Témoignages. Cyclone Chido à Mayotte. "Ma tête et mon cœur sont là-bas" : en métropole, les expatriés attendent des nouvelles de leurs proches

Publié le Écrit par Noëlle Hamez

Ce dimanche 15 décembre, 24 heures après le passage du cyclone Chido à Mayotte, les Mahorais expatriés n'ont toujours pas reçu de nouvelles de leurs proches. Pour l'heure, 14 décès ont été recensés. Entre peur, incertitude et invraisemblance, les Mahorais de Bourgogne-Franche-Comté témoignent.

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Les rares images de Mayotte, relayées sur les réseaux sociaux avant que les lignes internet ne soient coupées, parlent d'elles-mêmes. Maisons délabrées, arbres déracinés, pluie torrentielle... Une vision apocalyptique, qui accable la communauté mahoraise depuis le passage du cyclone Chido ce samedi 14 décembre 2024.

Avec un niveau d'alerte violet (couleur uniquement utilisée pour les phénomènes météorologiques majeurs), cet épisode météorologique marque la pire dépression que l'île ait connue depuis 1934. Ce dimanche, les autorités faisaient état d'au moins 14 décès et de plusieurs centaines de blessés.

"C'est le flou total"

Démunis. Depuis 24 heures, c'est le seul mot qui puisse décrire l'état d'esprit des Mahorais installés en métropole. Alors que leur département d'origine, niché à l'autre bout du monde dans l'océan Indien, traversait d'ores et déjà une crise de l'eau, surmontée d'une précarisation toujours grandissante de sa population, le passage de Chido vient donner le coup de grâce. Loin de leur patrie et de leurs proches "restés là-bas", les Mahorais de Bourgogne-Franche-Comté attendent des nouvelles en se rongeant les ongles, passant en revue différents scénarios, plus ou moins dramatiques.

"Ils sont allés chez des voisins, ils se sont mis à l’abri, se sont réunis... On essaie de rester optimiste et de rationaliser." Depuis Besançon, Mohamed peine à rester tranquille.

Installé dans le Doubs depuis 17 ans, ce régleur d'horlogerie est originaire de Mtsahara, au nord de Mayotte. Toute sa famille est restée sur l'île, excepté un frère et une sœur, qui l'ont suivi en métropole. Pour rester en contact, le trentenaire appelle ses proches quotidiennement. Lorsque le cyclone a débuté samedi, il se trouvait d'ailleurs au téléphone avec sa mère, qui a dû subitement raccrocher. Depuis, Mohamed n'a pas eu de nouvelles.

Les gens qui postent des vidéos sur Instagram et sur Snapchat d'habitude ne mettent rien depuis des heures. Tout est coupé à l'autre bout du monde.

Mohamed, habitant de Besançon originaire de Mayotte

Même constat pour Léa et Mayer, jeune couple installé à Audincourt dans le Doubs. Lui, 23 ans, est originaire de Mayotte. Elle, 22 ans, est métropolitaine et considère la famille de son conjoint comme la sienne. Tous deux expliquent leur choc face à la situation, qu'ils n'imaginaient pas aussi dramatique. "On avait vu aux infos qu'il allait se passer quelque chose et qu'on n'aurait plus de nouvelles. Mais jamais on n'imaginait une telle ampleur."

Désemparés, les jeunes francs-comtois ont tout de même réussi à joindre l'une des tantes de Mayer. Malheureusement, celle-ci n'a pas pu donner de nouvelles du reste de leur famille, qui réside du côté de Dembéni, au centre de Grande-Terre. "C'est le flou total", conclut Léa, aide-soignante, de garde ce week-end.

Une pensée pour les plus précaires

En Bourgogne, Saanda est lui aussi dans l’attente. “On n’arrive pas à avoir de contact avec nos familles surtout sur le sud et le nord de l’île", souligne le jeune Mahorais au micro de notre journaliste Yacine Arbaoui.

Électricité, eau, il n’y a plus. Ça fait vraiment mal, on sait bien que la plupart vivent dans des maisons en tôle et que ça va être difficile pour ces gens-là.

Saanda, habitant de Besançon originaire de Mayotte

Face à la situation, Saanda, habitant de Dijon depuis plusieurs années, réalise sa chance de vivre en métropole. Avec humilité, et une légère sensation d'imposture, il explique se sentir "vraiment malheureux de ce qui s’est passé"... "Depuis la France, ça fait mal de voir ça."

Un sentiment de culpabilité que partage également Mohamed. Au-delà du terrible silence imposé par la rupture des communications, le plus difficile est de savoir que ses proches n'ont pas de lumière, pas à manger et, qu'après la fin de la tempête, il faudra tout reconstruire. "Je pense à ma famille mais aussi aux autres habitants qui vivent dans des bidonvilles et des petites maisons. Cette nuit a dû être un enfer. Et la suite sera aussi difficile."

Lundi, le jeune homme va devoir reprendre le travail malgré tout, le sang imbibé de fatigue et de stress. "Je n'ai pas la tête à ça, je n'ai pas réussi à dormir depuis hier... Mon corps est ici, mais ma tête et mon cœur sont à Mayotte."

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