Un projet de révision de l'aire d'appellation géographique de l'AOC bourgogne met en colère les vignerons, car cela amènerait à "sortir 64 communes de Bourgogne de l'aire de production de l'AOC bourgogne", craignent-ils. L'Inao retire ce point de l'ordre du jour de la réunion du 6 février.
Pourquoi les viticulteurs de Bourgogne sont-ils en conflit avec l’Inao ?
"Vive le Bourgogne, Vive le Beaujolais, Non au Bourgogne dans le Beaujolais !" : le titre de la pétition qui a été mise en ligne résume le conflit qui oppose les viticulteurs de Bourgogne à l’Inao (Institut national de l'origine et de la qualité).
L’Inao, qui gère les appellations agricoles françaises, planche sur un nouveau découpage de l'aire d'appellation géographique de l'AOC (appellation d’origine contrôlée) bourgogne.
"La proposition de l’INAO conduirait à amputer en Bourgogne un nombre important de communes qui peuvent actuellement produire l’appellation Bourgogne tout en permettant de conserver près de la moitié des communes dans le Beaujolais", s’insurgent les Bourguignons.
Concrètement, "les secteurs de Chablis, de Dijon (...) et du nord de la Côte-d'Or n'auraient plus la possibilité de produire du bourgogne", tandis que "de nombreuses communes du Beaujolais pourraient (...) produire des vins d'appellation bourgogne", assurent les vignerons.
Au total, sur 386 communes qui composent la Bourgogne viticole, cette révision amènerait à "sortir 64 communes de Bourgogne de l'aire de production de l'AOC bourgogne tout en conservant la moitié des communes" du Beaujolais qui peuvent aujourd'hui prétendre à l'appellation.
"Les enjeux sont énormes pour toutes les appellations de Bourgogne avec des risques économiques avérés pour l'ensemble des vins bourgognes, ainsi qu'une délocalisation de la production", ajoutent les vignerons. Il faut "éviter l'amalgame entre deux régions viticoles historiquement distinctes", disent-ils.
Dans une interview accordée à nos confrères de France Inter jeudi 30 janvier, la directrice de l'INAO, Marie Guittard, a tenté de calmer les inquiétudes en rappelant que rien n'était définitif et que c'est au comité national de se prononcer. La réunion aura lieu le jeudi 6 février.
"A ce stade c'est une proposition, il n'y a pas de décision prise", rappelle la directrice de l'INAO. "Si on ne veut pas rentrer dans un scénario juridique, avec des procédures judiciaires épouvantables, il faut qu'on tombe sur un accord", a-t-elle ajouté.
Mise à Jour du 5/02/2020
Le projet est retiré de l’ordre du jour, cela nous a été confirmé mardi 5 février par Thiébault Huber, président de la CAVB, la Confédération des Appellations de Bourgogne.Mais le point n’est pas retiré, la pression se poursuit, et la manifestation aura bien lieu demain 6 février à Montreuil, les vignerons bourguignons seront reçus par l’INAO.
Que vont faire les experts de l'Inao ?
Cela fait des années que ce problème d'appellation géographique de l'AOC bourgogne revient régulièrement sur le devant de la scène. Il faut dire que "la Bourgogne n'a jamais achevé son travail de délimitation initié en 1937", reconnaît la profession.
Du côté de l’Inao, on tente de faire retomber la pression.
"Ce n'est qu'un projet qui sera présenté au comité national le jeudi 6 février 2020. Aujourd'hui on est dans la phase d'étude", précise Gilles Flutet, responsable du service Territoires et Délimitation de l'Inao.
De plus, si ce nouveau découpage était adopté, il n'entrerait pas en vigueur immédiatement : une procédure de consultation publique de deux mois s'ouvrirait et "toutes les réclamations seraient alors étudiées par les experts", assure l’Inao.
"Les experts ont pour mission de définir ce qu'est la Bourgogne viticole". Ils se basent sur des éléments "liés au milieu naturel, mais aussi aux pratiques et usages", indique Gilles Flutet, en soulignant que d'autres appellations comme le "coteaux- bourguignons" (ex bourgogne-ordinaire ou bourgogne-grand-ordinaire) ou le crémant de Bourgogne ne sont pas concernées par ce projet.
Un rassemblement des vignerons de Bourgogne aura lieu le jeudi 6 février devant le siège de l'Inao à Montreuil, en Seine-Saint-Denis.
François Labet, coPresident du BIVB porte le message: la #BourgogneauxBourgogne. Dans leurs discussions avec @inao les #VinsBourgogne veulent une juste reconnaissance de leur histoire et de leur terroir. @vinsdechablis, Gd Auxerrois & Chatillonnais doivent rester en #AOCBourgogne pic.twitter.com/JOnAirJiiU
— Vins de Bourgogne (@VinsdeBourgogne) January 25, 2020
En attendant, la polémique s’invite aux festivités de la Saint-Vincent tournante 2020 qui ont débuté à Gevrey-Chambertin samedi 25 janvier.
Comme de nombreux autres participants, François Labet, co-président du BIVB, est arrivé avec un badge où l’on peut lire "Non à l’AOC Bourgogne en Beaujolais".
"Dans leurs discussions avec l’Inao, les vins de Bourgogne veulent une juste reconnaissance de leur histoire et de leur terroir. Les vins de Chablis, du Grand Auxerrois et du Châtillonnais doivent rester en AOC Bourgogne", conclut la profession.