Mercredi 9 juin, France 3 Bourgogne-Franche-Comté laisse place au débat entre les sept têtes de listes candidates aux élections régionales. Ce débat a été enregistré dans les conditions du direct, il sera diffusé à la TV à 21h05. En voici les temps forts.
A 11 jours du premier tour des élections régionales, les choses s’accélèrent dans cette campagne inédite, sans meetings. Un sondage exclusif Ipsos Sopra Steria réalisé pour France 3 Bourgogne-Franche-Comté indique que la liste RN de Julien Odoul arriverait en tête des intentions de vote au premier tour des élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté avec 28% d'intentions de vote. Marie-Guite Dufay (PS-PCF-PRG) et la liste conduite par Gilles Platret (LR-UDI-DLF) obtiendraient 21% des voix.
Au second tour, la présidente socialiste sortante Marie-Guite Dufay l'emporterait cependant, même en cas de quadrangulaire, mais avec seulement trois points d'avance sur le Rassemblement National (32% contre 29%), soit dans la marge d'erreur. Gilles Platret, maire LR de Chalon-sur-Saône, recueillerait 21%, et Denis Thuriot 18%. L'enquête d'opinion n'a pas recueilli les intentions de vote en cas de triangulaire. Lors des dernières régionales en 2015, l'extrême droite était arrivée en tête au premier tour, avec 31,48%, devant la droite (24%) et Marie-Guite Dufay (22,99%). Au second tour en 2015, la tête de liste socialiste l'avait emporté dans une triangulaire, avec seulement deux points d'avance sur l'extrême droite (34,68% contre 32,44%).
Les temps forts du débat
- Jeunesse et sécurité
Quelles mesures pour la jeunesse qui sort fragilisée de l’épidémie de covid, avec des interrogations sur l’avenir, et des difficultés financières pour beaucoup de jeunes ? Sur ce thème les propositions sont multiples, développer la formation professionnelle pour la présidente sortante Marie-Guite Dufay, créer un conseil régional des jeunes pour Gilles Platret, créer 6000 emplois jeunes et faire de la jeunesse la priorité de ce mandat pour Bastien Faudot, candidat de la gauche républicaine et socialiste. Pour le candidat du RN, Julien Odoul, soutenir la jeunesse c’est d’abord lui offrir la sécurité. “Je souhaite que la sécurité devienne une compétence régionale” lance le candidat.
Son programme pour la jeunesse vise large, un fond d’aide pour les victimes, et des critères d’aides conditionnées à la sécurité. “Il faut arrêter de verser de l’argent pour alimenter la délinquance”, le crédo de Julien Odoul. Pour l’écologiste Stéphanie Modde, si la jeunesse est en insécurité, c’est d’abord sur son avenir. D’où la nécessité d’aider l’ensemble des jeunes en milieu urbain comme rural.
- Aider les entreprises en difficulté
Lors du débat, les candidats ont abordé la question du soutien aux entreprises en difficulté, comme General Electric à Belfort ou la fonderie MBF Aluminium à Saint-Claude où 280 emplois sont menacés. Marie-Guite Dufay estime que c’est pleinement le rôle de la région d’aider au sauvetage de MBF. Un projet de scop avec les salariés est à l’étude. Aboutira-t-il ? “La perspective qu’il n’y ait pas de reprise de MBF, c’est la mort d’un territoire…. On sent que cette entreprise peut être une fonderie du futur, il y a des savoirs faire qui sont uniques” dit-elle d’où la recherche en cours d’investisseurs alors que la fonderie est en liquidation judiciaire depuis novembre 2020.
- Faut-il financer l’aéroport de Dole Tavaux ?
Mettre de l’argent pour que les habitants de Bourgogne-Franche-Comté puissent prendre l’avion et partir vers des destinations comme le Maroc, la Tunisie. Les écologistes n’y sont pas favorables. “Non à l’aide au low-cost, oui au tourisme local” estime Stéphanie Modde, EELV. Pour elle, “les gens prendront l’avion, mais au coût réel." Marie-Guite Dufay ne croit pas au modèle économique de l’aéroport, qui permet actuellement de partir vers des destinations soleil. “Il faut aussi faire venir des touristes du nord, vers notre région, nos vignobles” lance la présidente sortante. Gilles Platret estime que l’aéroport de Dole-Tavaux doit devenir un aéroport régional. Pour Julien Odoul, “l’aéroport est un trésor. C’est inadmissible qu’il n’ait pas été soutenu” selon lui. Région et département du Jura ne sont pas forcément sur la même longueur d’ondes sur la question du développement économique de Dole-Tavaux.
