Témoignage. "Ne pas manger des patates toute l'année" : les retraités réclament une revalorisation de leur pension

Publié le Écrit par Antoine Comte
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Ce mardi 24 octobre 2023, plusieurs syndicats et associations de seniors appellent à manifester pour une augmentation de 10 % de leur retraite. Une "nécessité" pour certaines personnes âgées qui n'arrivent plus à vivre avec leur pension. Comme Chantal Besse, 76 ans, habitante de Cosne-sur-Loire (Nièvre).

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Lutter contre leur "déclassement" et "stopper la paupérisation des seniors". Mardi 24 octobre, les retraités battront le pavé. Et ce dans tout le pays. À l'appel de neuf organisations syndicales et de plusieurs associations de retraités, des centaines de personnes âgées descendront dans les rues pour réclamer une hausse des pensions de retraite, à hauteur de 10 %.

"Moi, j'y serai, malgré ma prothèse de genou installée il y a quelques semaines". À 76 ans, Chantal Besse, habitante de Cosne-sur-Loire, dans la Nièvre, fera partie du cortège nivernais. Une nécessité pour la septuagénaire. "J'ai travaillé de mes 18 ans à mes 65 ans. C'est simple, un arrêt de travail, je ne sais pas ce que c'est. Et pourtant, je m'en tire avec 1 000 euros mensuels. Vous vous rendez compte ?".

"Quand toutes les factures sont payées, je n'ai plus rien"

Tout au long de sa carrière professionnelle, Chantal a multiplié les petits emplois. Elle a fini sa carrière en tant qu'aide à domicile pour personnes âgées, "histoire de comptabiliser quelques points retraites", après plusieurs années à gérer un bureau de tabac avec son mari. Elle l'avoue, elle "ne s'attendait pas à une grosse pension". Mais pas à ce point. "C'est simple, quand tout est payé, je n'ai plus rien", lâche-t-elle tristement. "Ce n'est pas idéal comme fin de vie".

Face à une inflation généralisée, Chantal Besse, veuve depuis quelques années, ne peut tout simplement plus faire face. "Tout augmente. Cela fait un peu cliché, mais c'est une réalité" explique-t-elle. "Je paye déjà 1 221 euros d'impôts fonciers à l'année. Vous vous rendez compte, c'est plus que ma retraite mensuelle. On rajoute à cela le gaz, l'électricité, tous les frais de voiture, les complémentaires santés qui augmentent avec l'âge. Et puis les courses. On a vite tout dépensé. Vous voyez, c'est un empilement de petites choses".

Des loisirs sacrifiés

Dans sa liste, nous lui faisons remarquer une chose : l'absence de loisirs. "C'est normal, je n'en ai pas" concède-t-elle. "Ou plutôt, je m'en prive. En 2023, je suis partie huit jours en vacances avec le club des aînés. Mais en 2024, je ne partirai pas car j'ai des réparations à faire sur ma voiture". Un budget calculé à l'euro près, qui fait une croix sur les activités sociales, pourtant essentielles à cet âge avancé ou la solitude se fait parfois ressentir, qui plus est dans un département, la Nièvre, caractérisée par une très faible densité démographique.

Je sacrifie ma vie sociale, car je ne veux pas manger des patates toute l'année. C'est terrible de devoir faire ces choix-là, j'en suis consciente. Mais j'y suis obligée. Sans mentir, quand je vais voir mes amis du club des aînés partir en voyage, j'aurai la boule au ventre. Quand on est âgé, ce sont souvent des moments de distraction importants, qui mettent du baume au cœur. Mais tant pis.

Chantal Besse,

retraitée

Chantal se console comme elle peut. "J'ai la chance d'être propriétaire, avec un petit terrain. Je peux sortir un peu, et je me balade". L'ancienne buraliste va également tous les lundis au club des aînés, "retrouver des retraités, comme moi, pour dialoguer, boire le café". La cotisation au club dépasse la vingtaine d'euros. Si Chantal Besse "peut encore se le permettre", elle vit dans la peur de devoir bientôt se priver de la seule activité sociale qui lui reste. "Il suffit que j'aie des travaux imprévus dans la maison... Vous savez, à notre âge, les banques n'acceptent plus les prêts. Ça me fait peur, car au moindre aléa, je vais devoir faire des choix difficiles. Vivre comme cela, c'est compliqué".

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La retraitée a déjà bouleversé ses habitudes de consommation depuis le Covid. Pour les courses, adieu les enseignes comme Intermarché ou Auchan. "Je vais dans des magasins discounts. Et puis je mange moins de viandes rouges et de poissons" précise-t-elle. Une "baisse de qualité de vie", qui pourrait trouver sa parade facilement : "avec une augmentation de nos pensions", lâche Chantal.

Si je compare ma pension entre ma première année de retraite et aujourd'hui, j'ai dû perdre 100 euros de pouvoir d'achat. Le gouvernement communique sur les augmentations de nos retraites, avec encore une hausse de 5,2 % en janvier 2024. Mais ça ne suffira pas à rattraper l'inflation. Même les 10 % qu'on demande n'y suffisent pas. Après une vie de labeur, c'est dur à avaler.

Chantal Besse,

retraitée

Pour Chantal, c'est ce qui fait le plus mal. "Ce n'est pas normal de travailler toute sa vie et de finir comme ça" regrette-t-elle. "Ce n'est juste pas logique, on devrait profiter et avoir le droit de vivre décemment. J'aimerais pouvoir m'acheter un pull qui me plaît, ou même un livre. Mais je ne peux simplement pas". Avec l'espoir de changer cette situation, Chantal Besse l'assure, mardi 24 octobre, à 15h, elle sera devant la Bourse du travail de Nevers. Pour faire entendre sa voix, mais aussi "celles de tous les retraités qui souffrent en silence".

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