Écotaxe régionale : qu'en disent les candidats en Bourgogne-Franche-Comté ?

Les députés ont voté dimanche 14 mars en commission la mise en place d'une "contribution" poids lourds dans les régions qui le souhaitent. La présidente PS de la région Bourgogne-Franche-Comté y est favorable. Qu'en pensent les candidats déjà déclarés pour les prochaines régionales ?

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Un premier feu vert a été donné dimanche 14 mars à l'Assemblée nationale à la mise en place éventuelle d'une "contribution" poids lourds dans les régions qui le souhaitent. Une mesure qui rappelle bien sûr l'écotaxe, abandonnée en 2014 pendant le quinquennat de François Hollande, après le mouvement des "bonnets rouges".

L'article 32 du projet de loi climat, examiné en commission avant son arrivée dans l'hémicycle fin mars, prévoit une "habilitation à légiférer par ordonnance" pour permettre aux régions volontaires, "disposant d'un domaine public routier", de mettre en place une "contribution spécifique assise sur le transport routier de marchandises".

Chaque région serait libre de choisir ou non de mettre en place une telle contribution et de définir ses modalités. "L'objectif est de favoriser le transport des marchandises par des moyens moins émetteurs de gaz à effet de serre (ferroviaire, fluvial...)", précise l'exposé des motifs du projet de loi.

Marie-Guite Dufay (PS) : favorable

La présidente PS de la région Bourgogne-Franche-Comté se dit favorable à l'idée d'une écotaxe. "Cette taxe pourrait accélérer le report sur le fret ferroviaire ou fluvial et permettre d'aider les entreprises à être plus vertueuses. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne peut plus continuer comme ça", indique-t-elle dans un article publié sur le site du Figaro, le 17 février dernier.

Marie-Guite Dufay n'était pas immédiatement disponible pour répondre à nos questions. Nous avons interrogé sur ce sujet le premier vice-président du conseil régional, Michel Neugnot, chargé notamment des transports.

Ce dernier a été interrogé par les députés, en tant que président de la commission Transports et mobilité de Régions de France, dans le cadre de l'examen du projet de loi climat. "La position de Régions de France est qu'il n'était pas opportun de la faire à l'ancienne, c'est-à-dire de faire passer toutes les régions sous la même toise parce que les situations sont différentes et les points de vue sont donc non-convergents", nous précise-t-il. "Nous avons défendu l'idée de la liberté donnée à chaque région de faire et de ne pas faire. C'est ce qui a été d'ailleurs retenu par le ministre Djebbari."

En Bourgogne-Franche-Comté, la majorité sortante est favorable à cet outil. "On va l'expertiser. Mais cela doit se faire de façon très différente que ce qu'on a connu jusqu'à présent. Toutes les initiatives ont avorté, donc il ne faut pas recommencer de la même façon parce qu'on aura exactement le même résultat", détaille Michel Neugnot. Il rappelle que, pour l'instant, "la loi ne dit pas sur qui la taxation doit s'appliquer et comment. Tout est ouvert."

L'écotaxe est un outil dans un ensemble d'outils que le législateur met à notre disposition. Ce débat ne peut se faire sans les premiers intéressés qui sont les opérateurs de fret. Beaucoup de questions sont à régler avant qu'il soit appliqué, et cela, dans la concertation.

Michel Neugnot

Au-delà de l'écotaxe, c'est la question du "verdissement des transports de marchandises" qui doit être posée, selon Michel Neugnot. Il liste notamment le transport de fret par chemin de fer, ou le développement de la production d'hydrogène dans notre région. "Il faut avoir le maximum d'outils possibles à disposition pour trouver la bonne solution."

La présidente sortante Marie-Guite Dufay n'a pas encore annoncé si elle était candidate à sa succession lors des prochaines élections régionales, prévues en juin prochain.

Stéphanie Modde (Ecologistes et solidaires) : plutôt favorable

Tête de liste "Écologistes et solidaires", Stéphanie Modde se dit "plutôt favorable à cette taxe poids lourds mais sous réserve que l’argent de cette taxe soit intégralement reporté sur le transport. C’est extrêmement important." Notamment selon elle pour travailler enfin sur le ferroutage. "Ce que savent faire les Suisses et les Allemands mais que nous savons trop peu faire, envisager de mettre des camions sur des trains ou des conteneurs sur des trains. Cela reporterait une partie non négligeable du transport routier sur le ferroutage."

Pour la tête de liste écologiste, cet argent pourrait servir également à la rénovation et l’entretien des lignes ferrées. "Cela pourrait permettre enfin d’électrifier la Voie Ferrée Centre Europe Atlantique. Cela pourrait aussi permettre de travailler avec les transporteurs français, une grosse activité en Bourgogne-Franche-Comté, sur des camions moins polluants."

Mais selon Stéphanie Modde, si une telle taxe voit le jour, elle devrait être identique sur tout le territoire national. "C’est une proposition qui n’a de sens pour nous que si toutes les régions la demandent. Il n’y aurait rien de pire dans un premier temps que certaines régions la demandent et pas d’autres. Ce qui ferait qu’on aurait un report du trafic de poids lourds d’une région à l’autre."

C’est tout un panel de solutions. Il y a tout un travail pour avoir moins de poids lourds dans notre région aussi sur des axes routiers secondaires. Il faut se pencher sur cette question des transports pour développer le ferroutage, avoir de meilleurs conditions de circulation, et avoir moins de pollution bien évidemment tout en sauvegardant les emplois du transport.

