INTERVIEW. Policier placé en détention à Marseille : "Anxieux et très inquiets" : à Lons-le-Saunier, plus d'une dizaine de policiers en arrêt maladie

Suite au placement en détention provisoire d'un agent de la BAC soupçonné de violences policières à Marseille (13), un syndicat de police a appelé tous les agents nationaux à faire le service minimum. À Lons-le-Saunier dans le Jura, plus d'une dizaine de policiers se sont mis en arrêt maladie. Laurent Guillaume, délégué départemental du Jura du syndicat UNSA Police, répond à nos questions.

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Le 20 juillet 2023, à Marseille, quatre policiers de la BAC (Brigade Anti Criminalité) ont été mis en examen. Ils sont soupçonnés d'avoir frappé un jeune homme à Marseille, dans la nuit du 1ᵉʳ juillet dernier, en marge des émeutes, suite de la mort de Nahel, tué par la police à Nanterre. L'un d'entre eux a été placé en détention provisoire dans le centre pénitentiaire d'Aix-Luynes (13). Les trois autres ont été placés sous contrôle judiciaire et remis en liberté avec interdiction d'exercer.

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Contacté par France 3 Provence-Alpes, maître Preziosi, l'avocat de la victime, un jeune homme de 21 ans, est revenu sur l'agression de son client. "Il y a eu un déferlement de violence", a-t-il expliqué. Il indique que le jeune homme a " reçu des coups-de-poing, de pieds, a la mâchoire cassée et l'œil gauche qui ne voit plus". "Ils l'ont laissé sans connaissance par terre", a-t-il détaillé. Après le placement en détention provisoire de l'agent, le syndicat de police Unité SGP Police-Force Ouvrière a appelé tous les agents nationaux à faire le service minimum. À Marseille, à Lons-le-Saunier et partout en France, des policiers se sont mis en arrêt maladie.

Notre journaliste Kevin Berg a interrogé Laurent Guillaume, délégué départemental du Jura du syndicat UNSA Police.

► Comment expliquer la multiplication des arrêts maladies au commissariat de Lons-le-Saunier ? 

« À l'heure actuelle, beaucoup de fonctionnaires ressentent une fatigue nerveuse et physique – déjà depuis pas mal de temps. Les événements de Marseille et la mise en détention provisoire de notre collège suite à une intervention lors d'un maintien de l'ordre n'ont fait que questionner mes collègues. En tant que représentant du personnel, à chaque fois qu'un de mes collègues vient et me dit que nerveusement, il est à bout, je lui conseille de visiter son médecin. Pour moi, ce ne sont pas des arrêts de complaisance. Les gens en ressentent le besoin et donc ils s'arrêtent. C'est aussi bien comme ça. Je vous rappelle que le taux de suicide dans la police est très important, donc je préfère avoir un policier qui se met un peu en repos plutôt qu'il fasse un acte irrémédiable. »

► Vous dites que la majorité des fonctionnaires – même ceux qui travaillent aujourd'hui – soutiennent ce mouvement suite à la détention d'un de vos collègues marseillais, vous confirmez ?

« Ah oui, tout à fait. Tous les policiers jurassiens que je représente soutiennent ce mouvement. Ce n'est pas le fait de l'enquête. Il y a une enquête, c'est parfait. Mais dans ce cas précis, est-ce que la détention provisoire était absolument nécessaire ? On n'en est pas persuadé. »

► Avec tous ces policiers en arrêt maladie, pouvez-vous toujours répondre aux besoins de la population jurassienne ?

« La hiérarchie fera le nécessaire pour assurer la continuité du service public, auquel on tient.  »

► Comment définiriez-vous l'état d'esprit des policiers dans les commissariats de police de Lons-le-Saunier en ce moment ?

« Comment voulez-vous que l'état d'esprit de mes collègues soit serein et apaisé avec tout ce qu'il se passe ? Je les sens anxieux, moroses et très inquiets. J'ai des jeunes collègues à Lons-le-Saunier qui m'interrogent et qui s'interrogent sur leur devenir dans la police. Ils se demandent s'ils ne vont pas changer de voie ou démissionner. Parce qu'ils ont des familles, ils ne veulent pas mettre en danger leur famille, leur vie professionnelle, leur vie sociale. Parce qu'ils se disent 'et si je finis moi aussi en garde à vue, en détention, en prison... '. Il y a un vrai problème qui se pose dorénavant avec la police. L'année dernière, on a eu 10 580 départs volontaires de la police. J'imagine que cette année, avec tout ce qu'il se passe, il y en aura encore malheureusement beaucoup plus. »

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