deux soeurs de Nicolas Zepeda. "Pourquoi ne sont-elles pas plus soutenantes vos soeurs ?", demande Etienne Manteaux en référence à l'absence des jumelles à la barre de ce procès et du premier.   "On a estimé que pour ce type de témoignage, sur mon caractère, que les témoignages de mes parents et de mon amie Alexandra suffisaient. Mais je compte le soutien de mes soeurs, j'ai des nouvelles d'elles, on a des échanges à ce niveau-là" , répond l'accusé. "Aucune de vos anciennes petites amies n'est citée, pourquoi ?", ajoute Etienne Manteaux.  

11h58 : "On a l'exploitation intégrale du portable de Narumi Kurosaki. Pourquoi à aucun moment, les trois dernières années avant que vous soyez extradé du Chili, pourquoi vous n'avez jamais tenté d'une façon ou d'une autre de joindre Narumi ?". "C'est inexact", dit Nicolas Zepeda. "Non, vous mentez. Vous êtes un menteur. Le dossier dit que vous mentez", martèle Me Schwerdorffer. "Pourquoi bloquer l'extradition comme vous l'avez fait, jusqu'au bout, trois ans de procédure ?", demande pour finir l'avocat d'Arthur Del Piccolo. "Dans ma tête, ce que je savais c'était tout simplement que je n'étais pas responsable de ce dont on m'accusait. Je savais pertinemment que cette accusation était fausse. [...] J'ai suivi les conseils de mon avocat, car ce sont eux qui savent et qui connaissent comment fonctionnent les choses", répond de manière toujours aussi complexe Nicolas Zepeda. "Ce n'est pas du tout ma question, mais comme d'habitude, vos réponses n'ont rien à voir avec nos questions", conclut Me Schwerdorffer.

11h52 : "Pourquoi n'achetez-vous pas un bidon vide à Carrefour pour mettre de l'essence ?" demande l'avocat d'Arthur Del Piccolo. "Je n'en ai pas trouvé". "Et vous achetez en plus un pack de trois boîtes d'allumettes. Ne comprenez-vous pas qu’un esprit mal intentionné puisse faire un lien entre le produit inflammable, les allumettes, et le corps de Narumi ?", interroge Me Schwerdorffer. "C'était un achat débile. Des fois on fait des choses idiotes", justifie l'accusé qui nie toujours être impliqué dans la mort de la Japonaise. Toujours concernant son cousin médecin Juan Felipe, il dit ne pas savoir "ce qui lui est passé par la tête" pour qu'il raconte ce qu'il a raconté aux policiers concernant des interrogations morbides faites par l'accusé sur la manière de tuer quelqu'un. Pourquoi Narumi et Nicolas ne sont pas restés à l'hôtel Courbet à Ornans, plutôt que de rentrer dans la petite chambre universitaire bisontine, si la jeune femme était consentante pour passer la nuit avec son ex-petit ami ? "Peut-être qu'elle ne voulait pas trop déranger, le fait de prendre une chambre que je paie", répond le Chilien.

11h36 : A son tour et de manière un peu plus frontale que sa consœur, Me Randall Schwerdorffer pointe du doigt sur les versions changeantes de Nicolas Zepeda. L'accusé tourne autour du pot et ne donne pas d'explication convaincante. Me Schwerdorffer demande à l'accusé de préciser pourquoi il a acheté un spray détergent de marque Saint-Marc. Après un très long détour, Nicolas Zepeda répond : "c'est un produit pour nettoyer des taches banales dans le cas où j'en aurais besoin. Euh... Je... C'est un peu le même réflexe que j'ai eu pour le bidon inflammable. C'est pour nettoyer. Je me prépare au moment où j'en aurais besoin de nettoyer quelque chose, dans la voiture. Car j'ai mangé dans la voiture."

11h19 : L'audience reprend, avec les questions de Me Schwerdorffer, avocat d'Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime au moment de sa disparition en décembre 2016. "Vous faites plusieurs milliers de kilomètres pour venir voir Narumi Kurosaki à Besançon, vous repartez en passant par l'Espagne, puis vous arrivez au Chili. Vous apprenez la disparition de Narumi. Pourquoi vous ne vous inquiétez pas de sa disparition ?", débute l'avocat de Besançon. "Ça, c'est votre vision des choses. Je m'inquiète", répond le Chilien. "Alors qu'est-ce que vous faites ?, insiste Me Schwerdorffer. L'appel à Narumi depuis le Chili n'existe pas monsieur. Sous le contrôle de monsieur le président, le téléphone de la victime n'a jamais indiqué votre appel". "C'est inexact", dit Nicolas Zepeda. "Monsieur Zepeda vous mentez", lance l'avocat des parties civiles, convaincu que l'accusé n'a pas pris de nouvelles de la victime, parce qu'il savait qu'elle était morte entre ses mains.   "Je regrette de n’avoir pas fait plus. C’est dans ma tête je regrette de ne pas avoir contacté sa famille. Je regrette de ne pas avoir participé aux recherches", dit le jeune homme, dont les mains sont appuyées sur la paroi en bois du box de l'accusé dans lequel il se trouve. L'avocat de Besançon rappelle que les informations que l'accusé à Interpol depuis le Chili, de manière spontanée, étaient totalement fausses. Comment pouvait-il vouloir aider la police à retrouver Narumi Kurosaki avec autant de "mensonges" ?  