Stéphanie Modde

Julien Odoul (RN) : opposé

À la tête de la liste du Rassemblement national, Julien Odoul est "farouchement contre l'écotaxe et plus globalement contre l'écologie punitive". "Je suis pour une écologie positive, enracinée. Celle qui améliore la vie, qui participe du progrès. Je considère que cette dérive qui est de toujours pénaliser les plus précaires, ou en tout cas certains secteurs d'activité, est extrêmement néfaste, à la fois pour l'emploi et l'économie, mais aussi tout simplement pour la qualité de vie", nous précise-t-il.

Et si une telle taxe voit le jour, elle devra être identique sur le territoire national, selon lui. "Les régions ne doivent pas être différenciées au niveau fiscal. C'est à l'État de déterminer ces politiques. Parce qu'ensuite ça générera des disparités, des différences de traitement en fonction du lieu d'habitation, ce qui à mon sens est extrêmement néfaste à moyen et long terme". Sur le sujet de l'écotaxe, il pointe notamment le "risque important de report de trafic" entre les régions qui auraient mis en place une écotaxe et celles qui n'auraient pas fait ce choix. 

Il faut tout de même rappeler que le secteur d'activité représente 30 000 emplois dans notre région. L'écotaxe est une très mauvaise mesure qui répond évidemment à une vraie question. On peut répondre à la question de la pollution avec d'autres politiques de bon sens.

Julien Odoul

Gilles Platret (LR) : opposé

Le représentant des Républicains lors des prochaines régionales est également contre l'écotaxe. "J'y suis formellement opposé et je suis opposé au principe de toute taxe pour la soi-disant vertu", nous indique Gilles Platret qui dénonce par ailleurs la volonté de l'État de "décentraliser l'écotaxe pour mieux l'imposer".

Ce n'est pas du tout ma philosophie de faire de l'écologie punitive. Je pense qu'il y a d'autres pratiques à imaginer, d'autres modes de transport notamment fluviaux à développer. Mais en tout état de cause, certainement pas en taxant les transporteurs routiers.

Gilles Platret

"On a dans notre région un très grand nombre d'entreprises logistiques parce que la géographie nous place très bien pour desservir une grande partie du territoire national et bien au-delà. Cela veut dire qu'on va alourdir terriblement les charges de ces entreprises", explique le maire de Chalon-sur-Saône. "J'ai bien vu l'habilité du ministre qui a dit qu'on allait taxer tous les camions et surtout les camions étrangers. En vérité, on va taxer tous les camions point barre. Donc ça veut dire qu'on va encore porter atteinte à une fraction non-négligeable de l'économie régionale."

Denis Thuriot (LREM-MoDem) : pas encore décidé

Le maire de Nevers Denis Thuriot, mènera la liste de la majorité présidentielle lors des prochaines régionales. Il n'a pas souhaité s'exprimer de manière détaillée pour l'instant sur le sujet de l'écotaxe. "À ce stade, il m'est prématuré de prendre position sur un sujet de cette nature. Nous travaillons avec nos partenaires à nos axes de campagne que nous devons encore partager", nous précise-t-il par SMS.

Lilian Noirot (DLF) : opposé

Lilian Noirot, membre du parti de Nicolas Dupont-Aignan Debout la France, sera à la tête d'une "liste divers droite d'ouverture", comme il la présente lui-même. Il est contre l'idée de la mise en place d'une écotaxe dans notre région.

"Nous sommes purement et simplement opposés à toute écotaxe, et d'ailleurs à tout nouvel impôt, explique-t-il. Nous sommes dans un contexte de crise sanitaire et de crise économique et financière. L'ensemble des contribuables bourguignons et franc-comtois sont déjà à sec. Aller ajouter une écotaxe sur le dos des entreprises, c'est complètement farfelu."

Plutôt que de créer une écotaxe pour nos entreprises françaises, il serait beaucoup plus logique de créer une taxe carbone aux frontières, pour taxer les produits qui viennent de très loin et qui ne respectent aucune norme.

Lilian Noirot

Bastien Faudot (Le Temps des Cerises) : "pourquoi pas"

Bastien Faudot se dit plutôt favorable à la mise en place d'une écotaxe, mais qui ne viendrait pas seule. Le Belfortain, qui a évolué au MRC de Jean-Pierre Chevènement, sera à la tête d'une liste baptisée "Le Temps des Cerises", rassemblant six forces de gauche (Ensemble, Gauche démocratique et sociale, Gauche républicaine et socialistes, La France Insoumise, Nouvelle Donne et Place Publique).

"Je n'ai pas d'hostilité de principe à la logique de l'écotaxe. Nous sommes favorables au 'Temps des Cerises' au principe pollueur-payeur, nous indique-t-il. Mais en même temps, on défend d'abord l'idée d'une écologie populaire et non pas punitive. Croire que l'écotaxe va régler nos problèmes, ce serait mettre un sparadrap sur une jambe de bois."

L'écotaxe ne suffira pas. Le sujet central est de régler le problème à l'origine. De notre point de vue, la question majeure est la relocalisation des productions qu'elles soient agricoles ou industrielles, pour arrêter ce grand déménagement du monde.

Bastien Faudot

Il faut pour lui que cette taxe repose bien "sur les poids lourds et pas sur les usagers" et que le ferroutage soit développé. "Il ne s'agit pas seulement de pénaliser le transport de marchandises par camion, il faut aussi développer une solution alternative pour que ça puisse avoir du sens", explique Bastien Faudot.

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