TEMOIGNAGE. Guerre en Ukraine : “C’est terrible, je voudrais aller là-bas, soutenir, aider mon pays” témoigne une Ukrainienne vivant en France

L’attaque jeudi 24 février dans la nuit de la Russie sur son voisin l’Ukraine bouleverse la communauté internationale et toutes celles et ceux qui ont un lien avec ce pays. Témoignages.

De la Pologne, Olga assiste impuissante à l’attaque de son pays

Son appel est bouleversant. Olga vit en France depuis 22 ans. Mariée à un Franc-Comtois, elle a été réveillée ce matin par des appels téléphoniques. “Mon téléphone a commencé à sonner vers 5 heures, je suis actuellement en Pologne pour mon travail. J’ai pu joindre mon frère qui habite à Zhytomir à une centaine de kilomètres de Kiev, près d’un aéroport. Il y a eu des bombardements très intenses. Il y a des morts, l’aéroport est anéanti” raconte incrédule Olga. “J’ai pu appeler aussi l’est et le sud du pays où j’ai des entreprises, les aéroports sont en feu. Je pensais que c’était seulement des aéroports militaires, mais il y a aussi des aéroports civils qui sont touchés” nous explique cette Ukrainienne de 47 ans. Des routes ont aussi été bombardées.

On est dans une réalité parallèle. C’est vraiment dur de croire ce qui se passe. On est au 21e siècle, c’est choquant.

Olga, Ukrainienne qui vit en France

Pour cette femme dont la langue maternelle est le russe, cette guerre qui éclate soudainement est difficile à vivre. “J’ai envie d’aller là-bas, d’aller aider et soutenir mon pays. Ça doit être tellement dur pour les gens qui sont sur place” lance Olga, dont l'énergie est palpable. Elle a pu avoir des nouvelles de sa mère qui réside à Dnipro au centre du pays, elle est choquée par les attaques. “Les gens vont acheter des produits de première nécessité, de l’eau”.

Photographe, passionné par l’Ukraine, Laurent Michelot a du mal à réaliser

Laurent Michelot, conjoint depuis plus de 25 ans d’Olga est photographe. L’Ukraine, il l’aime. Il s’y rend deux à trois fois par an. Ses clichés des ruines de la centrale nucléaire de Tchernobyl témoignent de la catastrophe survenue en 1986.

Ce matin, en Franche-Comté, Laurent Michelot est devant sa télé. Incrédule. Inquiet. Le couple redoutait l’attaque de la Russie et de Vladimir Poutine. “C’est un pays que j’aime beaucoup, c’est terrible. Je ne voulais pas y croire. Avec ma femme quand on a écouté Poutine, il y deux jours, on était tétanisés. La vision du monde de Poutine fait très peur. Quelle va être la réponse occidentale à cette attaque ? Une petite tape sur la main” s’interroge le photographe.

Des attaques en cours, Laurent Michelot sait peu de choses. Dans les médias, il découvre. “Il y a eu une invasion par le Nord, l’Est, par le Sud. On sait peu de choses. J’ai eu des contacts avec des gens de Kiev qui partent de la capitale pour aller, je ne sais où. Ils disent qu’ils sont à l’abri… Ma belle-mère habite dans une ville ciblée par les bombardements. Ces bombardements concernent des installations stratégiques, pas les civils” espère le photographe.

Selon Laurent Michelot, ces derniers jours, les Ukrainiens continuaient à vivre. Malgré la crise qui menaçait. “Et ça s'est accéléré en deux jours, depuis la déclaration par la Russie de reconnaissance des deux républiques. Hier, Poutine a reconnu que les frontières de ces territoires étaient plus vastes, il veut reprendre les limites de ces territoires tels qu’en 2014” s’inquiète Laurent Michelot.

L’inquiétude des bénévoles des « Enfants de Tchernobyl

« Je suis tout simplement dévastée » réagit de son côté Myriam Ornatsky. Cette sexagénaire vit à Essert dans le Territoire de Belfort avec son mari : Alexis, 85 ans, d’origine russe. Tous les deux font partie de l’association alsacienne « Les enfants de Tchernobyl » et ont l’habitude d’héberger chaque année – depuis 2006 - des enfants ukrainiens ou russes qui viennent passer l’été en vacances dans la région.

« Nous avons de la famille en Russie et des amis très proches qui vivent à Kiev en Ukraine. Nous sommes très inquiets pour eux. Il y a des personnes âgées et des enfants parmi eux »  s’alarme Myriam, qui dit espérer pouvoir les joindre par téléphone dans la journée, en attendant des nouvelles rassurantes.

