Ibrahim Godin, un jeune influenceur de Vesoul, est parti avec un ami à Dubaï il y a un mois. Mais son séjour a été écourté par les autorités du pays, qui l'ont renvoyé chez lui. Motif : les douaniers sont persuadés qu'il est homosexuel.
Ce jeune homme ne s'attendait pas à des vacances aussi courtes. Connu sous le nom d'Ibrahim Godin, l'influenceur aux 600 000 abonnés sur les réseaux sociaux Snapchat et TikTok, organise avec un ami un séjour en mai dernier dans la cité tant prisée de Dubaï. Mais son histoire risque de vous donner une image un peu moins "stylée" de la ville tendance du moment.
"Le douanier m'a interdit de passer sans aucune raison"
Nous sommes le 10 mai. C'est le grand jour pour Ibrahim et Quentin puisqu'ils s'envolent pour Dubaï ce soir. Les deux amis quittent l'aéroport de Lyon à 21h45 sans aucun problème. "Quand on part en voyage, il faut un passeport valide et un test PCR de moins de 48h pour Dubaï. Tout s’est bien passé au niveau des papiers à Lyon, Il n'y avait pas de raison que cela se passe mal là-bas", assure Ibrahim.
Le duo arrive à Dubaï à 5h du matin. Mais dès leurs premiers pas, tout ne se passe pas comme prévu. "On suit les indications pour récupérer nos valises et on doit passer par une dernière douane pour nous mettre le visa sur notre passeport. On s’est fait recaler par le douanier. Il nous a dit de nous rendre à l'espace migration", raconte-t-il. "On s'est dit qu’on avait mal compris. On a décidé de se séparer et de se remettre dans la file d’attente. Mon ami est passé mais moi on m’a envoyé au service de l’immigration. Je n’ai pas eu d’explication sur le moment".
"J'ai attendu 7h dans une pièce, seul"
Une fois au service de migration, Ibrahim est prié de se rendre dans une pièce mais l'attente s'avère interminable. "Je suis resté seul de 5h du matin à midi. Je n’ai eu aucune nouvelle, je n’ai pas eu à manger ni à boire. Je n’avais pas le droit de bouger."
Le jeune influenceur contacte sa famille pour les avertir. Ses proches appellent l’ambassade française des Emirats Arabes Unis. Ces derniers annoncent que tous les documents sont en règle, mais refusent de donner une réponse sur les raisons qui poussent les autorités à garder Ibrahim.
"Ils voulaient se débarrasser de moi et m'envoyer à Copenhague"
À 12h30, la nouvelle tombe. Un policier du service de l’immigration vient voir le natif de Haute-Saône pour lui annoncer qu'il ne peut rester sur le territoire. Ibrahim n'a toujours pas d'explications. Le policier se montre encore plus expéditif et veut le placer dans l'avion de 13h qui part pour Copenhague. "J'ai senti qu’ils voulaient me faire partir, peu importe où et le plus rapidement possible. J’ai haussé le ton, j’ai dit non."
Le jeune homme est alors escorté dans une salle d'attente où se trouvent tous les futurs expulsés. Il est 14h quand le policier lui propose deux options : un vol à 14h30 pour Paris ou un vol le lendemain pour Lyon. "Vu comme ils m'ont traité, je n'avais pas envie de passer la nuit ici. J'ai donc choisi de quitter Dubaï pour Paris."
“Le gars qui est avec toi, t’es sur que c’est ton ami et pas ton copain ?”
14h10. Le policier escorte Ibrahim jusqu’à l’avion. "Je suis très remonté. Je me dis que je n’ai rien à perdre et après avoir discuté avec lui et prouvé par tous les moyens que j'étais en règle, je demande une ultime fois pourquoi ce traitement." Sa réponse va alors être des plus surprenantes.
“Le gars qui est avec toi, t’es sûr que c’est ton ami et pas ton copain ?” Ibrahim est abasourdi. Il réfute mais le policier ne veut rien savoir. Ce dernier le regarde de la tête au pied et rigole fort. Des moqueries qui résonnent encore dans la tête du Vésulien. Résigné, Ibrahim prend l'avion et rentre à Paris où sa famille l'attend.
"Je me sens humilié"
Aujourd'hui, Ibrahim est toujours furieux. "Je me suis senti humilié, ils ne m'ont pas traité comme un être humain mais comme une m***". Ils n'arrêtaient pas de se moquer en me disant que j'allais avoir de gros problèmes." Le jeune influenceur ne digère toujours pas ce traitement.
Son ami avait pu passer la douane, mais il a dû attendre Ibrahim seul pendant plus de 9h. Une fois mis au courant de la situation, il le rejoint dans l'avion pour un retour prématuré en France. "J’ai réservé les billets pour nous deux car j’avais des promotions. Peut-être que cela a porté confusion", juge Ibrahim.
Depuis, l'influenceur s'est rendu au commissariat de Vesoul pour porter plainte. Une plainte que nous avons pu consulter. "Ils m’ont dit que ce n'est pas la première fois qu’ils entendent ce genre d’histoires. Mais beaucoup n’osent pas porter plainte car c’est contre un état. Mais se taire ne fera pas bouger les choses." L'influenceur a fait part de sa mésaventure à sa communauté et n'hésite pas à mettre en garde sur le traitement des étrangers à Dubaï.
À ce jour, Ibrahim tient à diffuser son témoignage. "Il faut que les gens fassent attention là-bas, Je veux montrer que cette ville n'est pas aussi belle qu’on le croit." L'influenceur a lancé une pétition, qui a déjà reçu plus de 11 000 signatures, contre les discriminations à destination des autorités de Dubaï.