On vous reproche vos mensonges monsieur.

Me Schwerdorffer, avocat des parties civiles

L'audience est suspendue environ 15 minutes.

10h50 : "Vous aviez un doute que Narumi soit bien morte quand vous l'avez mise dans la valise ?", interroge Me Galley, après l'échange au sujet des questions morbides posées au cousin de l'accusé. "Je n'ai pas tué Narumi, je ne l'ai pas mise dans une valise", répond calmement Nicolas Zepeda. "Pourquoi n'avez-vous jamais dit que vous aviez essayé d'appeler Narumi depuis le Chili ?". "Ce sont le genre de détails dont, peut-être, je ne vois pas pourquoi on me pose certaines questions. Peut-être que pendant cet interrogatoire, on va me poser la question avec une intention que je ne comprends pas. Tout ça pour vous dire, que je ne peux pas faire la part des choses comme le font les avocats", s'aventure pour finir l'accusé.  

10h45 : - Quand vous avez une relation sexuelle avec Narumi, il y a la photo d'Arthur Del Piccolo qui trône sur le bureau. Cela ne vous gêne pas de le voir ?
- Je n'ai jamais vu cette photo. Elle n'était pas visible dans la chambre.
- Vous êtes parti de cette chambre au petit matin [le 6 décembre]. Quand ses amis viennent devant la porte elle vous dit de ne pas faire de bruit et pendant 2-3 heures vous ne faites pas de bruit. Qu'est-ce qu'elle vous dit, elle fait comme si de rien était, comme si elle était morte, si je peux me permettre ?...
- Elle fait pas trop de bruit, j'en fais pas non plus. Ensuite, je vois qu'il se passe un truc, qu'elle est inquiète, qu'elle hésite, qu'elle attend.  
- Elle ne bouge pas pendant plus de deux heures de temps ?
- Elle est assise à son bureau.
- Et ensuite vous décidez de partir et vous ne la recontactez pas. Vous ne lui envoyez même pas un message.  
- Je ne suis pas parti comme ça, en réalité ce sont des instants qui ont duré certaines minutes. On a échangé avant que je parte. Je l'ai remerciée. À ce moment dans ma tête, c'était plutôt que ce n'était pas le moment. Elle est en France, je suis au Chili. Je la voyais agitée, elle faisait les cent pas. Je me suis dit que ce serait mieux que je parte. Il fallait que je parte, j'essaye de me mettre dans sa tête mais je ne peux pas faire mieux.  
- Et après votre départ, elle prend sa couverture, sa taie d'oreiller, et puisqu'elle est triste plus qu'inquiète elle va partir pieds nus, sans son manteau, comme ça sur un coup de tête ?
- Quand je pars, je la vois plus triste qu'inquiète.  
- Qu'est-ce qu'il lui est arrivé alors, quelle est votre hypothèse ?
- Je n'en ai pas, je ne vois pas de lien de causalité. Je ne vois pas de rapport.  

Me Galley s'étonne que le cousin de l'accusé ait, selon ce dernier, raconté n'importe quoi sur lui. "Il doit sacrément vous détester votre cousin. Pourquoi raconterait-il des choses aussi épouvantables ?". "Je ne comprends pas ce qu'il lui est passé par la tête", répond Nicolas Zepeda.

10h30 : Narumi Kurosaki a-t-elle été enceinte de Nicolas Zepeda ? "Au Japon, elle a eu un retard dans ses règles. On est allés chez le médecin. Elle n'a jamais été enceinte", assure l'accusé. " - Tu as fait mal à mon corps, tu m'as pris beaucoup d'argent -. Elle a dû payer pour avorter monsieur ?", insiste Me Galley. "Elle parle des dépenses du médecin, mais je l'ai accompagnée dans ses dépenses". "Une femme dit rarement qu'elle est enceinte alors qu'elle ne l'est pas monsieur Zepeda", continue Me Galley. "Vous avez dit dans un échange avec Narumi : 'Tu es tombée enceinte Narumi, parce que tu as fait l'amour avec moi et personne ne t'a forcée'". L'accusé prétend qu'il s'agissait en réalité de propos au conditionnel. Dans la chambre du Crous de Besançon, la nuit du 4 au 5 décembre 2016, "vous avez eu une relation sexuelle selon vous. Il était quelle heure ? Vous avez dit vers 2h30 hier", demande Me Galley. "Non, je ne crois pas avoir dit ça, c'est trop tard. C'est vers 0h-1h", répond l'accusé.