- Réchauffement climatique, stop ou encore aux éoliennes
Interrogés sur leurs propositions pour lutter contre le réchauffement climatique, et la quête de nouvelles énergies, le débat dérive très vite sur la question des éoliennes, un des thèmes de campagne du RN mais aussi de la droite qui n’y est pas favorable. “Sur les éoliennes, j’ai déjà dit oui, mais pas partout” rappelle Marie-Guite Dufay. Julien Odoul s’engage à un référendum sur la politique environnementale s’il est élu, avec un possible moratoire sur l'implantation des éoliennes, et pourquoi pas des démontages de certaines installations, suite à des recours. “Une question de volonté” dit-il. Pour Gilles Platret, l’éolien est une mauvaise énergie qui détruit les paysages. “Il suffit d'entretenir les centrales nucléaires en France” estime Gilles Platret. Les écologistes argumentent que l’éolien a sa place, mais que d’abord, il faut améliorer la rénovation énergétique pour réduire les besoins de consommation.
Quelles alliances en perspective du second tour ?
Alors que Julien Odoul et le RN sont donnés en tête des intentions de vote au premier tour selon le sondage réalisé par France 3, Gilles Platret qui arriverait ex-aequo avec Marie-Guite Dufay au premier tour, exclut toute alliance avec le parti de Marine Le Pen. “Jamais je ne travaillerai avec quelqu’un qui peut rire de la mort des agriculteurs” lance agacé le candidat de la droite. A gauche, le barrage au RN semble déjà en marche. Denis Thuriot, candidat de LREM estime qu’il “saura se montrer intelligent”, laissant entendre à demi-mot qu’il pourrait rejoindre Marie-Guite Dufay au second tour. Pour celle-ci, les choses sont claires. “Dans cette région, il n’y a que la gauche qui peut faire barrage au RN”. “Je suis prête à rassembler ma famille, ma famille est à gauche. Je souhaite la rassembler, avec les autres alliés, les écologistes…” conclut la présidente sortante donnée gagnante de 3 points au second tour dans notre sondage publié à 11 jours du premier tour.
Revoir le débat des élections régionales sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté
Sur le plateau de France 3 au Palais des Congrès de Beaune, le débat était animé par Elsa Bezin, France 3 Bourgogne et Jérémy Chevreuil, France 3 Franche-Comté. Que proposent les candidats pour les jeunes ? Comment comptent-ils créer des emplois dans la région ? Comment comptent-ils réagir et adapter la région face au réchauffement climatique ? Ce débat qui intervient alors que la campagne des régionales est marquée depuis plusieurs jours par de nombreuses révélations au sujet du candidat du Rassemblement National Julien Odoul. Le candidat fait l’unanimité contre lui au sein des élus RN de la région. Un enregistrement audio publié par le journal Libération révèle une conversation au cours de laquelle l’élu ironise sur le suicide des agriculteurs. Julien Odoul dément, estimant qu'on cherche à le "salir" alors qu'il est donné en tête au premier tour. L'ensemble des candidats aux élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté a condamné les propos de la tête du liste du RN.
Les invités du débat
- Marie-Guite Dufay (PS)
- Gilles Platret (LR)
- Julien Odoul (RN)
- Denis Thuriot (LREM)
- Bastien Faudot (GRS)
- Stéphanie Modde (EELV)
- Claire Rocher (LO)
Tout savoir sur les élections régionales
- En Bourgogne-Franche-Comté, les électeurs vont désigner 100 conseillers régionaux, élus pour 6 ans.
- Les principales compétences des régions sont la formation professionnelle et l'apprentissage, la construction, entretien, équipement et fonctionnement des lycées, les transports (transports express régionaux et scolaires), l'aménagement du territoire, le développement économique, la gestion des fonds européens et l'inventaire du patrimoine. La loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) du 7 août 2015 a complété les domaines de compentences des régions. Elles peuvent aussi intervenir en matière de sport, tourisme, culture, jeunesse, international, et numérique.
- Au premier tour, si une liste obtient la majorité absolue des suffrages exprimés (plus de 50 %), elle obtient le quart des sièges à pourvoir. Les autres sièges sont répartis à la représentation proportionnelle entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Si ce cap de la majorité des inscrits n’est pas franchi au premier tour, il est procédé à un second tour la semaine suivante. Les listes ayant obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés peuvent se maintenir au second tour, et éventuellement fusionner avec les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages.