Témoignage. Justine Girardeau, victime de violences conjugales pendant 3 ans : "Aujourd'hui, je me sens toujours en danger"

Publié le Mis à jour le Écrit par Toky Nirhy-Lanto

Justine Girardeau, ancienne habitante du Jura de 30 ans, a été violentée pendant 3 ans par son ex-compagnon. Elle prend la parole sur Instagram aujourd'hui pour attirer l'attention des magistrats chargés de l'enquête, mais aussi des victimes et des témoins.

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Pour Justine Girardeau, il y a urgence ! Durant son adolescence, cette femme de 30 ans a été victime de violences conjugales présumées de son ex-compagnon pendant 3 ans. La pression résultant de ces violences fait que cette ancienne habitante du Jura a mis du temps avant de déposer plainte, en janvier 2020. Le mis en cause a été placé en garde à vue puis remis en liberté. Aujourd'hui, elle lance un appel sur Instagram. 

Trois ans de violences

C'est un cri du cœur que lance Justine Girardeau : « Un des buts principaux de cette vidéo est d’être vue et entendue par les personnes décisionnaires dans cette affaire : les magistrats mais aussi les juges. Qu'ils puissent mettre un visage, une voix sur une histoire qui sera lue sur un papier très impersonnel. Je pense sincèrement plus les sensibiliser sur mon histoire de cette manière ».

Pour l'ancienne habitante du Jura, cette vidéo sur Instagram doit les sensibiliser sur « son histoire », mais pas seulement : « Je veux aussi que cela serve de moyen pour que les victimes puissent me contacter, que l’on puisse compléter nos dires et éventuellement pour prendre un avocat en commun »

Il faut dire qu'à partir de 2008, Justine a subi 3 ans de violences. À l'époque, la lycéenne du Jura a 16 ans. Elle est scolarisée à Dole et en couple avec celui qui allait devenir son agresseur. Tous deux se voient durant les week-ends au domicile de son ex-compagnon. C'est là qu'elle est témoin de violences entre les parents de son agresseur : « Je voyais son père battre sa mère tous les week-ends, et mon compagnon être témoin de ces actes ». 

Quelques temps plus tard, elle subit des « violences physiques » mais aussi des « actes de barbarie », tels que des « séquestrations »Des violences qu'elle dit avoir subi au sein même du domicile des parents de son ex-compagnon. Les semaines s'écoulent. Espérant que la majorité ferait mûrir celui avec lequel elle vivait, Justine emménage avec lui. Ils vivent ensemble quelques mois, mais la situation empire puisqu'elle finit par être victime de violences sexuelles. Elle évoque des « viols ». 

La jeune femme finit par partir. Elle quitte sa région d'origine, par peur d'un danger. « J’ai dû changer de région, je n’ai jamais pu y retourner. Sur les réseaux sociaux, je ne pouvais plus apparaître sous mon vrai nom : il continuait à vouloir en savoir plus sur moi jusqu’en 2015 », se souvient Justine. Face à l'ampleur de ces violences qu'elle indique avoir subies, elle trouve la force de porter plainte en janvier 2020. 

Une enquête longue et difficile

À l'issue de 2 ans d'enquête, Justine est recontactée par une des personnes chargées de l'enquête. « Une enquête interrégionale, étant donné que mon agresseur présumé habite dans une autre région », précise-t-elle dans sa vidéo. Le 3 février dernier, son ex-compagnon est placé en garde à vue à la gendarmerie de Tavaux (Jura). Une nouvelle épreuve attend la jeune femme, puisqu'elle doit faire face à la confrontation avec le mis en cause.

Selon Justine, « il n'a avoué que les délits, surement en connaissance de cause ». La confrontation lui est insoutenable : « lorsque l'OPJ [Ndlr : l'officier de police judiciaire] lui a demandé si j'avais l'air d'avoir envie de nos rapports sexuels, il a répondu "je ne pense pas vu le bruit qu'elle faisait" », indique la femme de 30 ans.

Le parquet de Dole (Jura) remet en liberté l'agresseur présumé. Une réponse très déplacée sinon insuffisante, pour la jeune femme : « ce que je réclame maintenant, c’est qu'il soit placé sous contrôle judiciaire. L'autre problème, c'est que légalement, rien ne lui interdit de rentrer en contact avec moi. Il n'a eu qu'une injonction orale de ne pas rentrer en contact avec les victimes ».

L'autre souhait qui tient à cœur Justine, c'est aussi de faire évoluer les délais de prescription pour les victimes de délits. « Six ans de prescription, ce n’est pas assez pour les victimes. Il m’a fallu bien plus de temps pour me reconstruire », se justifie-t-elle. 

Essayer de se reconstruire

Aujourd'hui, en même temps qu'elle tente d'oublier tout ce qu'elle a subi, Justine est mariée et mère de famille. Il lui reste tout de même des stigmates et des craintes, du fait de ces violences : « Je me sens toujours en danger. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Je sais qu’aujourd’hui, mon agresseur présumé a une compagne et j’ai peur pour cette personne. J’ai peur aussi pour sa mère, peur qu’il arrive un drame ».

Elle attend donc que son témoignage suscite les témoignages d'autres victimes, mais aussi des témoins : « Malheureusement, il n’y a que des vidéos de ce type qui marchent. À la suite de cette publication, plusieurs personnes qui ont été témoins des agissements de mon agresseur présumé se sont manifestées. Des victimes sont rentrées en relation avec moi ».

À ce jour, sa vidéo compte près de 16.000 vues sur Instagram.

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