« Il y a quelques jours, nous avons pu échanger avec une autre de nos amies. Elle est Russe et vit près de la frontière ukrainienne. C’est elle qui accompagne les enfants pour l’association quand ils viennent dans la région » explique Myriam , « Lundi, elle nous a envoyé une vidéo où l’on voyait clairement une masse de militaires se positionner et rapidement nous avons été effarés par ce qu’elle nous a raconté. C’est à cet instant que nous avons compris à quel point le discours de Vladimir Poutine pouvait être avalé par sa population ».

« Abasourdis » par le discours pro-russe d’une amie

Par ses mots, Myriam nous explique en fait que son amie russe a voulu lui faire comprendre que selon elle, c’est l’Europe qui serait à l’initiative des tensions en Ukraine, de la guerre qui vient de se déclencher, et non la Russie. Une incompréhension pour le couple de bénévoles : « Je suis très déçue, et aussi abasourdie par ce que j’ai entendu » regrette la sexagénaire, « c’était vraiment une amie. Nous la connaissons très bien. Nous sommes même allés avec elle en Russie en 2009 ».

Quant à savoir quelle attitude adopter désormais vis-à-vis des personnes que l’association « Les Enfants de Tchernobyl » aide en Russie, et en Ukraine, dans les régions touchées par la catastrophe, Myriam veut rester prudente : « Je ne voudrais pas parler au nom de l’association mais je pense malheureusement que nos relations avec la Russie vont s’arrêter temporairement. Que l’aide humanitaire que nous apportons va s’orienter principalement vers les régions ukrainiennes » explique-t-elle. Chaque année, « Les Enfants de Tchernobyl » œuvrent pour aider les victimes à sortir des zones contaminées, et envoient très régulièrement de l’aide humanitaire dans le nord de l’Ukraine et en Russie, à Novozybkov notamment.

“Mon pays voulait la paix, il a la guerre”

Oksana, 30 ans vit à Besançon dans le Doubs depuis quatre ans. Depuis quelques jours, elle suivait la crise ukrainienne avec inquiétude. “Poutine disait que l’Ukraine n’existe pas, et en même temps, il reconnaît les républiques séparatistes, je me suis dit que ça partait mal…” raconte la jeune femme. Elle a découvert au petit matin l’attaque russe avec colère. “Je ne comprends pas comment on peut en arriver là aujourd’hui en Europe. La guerre est à notre porte, c’est effrayant” réagit la jeune femme venue apprendre les langues en France. Elle y travaille aujourd’hui, et espère que la communauté internationale va forcer la Russie à retirer ses troupes du sol ukrainien. La jeune femme a pu avoir des nouvelles de sa famille. “Ils racontent les bombardements, les missiles, les hélicoptères… c’est incroyable de voir ça dans notre espace aérien” s’insurge Oksana. Elle souligne le courage de ses concitoyens qui vivent des heures sombres.

Comment s’est déroulée l’attaque de l’Ukraine par la Russie ?

La Russie a lancé son “opération militaire selon ses termes dans la nuit de mercredi à jeudi 24 février. La Russie dit avoir détruit les bases aériennes et la défense anti-aérienne ukrainiennes. Les forces terrestres sont entrées sur le sol ukrainien depuis la Crimée et la Biélorussie. De puissantes explosions ont été entendues à Kiev, Odessa, et dans l'est de l'Ukraine, selon des journalistes sur place. Dans la capitale, au moins deux explosions ont été entendues dans le centre-ville. Les sirènes d'avertissement anti-bombardement ont par ailleurs retenti dans le centre de Kiev et à Lviv, dans l'ouest du pays.

Selon les autorités ukrainiennes, en milieu de journée, un premier bilan faisant état d'une cinquantaine de morts, dont une dizaine de civils.



Le président russe Vladimir Poutine justifie cette opération en Ukraine pour, selon lui, défendre les séparatistes de l'est du pays, malgré les sanctions infligées par l'Occident.Dans une prise de parole surprise à la télévision russe, il a appelé les militaires ukrainiens "à déposer les armes".

Lundi 21 février, le président russe avait reconnu l'indépendance, des "républiques" autoproclamées de Donetsk et Lougansk. Poutine a revendiqué mardi 22 février l'ensemble de ces régions, alors que les rebelles n'en contrôlent qu'un tiers.

D’Emmanuel Macron à Joe Biden, la communauté internationale condamne cet acte de guerre et d’invasion d’un pays par la Russie.

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