10h12 : "C'est très romanesque votre première rencontre à Besançon avec Narumi Kurosaki. C'est la première fois que je l'entendais", dit Me Galley en référence aux propos tenus la veille par l'accusé sur les circonstances de sa rencontre avec la Japonaise au Crous de Besançon. En effet, le Chilien n'avait jamais raconté les choses de cette manière, malgré plusieurs interrogatoires durant sept ans et deux procès. "J'ai toujours du mal avec les coïncidences, je n'y crois pas", dit l'avocate, tout sourire, en référence à la version de Nicolas Zepeda sur la rencontre avec la victime, mais aussi sur sa présence en centre-ville de Besançon pour l'achat d'une chemise et d'un blazer, juste au moment où s'y trouvent Arthur Del Piccolo et Narumi Kurosaki. "À aucun moment elle ne vous dit qu'elle a un petit ami ici en France, et vous l'ignorez totalement ?", interroge Me Galley. "Non, elle ne le dit pas".  

9h56   : - Vous avez un bagage cabine qui pèse combien ?
- C'est un bagage de cabine, mesure standard. À l’époque, c'était plus grand que maintenant. Si je me trompe pas, ça pesait... une dizaine et demie de kilos au total.
- Si je me souviens bien votre bagage à Genève, pèse 18 kilos.
- Oui c'est bien ça. Une dizaine et demie de kilos, 15 kilos environ.
- Ah, une dizaine et demie... Je perfectionne mon français... C'est un gros bagage en soute 18 kilos.
- Ce qui pesait du poids, ce sont aussi les livres que j'ai apportés. La valise était pleine car je devais passer plusieurs jours et je ne savais pas si je pourrais faire la lessive.
- Qu'est-ce qu'un oreiller et une couverture faisaient dans votre valise ? Vous aviez prévu de dormir dans une voiture ?
- C'est un oreiller de voyage et la couverture c'est pratique dans l'avion.
- On vous en donne dans l'avion une couverture et un oreiller, mais vous préférez avoir les vôtres d'accord.

L'objet de la visite du jeune homme à Besançon ? "Ce n'est pas cohérent monsieur Zepeda, vous traversez la planète pour 'laisser une porte ouverte' sur votre relation", dit Me Galley, avocate de la famille de la victime. Et pourquoi il ne dit pas bonjour à Narumi Kurosaki lorsqu'il l'aperçoit en train d'attendre le bus, alors qu'il a parcouru tout ce chemin pour la voir ? Ces éléments laissent l'avocate bisontine perplexe. "Votre priorité d'aller voir Narumi devient d'un seul coup d'aller acheter à Dijon des allumettes, du produit inflammable, du détergent, d'aller au sud de Dole... il y a des grandes surfaces à Besançon", interpelle Me Galley. "Le produit inflammable, vous videz le contenu et vous le remplacez par de l'essence ?", poursuit Me Galley. "J'utilise le contenant. Quand j'ai fait le premier plein de la voiture, je me suis débarrassé de ça, j'ai mis de l'essence pour nettoyer et une fois que c'était nettoyé avec l'essence on vide ça et on remplit avec l'essence", répond le trentenaire. "Vous aviez fait un aller-retour à Dijon, vous avez vu qu'il y avait des stations essence partout sur l'autoroute ?", insiste Me Galley. "Pas du tout, je n'ai pas vu ça".  

9h30 : "Vous avez imaginé l'effet que cela a pu faire à Narumi de recevoir votre vidéo (ndlr, la vidéo dans laquelle Nicolas Zepeda lui donne des conditions à respecter sous deux semaines, accompagnées de menaces) ?". Le jeune homme dit que cette vidéo faisait partie d'un processus de rupture définitif de la relation. Cette explication est peu compréhensible.   "Avec votre cousin, vous parlez de Narumi et vous faites référence à des bêtises qu'elle a faites, le 7 novembre 2016. Vous parlez de quoi ?", poursuit Me Galley. Nicolas Zepeda développe une longue réponse, comme à son habitude, donnant l'impression de noyer le poisson. Le 10 novembre 2016, le jeune homme réservera ses billets d'avion pour venir en France. "Je ne comprends pas très bien", répète plusieurs fois l'avocate Me Galley, tentant de comprendre le planning exact du Chilien à Besançon.  

