Témoignage. "Je ne tiens pas debout plus de 2 min", une Franc-Comtoise atteinte du covid-19 à domicile nous raconte

Publié le Mis à jour le Écrit par Sarah Rebouh

Lucie*, jeune Franc-Comtoise âgée de 35 ans, a été touchée par le covid-19, à domicile. Elle n'a pas été testée officiellement, mais est pourtant restée alitée à la maison 5 jours. 13 jours après, elle va mieux, même si la toux persiste.

Mise à jour 7 avril 2020 : Après 5 jours assez violents, l'état de santé de Lucie* s'est peu à peu amélioré. Son médecin a fini par lui prescrire du paracétamol-codéine, ce qui l'a aidée à dépasser la fièvre et les violents maux de tête. Au 13ème jour, la jeune femme tousse encore beaucoup mais récupère peu à peu ses capacités physiques. Par chance, elle semble être passée à côté d'une rechute, comme le subissent nombre de personnes touchées par le covid-19. 

Alors que la population française est totalement confinée depuis bientôt 15 jours, les cas de covid-19 continuent à affluer à l'hôpital, mais pas que. Les chiffres qui recensent officiellement les malades sur un territoire sont évidemment bien en dessous de la réalité. Pourquoi ? Parce que de très nombreuses personnes infectées, non testées officiellement, sont confinées chez elles, seules avec leurs symptômes... et leurs craintes. C'est le cas de Lucie*, une Bisontine de 35 ans qui se débat avec le covid-19 depuis près de 5 jours.

Les premiers symptômes sont apparus mardi 24 mars, avec une étrange douleur à la hanche droite, comme une sorte de courbature localisée. Impossible pour Lucie de repérer tout de suite qu'il s'agissait du covid-19. A ce moment-là, la jeune femme en bonne santé, ne se doute pas un instant qu'il s'agit des prémices de cette maladie dont tout le monde parle, qui force actuellement une bonne partie du monde à vivre à l'arrêt. Le lendemain, c'est la grosse fatigue, puis les sueurs froides qui débarquent progressivement accompagnées d'une violente fièvre. A 22h30, le thermomètre de la Bisontine affiche 40.2 degrés. Il ne redescendra pas du tout pendant 2 jours.
 

"Une extrême fatigue"


Commence alors un calvaire pour la jeune femme, très active en temps normal. "Dès le début, j'ai ressenti une extrême fatigue. Je me suis allongée mardi soir et depuis presque 5 jours, je ne tiens pas debout plus de 2 minutes" détaille-t-elle, à voix basse et souffle court. Contrairement à certains malades du covid-19, la trentenaire possède toujours son odorat et son goût. Ils sont néanmoins devenus presque inutiles puisqu'elle peine à s'alimenter. Pour lutter contre la fièvre tenace, elle boit près de 2 litres d'eau par jour.

Dès l'apparition des symptômes, le premier réflexe de la Franc-Comtoise est de se rendre sur le portail numérique mis en ligne par le ministère de la Santé, pour y entrer ses symptômes (par ici) et ainsi connaître la marche à suivre. "Votre état nécessite une prise en charge immédiate" affiche l'écran. Pour Lucie*, c'est la douche froide malgré une fièvre assommante. Maux de tête violents, toux, extrême mal de gorge, fièvre, sueurs froides et frissons, courbatures... Les maux sont nombreux et varient en fonction des jours. 
 
 

Malade, mais pas officiellement


Après une nuit sans pouvoir fermer l'oeil, cette dernière contacte tant bien que mal son médecin traitant. "Arf, ça peut être le covid-19 effectivement !" évalue rapidement le médecin généraliste au bout du fil, tout en prescrivant deux boîtes de Doliprane. "Si vous n'avez pas de problème respiratoire, ça devrait passer tout seul. Surveillez bien votre souffle" lui conseille-t-il sans pour autant chercher à faire confirmer son diagnostic téléphonique par la prescription d'un test officiel.

Comment a-t-elle attrapé le virus ? Impossible de le savoir d'autant que cette dernière n'a côtoyé aucune personne extérieure après le 17 mars. Par chance, la jeune femme a réussi à se faire prêter un oxymètre. Son rôle est de contrôler la quantité d’oxygène présente dans les artères. Il mesure également le rythme cardiaque sans interruption. Le taux normal d’oxygène de l’hémoglobine est de 95 % au minimum. Si la valeur est inférieure à cette référence, il y a une menace d’hypoxie. 
 

Cette situation est évidemment très anxiogène. Tomber malade est une chose, subir des symptômes violents pendant plusieurs jours, seule ou presque, sans diagnostic officiel et sans prise en charge directe en est une autre. Lucie s'inquiète de ne pas réellement savoir évaluer la gravité de son état. Comment savoir si elle est essoufflée alors que ses mouvements se limitent à passer de son canapé à son lit depuis bientôt une semaine ? 

"C'est angoissant de ne pas avoir de diagnostic. Ce qui est très angoissant aussi, c'est qu'aucun cachet ne fait d'effet. J'aurais bien voulu qu'un médecin prenne ma tension et écoute ma respiration. C'est angoissant de savoir qu'il y a beaucoup de gens qui en meurent" explique-t-elle, entre deux quintes de toux. 
 

"Jamais aussi mal de ma vie"


"Je n'ai jamais été aussi mal de ma vie. C'est horrible. On a de l'énergie pour rien... C'est long d'avoir mal tout le temps, 24h sur 24, sans pouvoir dormir. On a que des tout petits moments de répit" avoue-t-elle, visiblement à bout de force. Pour se rassurer, la jeune femme, quand elle n'est pas assommée par la fatigue, essaie de se renseigner sur la toile. Grâce à des témoignages de malades à domicile, elle réussit à patienter, tout en hésitant régulièrement à contacter le SAMU, voyant qu'après 4 jours de douleurs la fièvre est toujours à près de 40 degrés avant de se coucher. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle a accepté de nous raconter son quotidien. 

"Par chance, je vis avec quelqu'un ici qui n'a toujours pas de symptôme et qui peut m'aider. Mais j'imagine les gens qui sont seuls affronter tout ça, ou les gens à risques... C'est très difficile, physiquement et moralement" conclut Lucie, épuisée par notre discussion.

Nous tenons à rappeler ici l'importance du confinement dans cette période d'épidémie liée au coronavirus. Les symptômes varient d'un patient à l'autre, cependant la maladie peut s'avèrer très violente même pour les plus jeunes. #RestezChezVous 

* Le prénom a été modifié pour garantir l'anonymat.
 
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