Pour combler "la dette colossale" de l'État, une association propose au Premier ministre d'arrêter le financement d'un aéroport du Jura

Mardi 1ᵉʳ octobre, l'association de défense de la nature Serre Vivante a interpellé par courrier le Premier ministre Michel Barnier. Pour réduire "la dette colossale" de l'État, l'organisme propose au gouvernement d'arrêter de financer l'aéroport de Dole-Tavaux (Jura). On vous explique

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Un début de solution pour améliorer la situation financière et environnementale du pays ? Mardi 1ᵉʳ octobre, lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier a alerté sur "la dette financière colossale" française qui, sans sursaut, "placera notre pays au bord du précipice". Le chef du gouvernement a également assuré que "nous pouvons et nous devons faire plus contre le changement climatique".

Deux moments, deux citations, reprises au pied de la lettre par l'association jurassienne de protection de la nature et de l’environnement Serre Vivante. L'organisme a en effet tout de suite écrit un courrier, adressé au ministère des Transports, pour proposer une solution qui, pour elle, aura des bienfaits économiques et écologiques : l'arrêt du financement de l'aéroport Dole-Jura, anciennement Dole-Tavaux.

Un aéroport "nécessaire" ou "non rentable" ?

Ce courrier vient remettre une pièce dans un dossier explosif sur la scène locale. En Bourgogne-Franche-Comté, la question de Dole-Tavaux est en effet un vieux serpent de mer. Depuis 2007, le département du Jura est l'unique propriétaire des lieux et doit faire vivre cette infrastructure qu'il présente comme "nécessaire" pour le territoire. Preuve par les chiffres, 38 millions d'euros d'argent public y ont déjà été investis.

Une somme qui fait bondir certains partis politiques et associations écologistes, n'hésitant pas à qualifier l'aéroport "d'obsolète", de "non rentable" et de "gouffre financier". Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté semble de cet avis puisqu'il a voté en avril 2024 la suspension de la subvention de fonctionnement accordée à Dole-Tavaux.

Une décision qui a encouragé plusieurs collectivités à s'unir pour assurer l'avenir des lieux. Ainsi, en mars 2024, les départements de Saône-et-Loire, de Côte-d'Or, la métropole de Dijon et le Grand Dole se sont engagés à soutenir financièrement l'aéroport. "Une décision logique et vitale" souligne Gérôme Fassenet, président du conseil départemental du Jura. "Dole-Tavaux est la porte d'entrée sur notre région, le seul aéroport capable d'assurer des vols commerciaux réguliers. C'est une vraie porte d'entrée sur la Bourgogne-Franche-Comté".

Mais le plus important, c'est que cet aéroport est le seul endroit pouvant servir de base aérienne pour la sécurité civile, avec assez de capacité pour accueillir les dash et les canadairs. En 2022, elle a été indispensable contre les feux de forêts.

Gérôme Fassenet,

président du conseil départemental du Jura

Quand on lui parle du courrier de Serre Vivante envoyé au gouvernement, Gérôme Fassenet n'est donc "pas inquiet du tout". "Vous savez, des courriers, j'en reçois tous les jours. L'État est parfaitement conscient de l'aspect sécuritaire de Dole-Tavaux. La preuve, ils nous ont accordé une subvention d'un million d'euros pour refaire la piste d'atterrissage".

Un recours pour dénoncer les subventions de l'État

Cette réfection, également financée par la région et le département du Jura, est censée marquer "le nouveau départ" de l'aéroport Dole-Tavaux selon Gérôme Fassenet. Une situation qui insupporte l'association Serre Vivante. Cette dernière a effet déposé un recours pour dénoncer la subvention de l'État concernant la réfection de la piste.  

Il semble donc particulièrement nécessaire d’examiner attentivement s’il existe un réel intérêt général à cette subvention qui encouragerait le département du Jura à poursuivre une stratégie de développement du transport aérien commercial, en méconnaissance de la stratégie nationale bas-carbone.

Association Serre Vivante

La même association avait également déposé un autre recours, en avril 2024, exigeant l'arrêt des vols à Dole en raison de l'état de la piste, jugée à l'époque "dangereuse". "C'est soit on refait la piste, soit on arrête tout" expliquait à l'époque Pascal Blain, le président de Serre Vivante. Malgré le choix de la réfection, son association a donc tout de même décidé de continuer sa lutte.

"L’État peut-il se permettre de privilégier un projet qui n’est pas d’intérêt général et qui
représente 75 % de la DSID [dotation du soutien à l'investissement des départements, NDLR]  attribuée au département du Jura pour 2024 et 2025" s'interroge l'association, "au détriment de la rénovation thermique des bâtiments scolaires, des équipements de la petite enfance ou des établissements d’accueil des personnes âgées" ?

Un entretien "déraisonnable" pour les Verts

Même son de cloche chez Dominique Voynet, aujourd'hui députée NFP de la 2e circonscription du Doubs. "Depuis quelques années, on compte en dizaines de millions d'euros les sommes qui ont été déposées à perte" dénonçait-elle en avril dernier. "Des vols low-cost, exécutés par une compagnie aérienne à bas coût qui exploite ses salariés [la compagnie Ryanair est visée par ces propos, NDLR]".

Alors que les collectivités se plaignent de ne plus avoir les moyens de leurs compétences obligatoires, l'aide sociale à l'enfance, l'entretien des routes, la lutte contre l'incendie... Ça nous paraît complètement déraisonnable d'entretenir et de tenir à bout de bras cet aéroport.

Dominique Voynet,

députée NFP de la 2e circonscription du Doubs

Des propos qui ne freinent pas la volonté de l'union des collectivités favorables à l'aéroport. "Nous menons actuellement des travaux pour moderniser les lieux" révèle Gérôme Fassenet, président du conseil départemental du Jura. "Les parkings ont été rénovés il y a deux ans, l'aérogare a été inaugurée il y a deux semaines, la réfection de la piste commencera en mars et on ambitionne de travailler avec la gare routière de Dole pour harmoniser les horaires des trains avec ceux des avions".

 "Si nous n'avions pas cet aéroport, nous ne ferions pas tous ces investissements" insiste Gérôme Fassenet. "Mais il est là. C'est un outil que nous devons conserver". Les points de vue sont donc diamétralement opposés. À l'heure où nous écrivons ces lignes, ni la préfecture de BFC ni les services du 1er ministre n'ont répondu au recours de Serre Vivante. 

► À LIRE AUSSI : Aéroport de Dole-Tavaux : "c'est un gouffre, on ne peut pas continuer à le financer" pour Europe Ecologie les Verts

Pour rappel, en 2023, l'aéroport de Dole-Tavaux a enregistré 125 000 passagers, sur 440 vols réguliers. "Un chiffre qui peut paraître petit par rapport à Lyon ou Paris, mais qui est élevé pour les aéroports de taille moyenne" explique Jean-Jacques Berto, directeur de l'aéroport. La direction de l'aéroport et le conseil départemental n'entendent pas augmenter la fréquence de ces vols.

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