9h19 : "Le 6 septembre 2016, vous dites à Narumi, qu'elle doit devenir la meilleure fille à partir de maintenant. Tu ne causeras jamais un problème, tu ne seras jamais fâchée, tu ne seras jamais méchante, tu n'auras jamais un mauvais mot, tu ne négocieras jamais plus quoi que ce soit. Vous vouliez faire quoi d'elle ? Une poupée qui dit oui sans arrêt, qui n'a pas d'opinion ?", interroge Me Galley, avocate de la mère et des soeurs de Narumi Kurosaki. "Je comprends votre confusion. En réalité on ne parle pas de conception de couple en ce moment-là. Ces échanges sont nés d'une discussion autour des fameuses conditions pour retrouver des repères pour la relation, qu'est-ce qu'il faudrait réparer pour une chose qui est en train de ne pas marcher, développe l'accusé. La façon dont je m'exprimais n'était pas la meilleure façon pour qu'elle comprenne". L'avocate bisontine tente d'obtenir des faits précis pour comprendre pourquoi l'accusé a tenu de tels propos. Ce dernier dit avoir été choqué par un changement d'attitude de son ex-petite amie mais ne pas se souvenir des détails.  

C'est la 5e fois que tu me demandes pardon cette semaine.

Nicolas Zepeda à Narumi Kurosaki

9h09 : L'audience reprend. Me Galley, avocate de la famille de Narumi Kurosaki commence avec ses questions à Nicolas Zepeda. "Certains points me paraissent obscurs, il n'y a pas de piège ce sont des questions simples que je vais vous poser. Vous pouvez y répondre en français ou en espagnol, comme vous le souhaitez. J'aimerais revenir sur votre relation avec Narumi. Vous aviez quel âge quand vous avez rencontré Narumi ?", débute l'avocate bisontine, d'une voix douce et bienveillante. "J'avais 24 ans", répond le jeune homme. Narumi Kurosaki avait à l'époque 19 ans. Me Galley souhaite savoir combien de relations avait eu le Chilien avant de rencontrer Narumi Kurosaki. "J'avais déjà eu 2 relations sérieuses avec deux filles chiliennes", dit l'accusé qui qualifie ses sentiments pour Narumi comme "sérieux". "Je l'aimais de tout mon coeur et j'ai toujours fait l'effort de faire de mon mieux". L'accusé parle calmement et distinctement. Me Galley lit des messages échangés entre les deux anciens amoureux. "Quelle est votre conception du couple ? Vous demandez à Narumi d'être une bonne fille, une bonne femme", rapporte l'avocate. "Maintenant, vous avez fait connaissance avec moi et il y a une partie cérébrale et pragmatique dans mon esprit, donc pour moi une relation de couple c'est prendre soin, avoir du respect, prendre l'autre en considération", répond le Chilien.  

L'audience doit débuter vers 9h. La mère et les soeurs de Narumi Kurosaki sont toujours présentes, comme depuis le début de ce procès. Arthur Del Piccolo, petit ami de la victime au moment de son meurtre, est installé à leurs côtés.  

Après un 10e jour d'audience durant lequel la défense a tenté un coup de poker en réclamant la suspension du procès, en vain, Nicolas Zepeda a finalement été interrogé toute l'après-midi, jusqu'à 19h par le président François Arnaud, au sujet de sa version concernant les faits qui lui sont reprochés. Il plaide toujours son innocence concernant la mort de Narumi Kurosaki, mais a fait évoluer ses propos sur de nombreux points, par rapport à ce qu'il a dit aux enquêteurs mais aussi par rapport à son procès en première instance en 2022. Il a contredit en bloc les propos de son cousin Juan Felipe, l'un des témoins clés de cette affaire. Ce dernier n'a donné aucune nouvelle à la justice française à la suite de sa convocation à ce procès. Ce mardi 19 décembre 2023, l'accusé doit être soumis aux questions des parties civiles, de l'avocat général Etienne Manteaux et de ses propres avocats.

(Re)lire le déroulé du 10e jour de procès en appel de Nicolas Zepeda.

Nicolas Zepeda, qui clame depuis le début son innocence, a été condamné à 28 ans de réclusion lors de son procès en première instance, à Besançon, en avril 2022. Il est accusé d'avoir assassiné Narumi Kurosaki, une étudiante japonaise de 21 ans, qui était son ex-petite amie au moment des faits. À Vesoul, son attitude reste peu ou prou la même, avec peu d'émotions visibles, hormis quand il s'agit d'aborder sa situation personnelle. Le corps de la victime n'a jamais été retrouvé malgré des années de recherches. Le Chilien risque une peine de réclusion à perpétuité. Il continue à nier son implication.

ARCHIVES. De la disparition de Narumi Kurosaki à la condamnation en première instance de Nicolas Zepeda pour assassinat :

Du 4 au 22 décembre 2023, suivez en direct les débats en cours à l'intérieur de la salle d'assises du procès en appel de Nicolas Zepeda à Vesoul. Rendez-vous chaque matin sur l'article "DIRECT" de notre site internet.

Retrouvez tous nos articles au sujet de l'assassinat de Narumi Kurosaki.

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