La directrice des Musées d’Art et du Temps de Besançon, Laurence Madeline, est, depuis la mi-juillet 2024, suspendue de ses fonctions à titre conservatoire le temps d’une enquête administrative. Cette décision de la mairie intervient à la suite de deux mouvements de grève et d’une tentative de "coaching".
La souffrance au travail exprimée par une partie des salariés des Musées d’Art et du Temps de Besançon aura fini par être entendue par l’équipe municipale. À la suite de deux mouvements de grève d’une partie du personnel et malgré une tentative de médiation, la directrice des Musées d’Art et du Temps de Besançon, Laurence Madeline, vient d’être, à la mi-juillet 2024, suspendue à titre conservatoire de ses fonctions le temps d’une enquête administrative.
Le mal-être des salariés des Musées d’Art et du Temps a été révélé au grand jour le 12 avril 2024. Ce jour-là, une partie d’entre eux manifestaient devant l’entrée du musée des Beaux-Arts de Besançon. "Du jamais vu depuis 25 ans", soulignait un gréviste. Ils dénonçaient les méthodes de management de leur nouvelle directrice ainsi qu’une augmentation de leur charge de travail. Laurence Madeline avait été nommée en avril 2023.
Trois manifestations et une séance de "coaching"
Une nomination qui avait été saluée en son temps tant le parcours de cette conservatrice en chef du patrimoine est foisonnant et relevé.
Laurence Madeline est spécialiste de Courbet et Picasso, elle a travaillé au musée Picasso, à Orsay, au musée d'Art et d’histoire de Genève, puis au musée Guimet de Paris. La municipalité de Besançon, dans un communiqué de presse en janvier 2023, voulait grâce au recrutement de cette conservatrice qui bénéficie d’une “reconnaissance internationale”, “ouvrir encore davantage ses musées sur l’extérieur en conquérant de nouveaux publics et en développant de nouvelles pratiques”.
Mais c’est à l’intérieur de l’institution culturelle que les problèmes ont surgi. Quatre-vingt-dix personnes dont soixante-sept titulaires travaillent dans ces deux musées de la capitale comtoise. Lors du premier rassemblement d’avril 2024, l'intersyndicale SUD/FO déclarait que les employés étaient "à bout" un an après l’arrivée de leur nouvelle directrice. Les représentants syndicats dénonçaient "l'envers du décor" et notamment les arrêts maladie qui se multipliaient parmi les employés depuis des mois.
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Fin mai, l’intersyndicale Sud-FO organisait un second mouvement de grève. Deux semaines plus tard, le 10 juin, Une séance de “coaching collectif” a été organisée mais cette méthode semble ne pas avoir porté ses fruits, la moitié des participants, selon la déléguée du personnel SUD Solidaires à la ville de Besançon, auraient été en arrêt de travail à la suite de cette séance.
Enfin, le 20 juin, une distribution de tract avait lieu à l’entrée du conseil municipal de la ville. Les agents des Musées d'Art et du Temps de Besançon (Doubs) demandaient aux élus d'agir. Ils dénonçaient de nouveau les méthodes managériales de leur directrice et exprimaient leur ras-le-bol.
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Aujourd’hui, la représentante SUD n’a pas souhaité s’exprimer sur l’évolution de ce dossier.
Une enquête administrative à la rentrée
Quant à l'avocat de Laurence Madeline, M°Pierre Darkanian, il souligne que sa cliente “n'a toujours pas eu connaissance ni de ce qui lui est reproché, ni d'un seul élément factuel susceptible de mettre en cause ses méthodes de management”. Le conseil de la conservatrice en chef du patrimoine souligne qu’il est “impossible (à sa cliente) de se défendre” et que cette suspension à titre conservatoire intervient “avant même le début de l’enquête administrative qui doit être menée à la rentrée pour éclaircir les dysfonctionnements des musées et faire la lumière sur le malaise général qui y règne et qui est antérieur à la prise de fonction de Madame Madeline”.
La mairie de Besançon demeure discrète avant les conclusions de l'enquête administrative et veut se donner du temps pour “résoudre cette crise”. Elle précise seulement que la maire de Besançon, Anne Vignot, (EELV) a rencontré les agents des musées le 2 juillet dernier.
La ville rappelle qu'elle assure la protection fonctionnelle de Laurence Madeline, en tant que salariée de Besançon. La protection fonctionnelle est prévue par la loi. Il s'agit de garantir une protection juridique aux agents qui sont mis en cause professionnellement et de les protéger entre autres des diffamations ou outrages.
Selon le site officiel de l’administration française, une suspension à titre conservatoire n’est pas une sanction disciplinaire et elle est limitée à quatre mois.